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Face à l’État, aux patrons et à leurs flics, construisons l’Autonomie !

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Dans le cadre du « mouvement anti-police » actuel à Brest et ailleurs, il apparaît nécessaire et pertinence de porter un point de vue autonome et partisans sur les questions policières et sécuritaires. Ce texte est une version un peu plus complète du tract du même titre distribué lors de la dernière manifestation de Brest.

La loi sécurité globale pose un jallon de plus dans le processus de fascisation de ll’État libéral et capitaliste. Le principe est simple. Il s’agit, dans un contexte de crise et de paupérisation aggravée par la pandémie de covid-19 et sa gestion, de perfectionner les outils de l’État pour contrôler et réprimer plus facilement des populations enclines à se révolter et à s’organiser contre leurs conditions de vie merdiques. Tout cela a aussi lieu dans un contexte où, sous couvert de gestion sanitaire, l’État et ses larbins imposent un contrôle autoritaire des populations à coups de couvre feu, de confinements, de contrôles de police et de règles sanitaires. Des règles qui nous permettent d’aller nous faire exploiter et de consommer soi disant sans trop favoriser l’expansion du Covid. Pour perfectionner et légitimer les outils répréssifs déjà en place, sans trop choquer le péquin de base, le pouvoir met en avant le terrorisme islamiste et la violence qui s’exprime lors de diverses contestations sociales. Une violence qui est considérée par le pouvoir en place comme illégitime car elle brise le « pacte républicain » sensé garantir l’unité de la sacro sainte nation française et permettre une gestion « pacifiée » des conflits sociaux et politiques.

En tant qu’autonomes, c’est à dire en tant que personnes qui souhaitons contruire un processus d’émancipation tant collectif qu’individuel, en opposition à ce monde marchand et autoritaire, nous sommes bien conscient.e.s que ces mesures jouent contre nous. Elles jouent contre les révolutionnaires (d’ailleurs Darmanin l’a lui même déclaré) mais aussi contre les divers front de révoltes qui expriment les contradictions de cette société. Dès lors, il est nécéssaire de critiquer ces réformes, de les dénoncer, de s’organiser et d’être attentif.ive.s à la colère qu’elles peuvent susciter. Il faut aussi être conscient.e.s des conséquences politiques futures qu’elles auront en termes de répréssion et de surveillance. Mais ne soyons pas dupes pour autant et ne tombons pas dans le discours posé par des groupes politiques gauchistes et/ou réformistes. Des groupes qui contestent cette loi et semblent vouloir se poser encore une fois comme les coordinateurs, et surtout les leaders, d’une colère et d’une flippe plus que légitimes.

Sur Brest, exemples d’appels à manifs organisées par le collectif de la grande famille de la gauche :

https://www.facebook.com/events/300281954717480/

https://www.facebook.com/events/734036403827274?ref=110

Par ailleurs, toujours un plaisir de voir que l’UCL et la CNT (organisations se déclarant anarchistes) en arrivent à signer des appels communs avec les réformistes du Parti Socialiste, du Parti Communiste et toutes les officines de la gauche traditionnelle sur Brest. On ne comprend pas trop la stratégie d’organisations, qui se disent anarchistes, de signer des appels communs qui ne portent pas un point de vue radical et révolutionnaire sur la fonction de la police dans la société. Quel est l’intérêt d’une telle stratégie lorsqu’on se dit révolutionnaire ? Et à quel résultat cela peut-il conduire, si ce n’est potentiellement celui d’intégrer la grande famille de la gauche et devenir son pendant anarchisant ?

Ces « forces » politiques gauchistes et/ou réformistes, en concurrence avec les libéraux macronistes pour le pouvoir d’État, dénoncent, dans leur opposition à cette loi, ce qu’elles appellent « les politiques sécuritaires » et les violences policières dont les « racisé.e.s » et les mouvements sociaux seraient les premières victimes. Elles remettent donc en cause l’action des outils répréssifs et de contrôle de l’État sans remettre en question l’existence même de ces outils et ce qui expliquent leur existence, à savoir les rapports de domination et d’exploitation qui favorisent telle ou telle position dans la société française. En effet, le rôle de l’État et de sa police, c’est grosso modo de faire en sorte que chacun.e se tienne droit.e pour aller au turbin et enrichir ces pourceaux de capitalistes. Il faut que des institutions politiques et sociales comme celles-ci existent car la société de classe dans laquelle nous vivons est basée sur la notion de propriété privée.

