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Un général breton chez le Calife

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Lu sur Kedistan.net

Par Daniel Fleury

Le général breton Le Drian, enfin, le ministre de la guerre de france, réellement président de la région Bretagne, a rendu visite pas plus tard qu’avant hier à Erdogan. Il a fait quelques déclarations dans le genre : 

« La partie française s’est félicitée de l’efficace coopération entretenue entre la Turquie et la France sur les combattants étrangers. »

« Daech est notre ennemi commun, nous le combattons par d’intenses moyens militaires. »

« La Turquie et la France sont d’accord sur tous les points de discussions. » 

La momie bretonne est peu bavarde, mais a pourtant rencontré aussi le Premier ministre Ahmet Davutoglu, les ministres de la Défense Ismet Yilmaz et des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, ainsi que le chef d’état-major de l’armée turque, le général Hulusi Akar.

Mine de rien, ça fait du monde. Il devrait donc tout connaître des opérations de l’armée turque, membre de l’Otan, qui continue ses « entraînements » anti terroristes dans l’Est du Pays. Le nombre de civils tués est là pour montrer leur efficacité, et le ministre français a dû s’empresser d’en féliciter ses hôtes, n’en doutons pas, avant d’en rendre compte à son retour au chef des armées, entre deux dépôts de gerbes.

Il y a donc de bonnes nouvelles, en ce mois de janvier ?

Erdogan a confirmé sa participation à la « coalition islamique », ce qui a aussi rassuré la France, puisque son principal client en matière d’achat de rafales en a pris la tête. Enfin, façon de parler, après les exécutions de 47 opposants.

Juste pile poil au moment où ça se fâche entre barbus, hache contre corde, savoir que l’ami Erdogan est du côté de ses clients, ça rassure sans doute. Gageons que le Drian avait aussi fait le voyage pour ça.

Un autre sujet a été débattu, celui de l’étanchéité des frontières, notamment côté Gaziantep. La France a une insistance particulière là dessus, non pas qu’elle redoute de retrouver le coton de Daech dans ses T-shirts « je suis Paris », mais parce qu’il s’agit à la fois d’un point de passage de réfugiés syriens et de futurs déchus du Djihad. Il est fort à parier qu’Erdogan a remis sur la table l’idée de la « zone tampon » , toujours pas concrétisée et restant un point de débat avec ses « alliés » qui se méfient quand même un peu de ses ambitions territoriales et de son envie d’en découdre ensuite avec le Rojava… Rappelons quand même que l’Otan a donné un feu vert en juin 2015.

Ainsi vont les petits arrangements entre amis, la tête de côté pour ne surtout pas voir les massacres qui se poursuivent au Kurdistan turc, les oreilles bouchées pour préserver les tympans à la fois des déflagrations d’obus de char, et des cris des manifestants pour la paix qui se font gazer.

Certains pourront s’étonner qu’un élu qui tient tant à la présidence de sa région, comme Breton, s’intéresse si peu aux revendications d’autonomie régionale, lorsqu’elles s’expriment ailleurs. Mais j’oubliais… ils étaient « en accord sur tout, y compris le terrorisme ».

Je sais qu’en Bretagne, des associations Kurdes tentent de briser le mur du silence sur les massacres à caractère génocidaire d’Erdogan. Peut être ont-ils là, avec la visite « amicale » du président de leur région en Turquie, l’occasion de demander des comptes…

Mais, de façon générale, s’interroger sur les conséquences à très court terme de ces « alliances », surtout dans le contexte de l’opposition renforcée Iran/Golfe qui ne manquera pas d’avoir des conséquences dans toute la région, est devenu plus qu’urgent.

Cesser de répandre ici l’idée que tout cela se résume en guéguerres entre bons et méchants, où les Kurdes seraient des bons ici, des méchants là, Poutine par ci, Bachar par là… serait déjà salutaire.

La guerre dans tout le Moyen Orient est une belle saloperie, Daech ou pas. Toutes les boîtes de Pandore ouvertes où chaque intérêt impérialiste ou régional puise ses alliances d’hier et de demain jouent contre les populations de la région.

Il y a autant d’urgence aujourd’hui à faire cesser la guerre à l’Est de la Turquie qu’à soutenir en armes le Rojava contre Daech. Et pour les contrées européennes, cela passe aussi, en plus d’une solidarité humaniste indispensable, par une adresse incessante en direction des gouvernements qui ne cessent de verser l’huile ou de soutenir ceux qui allument les feux.

Daniel Fleury
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