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Antiracisme, censure et politique : les nouveaux staliniens

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Le 30 avril 2021 a été publié sur le site Marseille Info Autonome (MIA) un communiqué de victoire autoritaire(1). Le « collectif de modération actuel » y explique comment le site a été récemment expurgé de cinq articles publiés par plusieurs autres collectifs de modération de MIA au cours des dernières années. Il motive son choix car « il semble évident que les positions antiracialisatrices ne sont pas compatibles avec la charte du site ». C’est pourtant à l’appui de la même charte qu’ils avaient été publiés. Dans la foulée, un autre communiqué qui représente on ne sait qui cette fois, adoptant le même ton, est publié sur Indymedia Nantes(2), puis validé sans attente et sans possibilité de le commenter, pour « féliciter » MIA de cette purge « courageuse » et « pour avoir osé revendiquer le mot de censure » mais, aussi, pour déplorer son manque de radicalité. Malgré leurs efforts, les nouveaux propriétaires de MIA se retrouvent donc soupçonnés, malgré tout, de racisme, de sexisme et d’homophobie, leur purge étant considérée comme insuffisante par les « révolutionnaires attentifs ».

Au delà de cette divergence, les deux textes semblent trouver évident, non seulement que ne pas penser comme eux, c’est être raciste, mais aussi, et surtout, que lutter contre le racisme c’est seulement s’opposer aux critiques de la théorie des races. Pour la nouvelle équipe de MIA « lutter » contre le racisme, c’est donc « lutter » contre les « anti-racialisateurs » et non pas contre les racistes ni les « racialisateurs » qui pourtant pullulent actuellement avec des relais aussi divers et variés que Valeurs Actuelles, Alain de Benoist, Eric Zemmour, Freeze Corleone, Alain Soral, Dieudonné M’Bala M’Bala, le RN et l’État. « Lutter » étant là un bien grand mot puisqu’il s’agit de faire appuyer sur le bouton « delete » (voir le logo sur MIA) à des modérateurs de sites et de revendiquer une censure sur laquelle les deux textes semblent tomber d’accord ; les deuxièmes vont plus loin, déplorant de « ne pas disposer des moyens de pression étatiques [on parle bien de la Police et de la Justice] qui permettraient le déréférencement sur les moteurs de recherche les plus courants », ils affirment : « nous sommes désarmés ». À une époque où la « cancel culture » est un sujet de polémique télévisuelle en vogue et à toutes les sauces, il est tout de même incroyable que l’on trouve sur ces deux sites une telle caricature de défense de la censure : « Il faut tout de même féliciter le collectif MIA pour ce travail mais aussi pour avoir osé revendiquer le mot de censure ».

Mais dans quel monde est-il si « courageux » d’user et d’abuser ainsi de son pouvoir (obtenu Dieu sait comment) ?
Jusqu’où peut on aller lorsque l’on affirme avec tant d’opportunisme (celui de la bourgeoisie) que « tous les outils disponibles doivent être utilisés » ? Quelle est la limite à cette quasi-citation de Lénine ? Fallait-il bien écraser la révolte des marins de Krondstadt pour le « bien de la révolution » (en fait, du Parti) ?

Pour bien comprendre la situation, il faut rappeler qu’à Marseille a eu lieu en octobre 2016 une attaque du local Mille Bâbord et des personnes qui s’y trouvaient réunies lors d’une discussion organisée au sujet de la lecture politique en terme de races plus ou moins sociales selon les propositions, une lecture politique, qui, à cette époque, commençait tout juste à investir le champ des luttes contre les politiques migratoires, les frontières et le racisme. Il se savait déjà, alors, que des modérateurs et modératrices de MIA avaient reçu des pressions et des menaces très directes et très insistantes quant à la publication de textes relatant cette agression physique. La modération de MIA serait-elle donc désormais sous la tutelle de cette même petite équipe de « révolutionnaires » attentifs ensembles qui va maintenant jusqu’à promettre de leur fournir une liste noire de textes à purger pour se racheter sans doute de ne pas avoir été assez immédiatement obéissants ? Plusieurs aspects du communiqué publié sur Indymedia Nantes posent d’ailleurs question : si MIA a vraiment publié, comme il l’en accuse, en plus des cinq textes incriminés par l’accusation, « une douzaine d’articles racistes, sexistes et transphobes », pourquoi donc vouloir imposer un autre discours à des personnes qui se retrouvent considérées comme racistes, sexistes et transphobes ? Est-ce donc cela leur antiracisme : ré-éduquer les racistes ? Et ceux dans le collectif de modération de MIA en priorité ?

Serait-ce cette même équipe de « révolutionnaires attentifs » qui adore faire des listes (une tradition bien française) qui, toujours sur Indymedia Nantes il y a quelques années, se mettait en scène sur des photos avec des couteaux dans leur squat de Marseille menaçant d’égorger (oui) tout anarchiste ou communiste qui refuserait d’adopter sur le champ la ligne politique qu’ils venaient d’adopter eux mêmes (puisqu’elle venait d’être lancée sur le marché de la subversion). Aujourd’hui, il n’y a plus grand monde pour faire respecter sous la menace et à coup de fouet la ligne du PIR aux militants anti-autoritaires. Qui sont donc ces « révolutionnaires attentifs » qui espèrent continuer ainsi à semer la terreur idéologique ?

Nous appelons toutes les personnes qui ne veulent pas se laisser mener en bateau par des réformistes à la verve systématiquement menaçante et ultra-radicale (et pas si désarmée que ça), à être lucides sur la situation et à refuser ces nouvelles formes d’autoritarisme qui semblent, pour beaucoup, difficiles à identifier comme telles, alors même qu’elle affichent ouvertement leurs méthodes, osant même revendiquer d’imposer la censure sur listes.
Peut être qu’après le ménage effectué par ces personnes il ne restera « sur nos sites » que des communiqués de soutien à l’UNEF, la défense par l’UCL du SO de la CGT (dont les membres ne sont assurément ni racistes, ni sexistes, ni transphobes, on imagine...), des quartiers sans relous (QSR) de Marlène Schiappa, des communiqués de la mairie de Paris qui s’attaquent aux jeunes immigrés sous couvert d’anti-sexisme ou des textes issus d’une gauche qui appelle à la tolérance des violences conjugales lorsqu’elles se déroulent au sein d’une communauté opprimée.

Vous n’êtes pas antiracistes, vous êtes des politiciens.

De toute époque, de toute tendance, contre le triomphe et ses triomphateurs.
Contre toute autorité, vive la vie et mort aux pouvoirs !

Le 2 mai 2021,
Des révolutionnaires inquiets.

(1). https://mars-infos.org/pourquoi-nous-avons-depublie-les-5589
(2). https://nantes.indymedia.org/articles/55605

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