La propriété privée des moyens de production a permis historiquement la constitution d’une société de classe, basée sur l’exploitation massives de personnes au profit d’individus et de groupes d’individus. Ce modèle de société, perfectionné au fil du temps, est toujours d’actualité en France et à l’échelle du monde. Pour que cela tienne en place, et garantir les positions dominantes, on a donc le pouvoir d’État. L’État, au service de ce modèle de société, constitue sa justice et sa police. Sa justice permet l’existence de règles qui sanctionnent les modalités de l’exploitation et sa police fait respecter ces modalités. Donc, quand il y a remise en cause consciente ou inconsciente par des personnes de ces modalités, la police et la justice sont là pour rétablir l’ordre, et pas n’importe lequel, l’ordre autoritaire et marchand dans toutes ses spécificités : capitaliste, patriarcal, raciste etc. On le voit clairement à l’occasion de diverses explosions de révolte comme lors des gilets jaunes, lors des mouvements défensifs traditionnels vis-à-vis de telle ou telle réforme de merde ou lors des révoltes dans les getthos prolétaires, zones d’expérimentation favorites et prioritaires du contrôle social et de la répression. De même, ce rôle de protecteur de la propriété et de la marchandise, qu’incarnent nos chers magistrat.e.s et policier.e.s, s’observe aussi dans le quotidien. Il n’y a qu’à voir avec quelles sévérités les voleurs de bouffe sont parfois traité.e.s par la justice française. Dans cette belle terre de Liberté on peut en effet toujours aller en taule pour avoir carotté un bout de fromage lorsqu’on a faim ou tout simplement lorsque l’on a envie de manger un truc meilleur que la merde en barquette réservée pour les pauvres... De même, l’occupation illégale de logements ou de terrains est de plus en plus sévérement réprimée par l’État. Peu importe que ces endroits soient souvent vacants et occupés par des gens qui en ont besoin, ce qui compte c’est de faire respecter la propriété. Dans les getthos prolétaires, le racisme des keufs vient aussi sanctionner les rapports d’exploitation et de domination. Son but est, par l’adoption d’une grille de lecture identitaire et donc forcément hiérarchique des rapports sociaux, de renforcer et de justifier la position de subalternes de certaines personnes en leur accolant une supposée race sur le coin de la gueule.

Ce modèle d’organisation sociale, économique et politique, basé sur la dépossession et l’aliénation massive au profit d’individus et de concepts tels que la marchandise, est « viable » aussi parce que la justice et la police ne s’occupent pas que de contraindre les populations dans le carcan économique. En effet, leur position se légitime aussi par le fait qu’elles sont sensées s’occuper des affaires de mœurs, de la sécurité collective et individuelle. En gros, l’existence de ces institutions concrétisent l’abandon de notre pouvoir sur la manière dont nous voulons régler notre vie et gérer nos rapports. Et, ce pouvoir, qui ne nous appartient pas, s’exerce dans tous les domaines de la vie, de manière autoritaire et coercitive, sans respect pour la Liberté et l’Égalité réelles.

En tant qu’autonomes, c’est donc ces rapports et ces conditions que nous combattons. Bien sûr, cela peut s’exprimer par des luttes partielles contre la répréssion ou contre des institutions telle que la police ou la justice. Mais, il est nécéssaire, dans ces luttes, notamment si on espère dépasser leur cadre d’emblée restrictif, de rappeler le fond et les raisons du problème policier et de ses pires expressions que l’on appelle « violences policières ». En somme, on doit combattre les violences des keufs car on doit combattre les keufs. On doit combattre les keufs car on doit combattre l’État et le capitalisme. On doit combattre l’État et le capitalisme car nous combattons les causes et les rapports qui permettent leur existence. Nous devons poser ces principes politiques et les énoncer clairement car notre but est la consitution d’un camp politique autonome qui vise à la révolution sociale et politique. Nous ne souhaitons pas, comme les gauchistes, la réforme de la police et de l’État, nous voulons abolir la police et l’État car nous voulons créer un modèle de société communiste ayant pour principe de base :

aucun pouvoir au dessus de nous, tout le pouvoir pour nous !

