BOURRASQUE-INFO.ORG

Site collaboratif d’informations locales - Brest et alentours

Violences policières : un témoignage sur la nuit du 15 au 16 avril

|

Alors qu’une saisine collective contre la brutalité de la police du printemps 2016 a été déposée auprès du défenseur des droits, voici un nouveau témoignage très détaillé - rédigé le 18 juillet - d’un étudiant sur des pratiques policières manifestement courantes...
La date du procès en appel n’est pas encore connue.
Les intertitres et liens profonds ont été ajoutés par Paris Luttes Info.

Alors qu’une saisine collective contre la brutalité de la police du printemps 2016 a été déposée auprès du défenseur des droits, voici un nouveau témoignage très détaillé - rédigé le 18 juillet - d’un étudiant sur des pratiques policières manifestement courantes...
La date du procès en appel n’est pas encore connue.

Les intertitres et liens profonds ont été ajoutés par Paris Luttes Info.

Moi, Lluc Valverde i Ros, étudiant de 19 ans en études théâtrales à la Sorbonne nouvelle de Paris, je vais raconter ce qu’il m’est arrivé dans la nuit du 15 au 16 avril 2016 et ce qu’il s’ensuivit.
J’ai fini le service au bar dans lequel je travaille vers 2h20 du matin et je me suis dirigé vers la place de la République. Quand je suis arrivé à l’entrée de la rue du Temple, j’ai pu constater que la police était en train de déloger les occupants de la place, et que cela avait débouché sur des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre.

Une arrestation ultra musclée, ciblée et préméditée ?

J’ai vu que les policiers lançaient des bombes lacrymogènes sur la zone où se trouvaient les manifestants et j’ai contourné la place. Juste à côté de moi, rue du Temple, se trouvait l’endroit où les affrontements directs entre les manifestants et la police avaient lieu. Je suis resté quelques secondes à cet endroit et j’ai décidé de prendre quelques photos de ce qu’il était en train de se passer rue du Temple.
Je me suis mis sur le trottoir du début de la Rue du Temple et j’ai commencé à prendre des photos avec mon téléphone portable. À un moment donné j’ai remarqué qu’il y avait un laser qui me pointait, situé rue Bérenger, où il y avait tout un groupe de policiers dans la pénombre. Je ne comprenais pas pourquoi ce laser me pointait et j’ai paniqué. Je me suis retourné pour voir s’il y avait des gens autour de moi, et quand je me suis tourné vers la police, j’ai vu des individus qui sortaient de la rue Bérenger et qui couraient vers moi en criant « C’est la merde, c’est la merde » comme s’ils étaient des manifestants. Je n’ai pas eu le temps de réagir, ils ont fait soudain un bond en se jetant sur moi et en m’attrapant par le cou. J’ai eu néanmoins le temps de m’accrocher par pur effroi à un poteau qui se trouvait à côté de moi.

Ceci n’est pas une bavure, mais des pratiques systématiques...

Ils m’ont fait tomber par terre et ils ont commencé à me donner des coups de poing et des coups de pied. C’est à ce moment-là que ma main a été cassée. Ils ont réussi au bout de quelques secondes à me décrocher. Un des membres de ce que j’avais reconnu comme la police en civil m’a pris par le col de ma veste en m’étranglant et m’a traîné sur les bris des bouteilles cassées jusqu’à la rue Bérenger, de l’autre côté du cordon policier. Ils m’ont mis au sol où cinq ou six policiers m’ont battu. J’ai reçu notamment des coups de botte dans la figure et des coups de matraque sur les côtes. Au bout d’une dizaine de secondes, on m’a encore pris par le col de la veste et traîné un peu plus loin. J’étouffais tellement que j’ai failli perdre connaissance. Un autre policier s’est mis devant moi et a commencé à hurler « Debout fils de pute ! » et à me donner des coups de pied. Finalement celui qui me portait s’est arrêté et j’ai pu me relever. Un membre de la police en civil m’a pris par la gorge et m’a collé au mur. Quand l’oxygène a commencé à entrer à nouveau dans mon cerveau j’ai compris qu’ils attendaient pour m’amener au camion. Une membre des CRS me criait « C’est bien fait pour toi ! ». Je lui ai dit qu’elle n’avait pas le droit de me dire cela. Elle a dit « Ta gueule, connard » et m’a donné un coup de poing sur la figure. Au bout de quelques secondes ils m’ont pris par les jambes et par le bras, le visage vers le sol, et m’ont amené vers le camion. L’un d’eux me donnait des coups de botte sur les côtes malgré le fait que j’étais complètement immobilisé. Ils m’ont déposé devant le camion. Ils m’ont fouillé. Ils ont trouvé des tracts pour la libération de deux étudiants de Paris 3 qui s’étaient fait arrêter la veille. Ils me les ont confisqué et je ne les ai jamais retrouvés. Ensuite, ils m’ont pris en photo en me disant « Souris » et ils m’ont mis les menottes. Un membre de la police - en civil - m’a amené à l’intérieur du camion, a fermé la porte et m’a donné deux coups de poing. Après il m’a laissé tout seul. Les menottes étaient extrêmement serrées et, vu que mon pouce était cassé, ma main commençait à gonfler et cela serrait de plus en plus. Comme la douleur devenait insupportable, j’ai forcé ma main et au bout de quelques minutes j’ai réussi à la retirer de l’intérieur des menottes. Quand l’autre membre en civil est venu déposer une deuxième personne arrêtée, il a vu que j’avais retiré ma main. Il m’a pris, m’a cogné contre le mur et m’a donné quelques coups de poing en m’appelant « Fils de pute ». Ensuite, il m’a remis des menottes et il les a serrées encore plus. Nous sommes restés une trentaine de minutes dans le camion et après ils nous ont amenés au commissariat.
Là-bas, ils m’ont fait signer mon entrée en garde à vue et ils m’ont dit de quoi ils m’accusaient : jet de projectiles et rébellion. Un peu plus tard, c’est le même membre de la police en civil qui m’a étranglé et qui m’a frappé dans le camion qui m’a obligé à me déshabiller pour la fouille. Quand il a vu que j’avais la main cassée il m’a dit « Si tu t’étais pas accroché au poteau, on n’aurait pas été obligés à te faire ça ». Ils ont cru adéquat de m’amener à l’hôpital. Les pompiers sont venus me chercher quelques dizaines de minutes plus tard. Un d’entre eux m’a dit « Tu vas pas te mettre à chialer, on a vu pire ».

Lire la suite sur Paris-luttes.info

proposer complement

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur bourrasque-info.org ?

bourrasque-info.org est ouvert à la publication. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment y accéder et procéder !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact bourrasque-info chez protonmail.com