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Stonewall n’était PAS une soirée mousse !

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Texte distribué et lu par un collectif anonyme lors des prises de paroles de la Pride la plus à l’Ouest, samedi 19 mai à Brest.

Nous sommes des personnes féministes aux identités diverses, des transpédégouines, des bi.e.s, des asexuel.le.s, des queers et d’autres tordu-e-s en tous genres.

Jeudi, le 17 mai, c’était la Journée Internationale contre l’homophobie, la transphobie, la lesbophobie et la biphobie (IDAHLBOT)
Le 22e rapport annuel de l’association SOS Homophobie, publié ce mardi, montre une hausse de près de 5 % des actes homophobes et 15 % d’agressions physiques. Les personnes transgenres sont particulièrement concernées cette année avec une augmentation de 56 % des violences transphobes.
Ces agressions touchent encore plus les personnes LGBTQI+ racisées. Tout ceci nous rappelle que la lutte contre les LGBTQI+phobies est encore plus que nécessaire.

Aujourd’hui,nous somme heureus-e-s de participer à la pride brestoise et de fêter la 1re croisière des fiertés. Nous sommes fier-e-s de nos identités et nous avons envie de les fêter, mais nous sommes aussi là pour dénoncer l’instrumentalisation de nos combats tout en soutenant les personnes, les collectifs et notamment l’association Divers Genres qui, à travers l’organisation de cet évènement porte des luttes et des existences souvent invisibilisées. La Fête oui mais la lutte aussi !

Ainsi, il nous parait important aujourd’hui de revenir sur les origines des prides. Dans les années 1960 à New-York, il est interdit de servir de l’alcool aux homosexuel.le.s, de danser entre hommes ou de porter des vêtements du « sexe opposé ». Les descentes de police dans les établissements fréquentés par des personnes queer sont nombreuses, généralement accompagnées de contrôles d’identité, de rafles, de violences physiques et/ou sexuelles. À Greenwich Village, quartier accueillant une large population homosexuelle, le Stonewall Inn est un bar tenu par la mafia, laquelle voit dans le public gay un filon rentable. Il est notamment fréquenté par celles et ceux qui ne rentrent nulle part ailleurs : drag queens, hommes efféminés, femmes trans, personnes racisées, jeunes, pauvres, travailleur/euses du sexe. Le 28 juin 1969, des policiers en civil font leur entrée dans le bar. Ils laissent partir une bonne partie de la clientèle et retiennent celles/ceux qui n’ont pas de papiers d’identité ou qui portent des vêtements assignés au genre opposé selon la police. Face aux brutalités policières, des affrontements éclatent devant le bar, contraignant la police à s’y réfugier, bientôt assaillie par de nombreux/ses gays, lesbiennes, trans, ainsi que par des voisin.e.s. L’émeute dure plusieurs heures, opposant jusqu’à 2000 personnes face à 400 policiers. Les jours suivants, la foule continue à s’amasser devant le Stonewall Inn et les affrontements avec les forces de l’ordre continuent. Ces événements sont devenus un symbole des luttes d’émancipation gay et trans, et sont souvent présentés comme le déclencheur des mouvements de libération LGBT qui ont fleuri au cours des années suivantes dans divers pays occidentaux. En juillet 1969, soit quelques semaines après Stonewall, est crée le Gay Liberation Front (Front de Libération Gay) à New-York. Le 28 juin 1970, les premières Gayprides sont organisées à New-York et Los Angeles, commémorant l’anniversaire des émeutes de Stonewall.
En 1969 à Greenwich Village, lors des 4 nuits consécutives de soulèvement contre les violences policières qui ont donné naissance au mouvement de libération gay, ce sont des drag queens afro-américain.e.s et latinas qui ont tenu les premières lignes. Alors ? Est-ce que Stonewall était une insurrection gay ou bien une insurrection trans ? A la question « Est-ce que vous luttiez contre les violences policières ? Est-ce que vous vous battiez contre le racisme ? Ou pour votre droit à être gay ? Avez-vous riposté parce que la majorité des drag queens ne pouvaient pas présenter l’ordre d’incorporation dans l’armée que les agents du gouvernement réclamaient cette nuit-là ? Ou parce que tant d’entre vous étaient sans logement, crevaient de faim et étaient en danger dans les rues ? » Sylvia Rivera, drag queen, portoricaine, et combattante de Stonewall répond d’un ton calme et solennel :
« nous nous battions pour nos vies. »

