Mardi 2 juin, la presse annonce des « violences » dans la cité de La Bourgogne à Tourcoing, ville de la banlieue lilloise. Selon l’article du Monde du 7 juin, « tout a commencé dans la nuit du dimanche 31 au lundi 1er juin : une Peugeot 106 grille plusieurs feux rouges, la police nationale tente de les interpeller, le conducteur refuse de s’arrêter et la voiture termine sa course dans un arbre, au détour d’un virage. À son bord trois jeunes. Le passager à l’avant, Pierre-Eliott Zighem, 18 ans, meurt dans l’accident. Le conducteur est dans le coma. Le troisième est blessé à la jambe » [1]. Dès l’annonce de la mort de Pierre-Eliott Zighem et des blessures graves de ses deux amis, les familles et les habitants du quartier de la Bourgogne ont du mal à croire la version officielle diffusée par les services de police et le procureur de la République.
« Mais qu’est-ce qu’on a fait ? »
Mercredi 3 juin, à l’issue d’une marche silencieuse organisée par les jeunes du quartier et Farid Zighem, le père de Pierre-Eliott, ce dernier déclare devant l’Hôtel de Ville : « L’unité est importante dans ces moments difficiles. À ce jour, on ne sait pas ce qui s’est passé lundi soir. Il y a une chape de plomb sur cette affaire. La révolte dans les quartiers est la suite logique car nous n’avons aucune information. Je n’ai rien contre la police nationale, mais la poursuite de lundi a engendré la perte d’une vie. Je veux que toute la lumière soit faite sur cette affaire. C’est pourquoi j’ai décidé de déposer plainte auprès du procureur de la République. »
Comme dans beaucoup d’autres cas où des jeunes habitants des quartiers populaires meurent, dans des conditions douteuses, suite à une altercation ou une course-poursuite avec les forces de police, les familles et les habitants demandent la vérité et la justice. D’après un habitant du quartier, « les policiers ont donné des coup de pare-chocs qui ont envoyé la voiture dans l’arbre. » Cette version est partagée par de nombreux habitants de La Bourgogne qui connaissent bien la route où s’est produit l’accident. Pourtant, lors d’une conférence de presse le jeudi 4 juin, le procureur de Lille s’empressent d’affirmer que les policiers n’étaient « en rien impliqués » [2]. Selon les autorités, les fonctionnaires auraient bien entamé une poursuite, mais auraient ralenti en raison d’une route dangereuse. Après avoir perdu de vue quelques instants la voiture, ils auraient alors découvert cette dernière accidentée contre un arbre. Le député-maire, Gérard Darmanin (UMP/Les Républicains), affirme le lendemain que « la justice a donné la lumière sur ce drame. » Autrement dit, la justice a été rendue sans aucune instruction judiciaire...
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