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Extrême-droite en tribune : qu’en est-il vraiment à Brest ?

Ces derniers temps à Brest, des informations sur la proximité entre certaines franges des tribunes brestoises et l’extrême-droite ont circulé. Parfois peu claires, elles ont pu créer de la confusion et alimenter des fantasmes. Nous voulons éclaircir la situation et apporter notre analyse.

Ces derniers mois ont été l’occasion pour beaucoup de brestois de découvrir que des groupes fascistes violents sévissaient en ville. Une découverte accompagnée d’une autre : parmi ces groupes, beaucoup d’individus seraient liés de près ou de loin au milieu ultra du stade Brestois. Les informations disponibles, vagues, parfois déformées, ont pu créer de la confusion et des amalgames. Nous, brestoises et brestois engagés dans la lutte contre le fascisme, voulons par ce communiqué expliquer de manière claire la situation, dissiper les malentendus, et clarifier notre position vis à vis des groupes de supporters.

Les deux principaux groupes ultras (Celtic Ultras & Ultras Brestois), présents en tribune Quimper, suivent depuis longtemps une ligne apolitique. Ils affichent les couleurs de notre ville et accueillent en leur sein toute personne souhaitant s’impliquer dans les activités qu’ils proposent. Le foot et le Stade Brestois sont les lignes directrices qui motivent leurs actions. Dans une ville plutôt marquée à gauche avec un fort passé ouvrier, on pourrait déplorer l’absence de bases politiques minimales au seins des groupes ultras (antiracisme, soutien au mouvement social, références historiques aux luttes ouvrières de la ville...) mais nous y reviendrons.

Depuis quelques temps, la tribune Quimper a dû faire face à l’émergence en son sein d’un petit groupe d’une trentaines de personnes se faisant appeler Section West. D’abord active chez les CU, la Section West prendra vite son indépendance suite aux événements de la RN12 avec les Lensois. Ce groupe, plutôt porté sur le hooliganisme, ne cache pas ses idées d’extrême-droite. Dans l’enceinte du stade la Section West est pour l’instant discrète, se contentant de quelques stickers, de bâches hommage et d’une bonne entente relative avec les directions CU et UB. Cependant ne nous y trompons pas, nous faisons bien face à une montée en puissance de l’extrême-droite au stade et elle ne doit pas être ignorée. Si nous faisons l’autruche, nous laissons le champ libre à ces groupes plus intéressés par la politique que par le foot, de s’implanter en tribunes, avec les effets sur le long terme qu’on connaît. Par exemple, les tribunes rennaises et guingampaises, un temps considérées anti-racistes, sont aujourd’hui de plus en plus noyautées par des groupes qui affichent clairement leurs idées réactionnaires au stade.

Nous savons désormais que la Section West est impliquée dans l’attaque récente du Café de la Plage, un bar qui se revendique clairement antifasciste. De plus, on retrouve souvent en tribune aux côtés de la SW quelques têtes bien connues du groupuscule mis en cause dans plusieurs agressions racistes, homophobes et politiques cet été.

Toutefois, il nous parait important de préciser que des supporters CU ou UB, bien qu’étant extérieurs à la SW, ont aussi pu être identifiés à plusieurs occasions : lors de l’attaque du Café de Plage ou en présence de la bande responsable des agressions de cet été. Ces faits laissent donc penser que des porosités entre l’extrême droite et le milieu du stade existent bel et bien et ne seraient pas exclusives à la Section West.

La stratégie des militants d’extrême-droite est claire : le stade est pour eux un espace à conquérir, et ils tentent de se servir de la mouvance ultra comme d’un vivier de recrutement. Ceux qui sont tentés par le hooliganisme et les idées fascisantes peuvent, à l’extérieur du stade, coller des stickers nazis, provoquer, commettre des agressions mais une fois en tribune se réfugier derrière un apolitisme de façade. Ils espèrent ainsi que les antifascistes ne fassent plus la différence entre les fachos qui fréquentent les tribunes, et les ultras. Mais nous ne leur ferons pas le plaisir de commettre cette erreur.

Il est clair pour nous, antifascistes, que les CU et les UB ne sont pas nos ennemis. Certains camarades brestois vont au stade et s’arrachent la voix en RDK avec plaisir à leur cotés. Il nous semble même que nous avons en tribunes plus d’alliés que nous ne pourrions le croire.

Par ailleurs, nous avons forcément une sympathie pour ces groupes qui comme nous subissent souvent de plein fouet l’arbitraire et la violence de la répression, par l’état et la ligue. Avec l’attaque du Café de la Plage, le sous-préfet est ravi d’avoir un nouveau prétexte pour jeter l’opprobre sur les groupes de supporters en général. Nous ne marcherons pas dans ses pas. Nous savons faire la différence entre nos amis et nos ennemis, entre ceux qui célèbrent librement malgré la pression et ceux qui veulent imposer leur racisme partout.

C’est pourquoi nous appelons les groupes ultras à ne pas couvrir les fascistes et à faire le ménage tant qu’ils le peuvent. Car la frontière entre tolérance et complicité est fine et elle peut céder d’un jour à l’autre. Pour nous, l’apolitisme de rigueur (s’il y en a un) en tribune est celui qui permet d’accueillir tout le monde, c’est à dire celui qui est minimalement anti-raciste.

Il ne faut pas se leurrer : si rien n’est fait, dans quelques années l’apolitisme de la tribune Quimper ne sera qu’un lointain souvenir. Et si les fachos s’implantent pour de bon, tout le monde en ressortira perdant.

GARBA (Groupe Antifasciste Révolutionnaire Brest et Alentours)
garba29 chez systemli.org

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