Les Marches des Fiertés aujourd’hui, c’est quoi ?
des dizaines de chars et de ballons publicitaires, des enceintes qui crachent de la musique commerciale, une foule aseptisée, des corps et des rapports normés...
Aujourd’hui, les Pride sont devenues le rendez-vous incontournable de la communauté LGBTQI+ mainstream. Le fashion dégouline par tous les pores, les slogans commerciaux ont remplacé les banderoles et pancartes subversives. Où est donc passée notre révolte ?
Nous sommes des Meufs, des Trans, Pédé, Gouines fièr-e-s, et nous entendons bien ne pas nous laisser gouverner par des principes moraux hérités d’un judéo-christianisme qui nous rejette tou-te-s.
Parce qu’il existe des modes de vie alternatifs transpédégouine, des collectifs, des squats, des émeutier-es. Parce que nous luttons contre le cliché hétéronormé du couple, parce que nous baisons avec qui nous voulons, quand nous voulons, sans éprouver le besoin de rendre des comptes. Parce que nous ne cherchons pas à nous intégrer à une société, qui de toute façon trouvera toujours une occasion de nous cracher à la gueule, mais à détruire un mode de vie ultra consumériste et patriarcal, qui nous écrase chaque jour.
Nous ne pouvons combattre les LGBTQI+phobies sans combattre les discours, les idées réactionnaires, peu importe qu’elles viennent de droite ou de « gauche ». Au sein même des communautés LGBTQI+, ces idées sont présentes. Nous dénonçons les discours sécuritaires, nationalistes, racistes, sérophobes, islamophobes, putophobes et sexistes, de plus en plus présent dans la communauté LGBTQI+ et à l’intérieur même de certaines associations .
Nous ne sommes pas uniquement des personnes gays, lesbiennes, bi.e.s ou trans. Il y a parmi nous beaucoup de personnes de nationalités opprimées, des personnes vivant avec le sida, des femmes, des jeunes, des aîné-e-s, des personnes sans-emploi, sans logement, des sourd-e-s, des personnes handicapé-e-s, des prisonnier-e-s, des personnes dépendant des allocations, des minimas sociaux.
Nous dénonçons la politique raciste, sexiste, antisociale et LGBTQI+-phobe du mouvement « En Marche ! ». La présence d’un cortège « LGBT en Marche » au sein des Pride est une honte.
En Marche ne combat pas le racisme, il le renforce et déshumanise chaque jour un peu plus les migrant-es. En Marche ne combat pas les LGBTQI-phobies, il les cautionne en recyclant des opposant-es aux droits des LGBTQI+.
En Marche ne garantira pas l’égalité, il aggravera les inégalités par une politique ruinant tous les droits.
En Marche n’a donc rien à faire ici !
De même le FLAG, association de policiers et gendarmes LGBT n’a rien à faire dans nos luttes.
Il est pour nous inconcevable de partager des moments de lutte avec des personnes qui arrêtent, expulsent, mutilent, tuent, nos compagnon-ne-s de lutte.

