Sommaire
La guerre des chiffres !
Comme à l’accoutumée lors des manifestations les chiffres varient énormément, nous ne polémiquerons pas sur si nous étions 125, 150 ou 175. En revanche nous retiendrons que si nous n’avons eu que quelques jours pour préparer notre contre-rassemblement, l’extrême droite elle, dont la manifestation était prévue depuis plusieurs semaines, a peiné à réunir à peine plus de militants, pourtant venus de toute la Bretagne et même de Paris, un comble pour une manifestation à la revendication très locale !
Pourquoi se masquer ?
De nombreux médias, particulièrement ceux affiliés à l’extrême droite, insistent sur le fait que de nombreuses personnes manifestaient masquées. Christine Tassin (Résistance Républicaine) a notamment déclaré sur France 3 "je trouve assez intéressant de voir en face de nous des gens qui sont recouverts de cagoules, qui ont des lunettes, ils ont honte, ils ont peur de ce qu’ils sont". Nous ne nous masquons pas par honte, mais pour nous protéger contre la répression politique, car à l’heure des lois sur le renseignement, il est devenu impossible de manifester sans risquer d’être fiché par la police, particulièrement dans ce genre de rassemblement où des policiers en civil sont très présents et prennent énormément de photos.
Mais le fichage n’est pas le seul fait de la police : quelques jours avant la manifestation, l’organisation ADSAV avait appelé à infiltrer le contre-rassemblement, et le site Breizh-Atao à "faire la liste des traîtres pro-islamistes", déclaration rapidement suivie d’actes. Dès samedi après-midi, des photos de militants ont été publiées sur le site breizh-atao, appelant à les "traiter politiquement", menace à peine voilée d’agression physique.
Se masquer devient nécessaire afin de se protéger d’éventuelles représailles et de pouvoir continuer à résister dans la durée et agir ailleurs, dans des luttes populaires, dans la vie associative ou simplement dans notre quartier à visage découvert.
Nous ne sommes pas "pro islamistes" !
Il semble apparemment nécessaire de rappeler que nous n’étions pas là samedi pour "apporter [notre] soutien" à l’imam de Pontanézen, comme nous avons pu le lire sur de nombreux médias d’extrême droite ou l’entendre dans les insultes qui nous étaient adressées. Nous ne nous reconnaissons évidemment pas dans ses propos ahurissants concernant la musique ou dans sa vision essentialiste [1] des femmes, qui rejoint en de nombreux points celle que peut développer ADSAV dans son programme politique : anti-avortement, anti-mariage homosexuel...
Nous nous positionnons en revanche aujourd’hui et à jamais du côté des opprimé-es : quand une clique de républicain-es bourgeois-es laïcard-es (Riposte Laïque, Résistance Républicaine) épaulée d’un groupuscule nationaliste (ADSAV) tente, une fois de plus, de stigmatiser une minorité culturelle ainsi qu’un quartier populaire, nous n’hésitons pas à leur faire face. C’est ce qui s’est joué le samedi 10 octobre à Brest, rien d’autre.
S’ils s’inquiètent réellement de l’oppression que peuvent subir les femmes musulmanes par le port du voile, pourquoi ne vont-ils pas dans ces quartiers écouter ce qu’elles ont à dire, recueillir une parole si peu présente dans la rue, dans les médias ? Ils ne le font pas car pour eux la question n’est pas là, leur seul problème est la défense de "leur" culture, de "leur" religion, face à une culture et une religion qui leur semble menaçante.
La question du féminisme
Nous avons vu éclore sur des sites d’information d’extrême droite - notamment breizh-info, dont nous connaissons bien les fourberies confusionnistes - d’aberrantes proses concernant la position des féministes quant aux propos de l’imam, certains questionnant même leur place dans le contre-rassemblement.
Soyons claires, la lutte antifasciste est indissociable des luttes féministes.
Nous luttons contre les dominations, qu’elles soient racistes ou patriarcales, contre l’hégémonie de l’homme blanc, modèle dominant dans notre société.
Les propos de ces groupes d’extrême droite sont tout simplement insensés et révèlent une méconnaissance profonde de ce qu’est le féminisme : une lutte de libération par et pour toutes les personnes oppressées par le système patriarcal, qui prend en compte les dominations croisées à l’œuvre dans la société. Cette lutte est intersectionnelle [2] et solidaire. Il est hors de question d’écraser d’autres groupes oppressés en prétendant se libérer. Tant que nous ne sommes pas tou-te-s libres, personne n’est libre. Aussi, il est hors de question de rentrer dans le jeu de l’instrumentalisation du féminisme à des fins racistes.
Encore une fois l’extrême droite se vautre dans ses habituelles confusions idéologiques et intimidations pour tenter de s’imposer, incapable elle-même de se rappeler des buts de son rassemblement, nombre des manifestants auront passé le plus clair de leur temps à nous provoquer, dans une confrontation complètement illisible pour la plupart des passant.e.s ...
Des participant-es à la contre-manifestation antifasciste du 10 octobre
complements article
proposer complement