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[Quimper] ROZ TATTOO SHOP & LES NÉO-NAZIS

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Ce dossier est publié par ORAKL (1) dans le contexte de la « 1re Convention du Tatouage » à Quimper, du 7 au 9 septembre 2018, au domaine de Lanniron. Si l’évènement annonce la venue de professionels et de groupes de musique « ordinaires », le seul salon de tattoo quimpérois présent est Roz Tattoo, ce qui le place au centre de l’organisation de la conv’. Tout le monde ne semble pas informé que Ségolène Donnart (tatoueuse) et Thomas « Tom » Gueguen (pierceur) de chez Roz Tattoo, sont des personnages clés de l’extrême-droite locale, plus précisémment du milieu néo-nazi.

Avant d’aller plus loin, des précisions sur le mot « skinhead » sont à apporter. Dans les années 60, en Angleterre, on appelait skinheads (« crâne rasé ») les jeunes amateurs de musique jamaïcaine (ska, rocksteady, reggae). Le look des skins se basait sur leur milieu professionnel (ouvrier) ; cheveux courts, bretelles et Dr Marten’s. Ils affrontaient la police en manifs ou étaient hooligans au stade, mais n’avaient aucun rapport avec le racisme (au contraire, ils étaient métissés). Les skins ont marqué le folklore populaire, ils ont connu un âge d’or en 1969.
Dans les années 70, ils ont délaissé la musique jamaïcaine pour jouer de la « oi ! », un dérivé du punk-rock. Une partie des skinheads a rejoint l’extrême-droite dans une série d’actes racistes, attirant les médias au point de créer l’amalgame « skinhead = nazi » [voir le film « Made in Britain » de David Leland et les photographies de Derek Ridgers]. Ces nouvelles générations de skins étaient des mineurs en quête de violence, loin du « Spirit of 69 ».
Pour contrer les festivals Rock Against Racism (« rock contre le racisme ») organisés à Londres [voir le film « Rude Boy » du groupe The Clash], le grand gourou des skins nazis Ian Stuart Donaldson a créé les concerts Rock Against Communism (« rock anti-communiste »). Il aurait pu appeler ça « Rock pour la suprématie de la race blanche » mais se dire anti-communiste était moins risqué et plus politiquement correct, surtout en pleine Guerre Froide !
Dans les années 80 et 90, les skins antiracistes se sont distingués des skins nazis en les nommant « boneheads » (« crâne d’os ») et en créant le SHARP skinheads contre les préjugés racistes »). Plus politisés, d’autres skins ont pris le nom de « redskins » et créé le RASH skinheads rouges et anarchistes »).
Dans les années 2000, le grand public a pu redécouvrir la vraie culture skin [voir le film « This is England » de Shane Meadows], mais pour la plupart des gens, « skinhead » reste synonyme de « militant d’extrême-droite ». La distinction skinhead/bonehead est connue des skins, mais elle est parfois floue. Certains skins « apolitiques » tolèrent les boneheads et le logo SHARP n’exprime pas toujours un antiracisme sincère ; il sert parfois de simple caution morale.
De leur côté, les boneheads pensent être les seuls vrais skinheads mais paradoxallement, ils ont souvent du mal à assumer leurs idées au quotidien, c’est pourquoi ils cachent leurs signes distinctifs et se disent apolitiques.
Le milieu skin d’aujourd’hui est donc difficile à décrypter et plein de contradictions. Dans ce dossier, nous parlons des skins nazis uniquement sous le terme « boneheads ».

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Photo diffusée sur Twitter après les violences racistes d’octobre 2014
Photo diffusée sur Twitter après les violences racistes d’octobre 2014

Le groupe auquel se rattache Roz Tattoo est le « Kemper Krew ». Ils disent n’avoir aucun lien avec l’extrême-droite mais ont provoqué plusieurs violences racistes à Quimper ces dernières années, ayant eu pour résultat d’attirer en ville des organisations politiques comme Adsav.