  • Quand nos luttes sont réduites au droit de se marier
  • Quand on entend « sale gouine » dans le métro ou que la fétichisation des lesbiennes légitime des violences quotidiennes
  • Quand nos collègues nous proposent un plan à trois parce qu’on est biE
  • Quand on se fait casser la gueule dans la rue
  • Quand on entend « tu crois que c’est un homme ou une femme ? »
  • Quand même nos proches n’acceptent pas nos identités
  • Quand les professionnel-le-s de santé stigmatisent et discriminent nos identités et nos sexualités
  • Quand ils/elles refusent de nous soigner parce qu’on est séropo
  • Quand notre identité est considérée comme une mode ou une passade
  • Quand nos propres communautés nous stigmatisent parce que nous ne renvoyons pas la bonne image (« grosse », « folle », « tox », « salope », etc)
  • Quand certain-e-s « camarades » pensent encore qu’« enculés » et « fils de pute » sont des insultes
  • Quand on nous force à être stérilisé-e-s, psychiatrisé-e-s et qu’on refuse de conserver nos gamètes parce qu’on est trans
  • Quand la nouvelle loi sur le changement de prénom expose encore les personnes trans à de la médicalisation et à être évalué-e-s au cas par cas selon des normes hétéropatriarcales
  • Quand le changement d’état civil reste difficile, violent et coûteux
  • Quand on est une meuf trans incarcérée dans une prison pour mecs
  • Quand on nous impose des mutilations génitales et hormonales à répétition dès notre plus jeune âge parce qu’on est intersexe
  • Quand on nous refuse la parentalité, ou qu’on nous oblige à nous marier pour y accéder
  • Quand même le choix de se reproduire (ou pas !) et comment, ne nous appartient pas
  • Quand on doit taire et cacher nos identités pour trouver du travail et espérer le garder
  • Quand les injonctions à la binarité de genre rendent impossible l’expression de nos identités
  • Quand l’État français nous refuse l’asile alors qu’on risque la mort dans notre pays de naissance
  • Quand la police et la justice d’Etat répriment nos luttes et nous criminalisent
  • Quand certains Etats instrumentalisent nos luttes afin de justifier leurs politiques colonialistes et racistes
  • Quand on nous demande si on est « clean »
  • Quand, pour pouvoir donner notre sang comme les autres, on nous impose l’abstinence pendant douze mois

En plus des LGBTI-phobies, beaucoup d’entre nous subissent d’autres oppressions : racisme, sexisme, validisme, antisémitisme, islamophobie, sérophobie...

Ces violences nous tuent !

Nous exigeons l’ouverture des frontières, la régularisation des sans-papiers, un accueil digne et humain pour les migrant-es, parmi lesquel-les les demandeur-ses d’asile LGBTIQIA+, l’arrêt des politiques libérales de précarisation de nos vies, l’acces à la PMA pour tou-te-s, des moyens concrets et d’ampleur contre l’épidémie du sida, la révocation des lois contre les travailleurSEs du sexe, l’abrogation de la mention de genre à l’état-civil, l’arrêt des mutilations sur les personnes intersexes, la fin des hospitalisations psychiatriques forcées, l’abolition des prisons,le désarmement de la police et la fin des violences policières.

Aujourd’hui, nous voudrions apporter toute notre rage et notre soutien à :

toutes les personnes intersexes mutilé-e-s

toutes les personnes trans précarisées et psychiatrisées de force

toutes les personnes non binaires invisibilisées

tous les travailleurs et travailleuses du sexe, 2 ans après la loi de pénalisation des clients qui précarisent les TDS

toutes les personnes voilées ou non qui subissent le racisme dans leur quotidien

toutes les personnes en exil, menacées d’expulsion et notamment à nos ami-e-s de l’ex Maison des Mineurs

à Moussa, militant homosexuel à Aides menacé d’expulsion vers un pays où il risque la mort et placé en rétention en France jusqu’à son procès le 12 juin

à tous nos potes anti autoritaires expulsé-e-s violamment sur la zad et notamment aux meufs, transpédégouines

à toutes les personnes blessées et/ou arrêtées depuis de le début de l’occupation militaire de la zad

à toutes les personnes trans en prison contraint-e-s à l’isolement forcé

à toutes les personnes arrêté-e-s et emprisonné-e-s ces derniers mois lors des mouvements sociaux et notamment aux personnes de Limoges, Ambert, Toulouse et ailleurs

à toutes les étudiant-e-s mobilisé-e-s et expulsé-e-s des universités ces dernières semaines et plus particulièrement à l’occup de l’amphi de la fac ségalen à Brest

Refusons de nous rendre invisibles !
Soyons fier-e-s des multiplicités de nos identités et de leurs expressions !
Ne laissons plus personne porter atteinte à nos libertés, à nos corps, à nos désirs, à nos identités, à nos amours !
Refusons de nous taire !
Soyons en colère !
Passons à l’offensive !
Ensemble nous riposterons tant qu’il le faudra !

LES CAGOULES ROSES REVIENDRONT !
NI HOMME, NI FEMME, TRANSPÉDÉGOUINES !

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