Et si les forces gauchistes et/ou réformistes actuellement à l’oeuvre dans le mouvement, nous traitent d’idéalistes, on pourra leur rappeler sans trop se forcer, qu’historiquement leurs papas politiques ont toujours été in fine des crevures vis-à-vis du camp de l’émancipation. Deux ou trois exemples historiques au hasard :

  • En 1918-1920 en Allemagne, les socialistes réformistes ont souhaité et permis l’écrasement des conseils d’ouvriers et de soldats , en rompant l’unité du mouvement prolétarien de l’époque et en s’alliant avec des forces bourgeoises car des factions révolutionnaires étaient à leur yeux trop radicales. Cela a permis aux corps francs pré-fascistes, avec l’aval du ministre socialiste Gustav Noske, de dégommer allégrement les forces les plus avancées de la révolution allemande comme la ligue spartakiste et ses chef.fe.s : Karl Liebkniecht et Rosa luxemburg.
  • Pendant la révolution russe déclenchée en 1917, les bolchéviques ont constitué une prise autoritaire du pouvoir d’État au détriment de la révolution des conseils ouvriers. Pour consolider le pouvoir de leur parti centralisé et hiérarchisé sur la société révolutionnaire naissante, ils ont notamment créé une police politique et un système concentrationnaire qui fera ses preuves sous Staline : le goulag. Trotski, toujours une référence pour nombre de gauchistes français actuels (NPA, Lutte Ouvrière et compagnie), était un fervent défenseur de cette prise autoritaire du pouvoir. Il n’avait aucun problème avec la répression d’éléments révolutionnaires comme lors de la trahison et de l’écrasement des forces anarchistes en Ukraine ou lors de la répression et du massacre des marins de Kronstadt à laquelle il a personnellement participé. S’être fait éjecter du jeu politique par Staline et avoir ensuite été critique vis-à-vis de L’URSS n’en fait pas un camarade. Au mieux, Trotski peut être considéré comme un opportuniste vexé d’avoir perdu, au pire comme un fanatique autoritaire persuadé de la justesse totale de ses vues politiques sans égard pour les critiques issues du camp révolutionnaire de l’époque.
  • Durant la révolution espagnole de 1936, des membres de la direction centrale de la Confédération Nationale du Travail, syndicat anarchiste, ont adopté une stratégie d’entrisme (c’est à dire une stratégie qui consiste à entrer dans une institution étatique ou politique pour prendre le pouvoir d’état et peser sur les décisions prises dans les dites institutions) en rentrant au gouvernement républicain. Ce gouvernement était alors déjà aux mains des staliniens et des réformistes largement opposé.e.s à l’idée d’une révolution sociale radicale dirigée par la base. En adoptant cette stratégie entriste, les cadres cénétistes ont agit contre les intérêts des forces autonomes de la révolution dont certaines s’organisaient pourtant au sein de la CNT. En effet, cet événement, plus que d’empêcher la répression des forces autonomes et réellement radicales de la révolution a surtout permis de légitimer d’autant plus le gouvernement républicain central et par suite la répression des forces autonome de la révolution.
  • Pour ce qui est du Parti Communiste Français (PCF) et du Parti Socialiste (PS), il suffit de voir en quoi à consisté leur existence et leur action politique à partir du moment où ils ont eu accès à des miettes de pouvoir pour comprendre qu’il s’agit d’ennemis politiques opposé.e.s à l’émancipation. Du moins, leur vision de l’émancipation est complétement aliénée et inopérante. Ils ont fait plus de dégats que quicquonque au camp de l’émancipation et sont au mieux pour le PCF une faction de la gauche molle après avoir été soutien aveugle d’un des pires régimes autoritaires du monde. Dans son entreprise de bureaucratisation de la lutte des classes et de soutien au bolchévisme puis au stalinisme le parti pouvait d’ailleurs compter sur la Confédération Générale du Travail (CGT), son syndicat inféodé au fil des années. D’origine syndicaliste révolutionnaire, celui-ci s’est laissé gagner aux thèses bureaucratiques des staliniens au cours du XXe siècle. Il est désormais un syndicat réformiste qui essaye de se faire passer pour radical. La vérité est que ce syndicat tente toujours de canaliser les mouvements qu’il prétend soutenir et organiser. Dès qu’il est dépassé par des mouvements autonomes, soit il tente de les contrôler soit il les dénigre. En pratique, il cogère l’exploitation capitaliste avec les autres syndicats au grand dam de ses éléments réellements combattifs qui continuent malgré tout de lui procurer son aura « radicale ». Pour le PS, il s’agit d’ennemis politiques depuis qu’ils existent. Ils ont historiquement participé à toutes les pires entreprises de contre-émancipation : soutien à l’entrée en guerre lors de la première guerre mondiale, colonisation etc. Leurs illusions réformistes des premiers temps a laissé place au fil des années à une participation de plus en plus nette au processus de libéralisation économique et de fascisation de la société française actuelle. On est beaucoup à se rappeler qu’avant Macron, le PS qui était au pouvoir, matraquait les opposant.e.s et passait des réformes libérales et autoritaires visant à étendre notre exploitation et à intensifier la répression politique.

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