Des articles de journaux permettent d’établir une chronologie des actions du Kemper Krew :

  • 20/10/2014 (Côté Quimper, Télégramme) : Plusieurs agressions devant des bars (Ceili, Faty Bonheur et Café des Arts) le week-end du 18 octobre, une semaine avant une manif d’extrême-droite. La police nie le motif raciste malgré des témoignages parlant d’une « ratonnade » sur les réseaux sociaux [voir images 1, 2 en annexe].
  • 15/07/2015 (Ouest-France) : Un bonehead frappe un lycéen homosexuel en face du Transvaal. Ce bar se situe à 50m de la boutique Roz Tattoo et les boneheads en sont des clients réguliers.
  • 15/09/2015 (Télégramme) : Jugement de 2 boneheads suite à l’agression d’une personne qui aurait photographié leur véhicule, une 206 grise sur laquelle est tagué « Kemper Krew ».
  • 16/10/2015 (Télégramme, Ouest France) : Tribunal de 7 boneheads ayant provoqué une bagarre générale lors d’un fest-noz à Ergué-Gabéric, le 24 mai 2015.
  • 24/10/2015 (Télégramme) : Une semaine après la condamnation des boneheads dans l’affaire du fest-noz, de nombreux symboles nazis sont tagués au Rouillen et à Ergué-Gabéric [voir image 3 en annexe].
  • 10/05/2016 (Télégramme) : Retour, avec plus de précisions, sur les violences racistes d’octobre 2014.
  • 3/10/2017 (Télégramme) : Jugement d’un bonehead ayant frappé une jeune femme après avoir déclaré être « skinhead » et « pro-FN ».
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Tags apparus au Rouillen et Ergué-Gabéric en octobre 2015
Tags apparus au Rouillen et Ergué-Gabéric en octobre 2015

Pour lire le dossier en entier et voir toutes les photos, les voici en pdf

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Si Roz Tattoo est le seul salon quimpérois présent à la conv’ du 7 au 9 septembre 2018, c’est parce qu’une autre convention de tatouage est prévue, les 28 et 29 septembre 2018 au Parc des expositions de Penvillers. L’organisation regroupe cette fois plusieurs tattoo-shops quimpérois et regroupera 120 artistes du métier, contre à peine 40 à la 1re conv’ de Lanniron. Autant de preuves que, dans le milieu professionnel du tatouage, les activités d’extrême-droite de Roz Tattoo ne sont pas un secret. Pour couronner le tout, le domaine de Lanniron n’est pas étranger au Front National...

Ces dernières années, Quimper n’a pas échappé à la hausse des violences d’extrême-droite un peu partout en France. En 2018, ces actes haineux atteignent des records, ils sont commis par de multiples branches de la « fachosphère », où le Kemper Krew se rattache à l’aile néo-nazie. Depuis 2015, la préfecture du Finistère a volontairement rendu inefficaces les recours légaux employés par plusieurs organisations antiracistes et cela n’a fait qu’empirer la situation. Cet état des choses n’est pas irrémédiable ! A Quimper comme ailleurs, la seule tactique de lutte encore viable repose sur une initiative populaire et solidaire. Un premier pas en avant serait de ne plus faire commerce avec des entreprises associées à l’extrême-droite, pour que leur chiffre d’affaire baisse au point de faire faillite et renoncer. Dans la société de consommation, le moins qu’on puisse faire est de choisir à qui on donne du fric. Dans le cadre de la convention de tatouage organisée avec Roz Tattoo, les groupes de musique et professionnels (qu’ils soient organisateurs ou simples invités) ayant pris connaissance de ce dossier, pourraient à leur tour se désolidariser de Roz Tattoo. Il suffira ensuite au grand public de ne pas se rendre à ce qu’il restera de la convention.

La question qui se pose aux accros des tatouages et des piercings est donc :
« Ai-je envie de participer humainement et financièrement à ces entreprises que je sais associées à
l’extrême-droite, ou ai-je suffisamment d’éthique pour ne pas en être complice ?
 »
La rédaction du présent dossier ne prétend pas détenir une réponse universelle à cette question, mais fournit bien assez d’informations au grand public pour qu’il se fasse son propre avis.
Les consciences feront le reste.

Notes
(1) La rédaction ORAKL a pour but de réunir et diffuser des documents sur l’extrême-droite au nom du droit à l’information. ORAKL est une cellule indépendante au sein du mouvement antifasciste, elle n’a pas d’autre fonction que la diffusion d’informations dans le cadre de la lutte contre le racisme, la xénophobie, le nationalisme et ses dérives fascistes. La composition des équipes de rédaction pour chaque dossier ORAKL est interchangeable. Les images et informations figurant dans le présent dossier et dans l’annexe résultent de recherches menées sur des pages web publiques en consultation libre. Par conséquent, ce dossier s’adapte aux lois en vigueur et ne pourrait faire l’objet de plaintes pour violation de la vie privée.

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