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Loi Macron : Que se passe t-il ?

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A Brest environ 1000 personnes se sont réunies pour manifester contre la loi Macron. La journée, pourtant prévue de longue date par les syndicats, a très peu mobilisé dans les rues de Brest, l’appel à la grève générale et au blocage en dehors de quelques secteurs n’est resté qu’un appel. Les syndicats se sont semble-t-il satisfaits d’un défilé sans grande énergie et très rapidement bouclé, au profit d’un barbecue place de la Liberté. Est-ce donc vraiment cela la seule réponse que nous allons donner face à la plus grande attaque législative contre nos conditions de vie depuis de nombreuses années ?

Car les raisons de lutter contre la loi Macron ne manquent pas, si vous ne vous êtes pas renseignés sur ses buts je vous invite à le faire [1], produit par le ministère de l’économie ce « projet de loi pour la croissance et l’activité » c’est la modification de tout un arsenal législatif concernant : le travail dominical, la libéralisation de secteurs publics, des dérogations aux 35 heures, les prud’hommes, … le tout dans une logique clairement déclarée de soutenir une libéralisation de la société, cette loi s’inspirant de bons nombres de propositions de la commission Attali "pour la libération de la croissance française ».

Libéraliser l’économie dans des termes clairs, ça veux dire donner plus de pouvoir au capital (aux patrons), désavantager les salariés dans leurs contrats de travail en les rendant plus « flexibles » et donc précaires, permettre d’augmenter le temps de travail sans augmenter le salaire en proportion, voir diminuer les aides sociales. Tout cela ayant pour but de faciliter la circulation des investissements et donc l’augmentation des profits.
La loi n’est pas encore finalisée et les aller-retours entre l’assemblée nationale et le sénat apportent de nombreuses modifications, le récent passage au sénat ayant rendu la réforme encore plus libérale par de nombreux amendements. Les prochaines semaines ce sera au tour de l’assemblée de la voter et sans doute la modifier, le ministère pouvant à tout moment grâce à l’article 49-3 de la constitution faire passer la loi « en force » sans le vote direct de l’assemblée nationale.

Objectivement cette loi attaque bien plus profondément nos conditions de vie que ne le faisait le CPE qui avait, sous un calendrier législatif assez similaire, mobilisé plus de 200.000 personnes dès le mois de février et un million de personnes à plusieurs reprises dès mars. La mobilisation débouchant fin avril sur son abrogation. Avons nous donc la mémoire si courte ?

Peut être pas, à Paris il y a eu plus de 100.000 manifestants, et environ 300.000 sur l’ensemble de la France [2], une mobilisation massive ne semble donc pas impossible, même si tout reste encore à construire. Cette manifestation a grandement été utilisée par la CGT pour ré-affirmer sa force de mobilisation après l’affaire Lepaon, l’appel à une manifestation nationale à quand à lui grandement nuit aux manifestations locales, desquelles il a été difficile, voire impossible de lancer une quelconque dynamique. Pourtant, de nombreuses luttes existent déjà en dehors de la lutte contre la loi Macron, comme la grève à Radio France ou plus localement la lutte contre les fermetures de classes, la liaison entre ces luttes et un mouvement plus large est jusqu’à présent resté assez mince et symbolique, mais il n’est pas trop tard pour agir dans ce sens.

Car seulement un mouvement social fort, organisé par la base, sera à la hauteur pour faire reculer cette loi, qui est un réponse du gouvernement à la crise traversée par le capitalisme, et prémisse d’une restructuration économique, politique et sociale qui s’annonce plus que mauvaise pour les prolétaires.

Ce sera à tout-es celles et ceux qui luttent de trouver les formes d’organisation qui seront victorieuses, sans doute donc en dehors de celles déjà trop encadrées, limitées et vouées à une contestation purement politicienne.
Le modèle syndical est peut être, comme la société entière, à un tournant de son histoire. Tiraillé depuis bien longtemps entre d’un côté son rôle d’outil défensif, offensif et même parfois révolutionnaire dans la lutte des classes, caractères issus de son histoire et de la volonté d’une partie de sa base, et de l’autre côté sommé par l’État, le patronat et d’une manière plus générale les exigences de l’économie libérale, de jouer son rôle de "partenaire social", de simple représentant des salariés. Concrètement, de pacificateur chargé de négocier les miettes en temps de crise et d’apporter une caution démocratique au fonctionnement du monde du travail.

De quel côté le modèle va t-il pencher ces prochaines années, c’est difficile à dire. Ce qui semble certain, c’est que si nous souhaitons combattre le capitalisme et la direction qu’il prend, le combattre réellement, dans tout ses aspects, pas simplement s’y accommoder une petite niche nationale ou régionale confortable. Nous devrons inventer de nouvelles formes de luttes, ou recréer des formes d’organisations qui ne feront pas l’erreur de s’encombrer de chefs ou de s’insérer dans les instances démocratiques pour "changer le système de l’intérieur", mais des organisations ou les décisions seront prises par la base, qui ne seront pas isolées entre elles, à lutter dans leur coin, mais sauront voir et organiser la lutte d’une manière plus large, afin de ne pas se contenter de lutter pour son territoire ou dans son entreprise.

Les grands projets "inutiles", la réforme territoriale, la loi macron, les diverses attaques contre les droits sociaux, la fermetures d’hôpitaux et d’écoles ... Toutes ces choses ne sont pas des phénomènes isolés, ils accompagnent une logique de restructuration et de gestion de l’économie capitaliste.

Car si les luttes isolées, ou chacun.e est amené.e à se battre directement pour défendre son salaire, son logement, son école, ... sont la base de la contestation, nous devrons aussi nous battre et réfléchir dans une logique plus globale si nous souhaitons obtenir des victoires qui soient plus que des aménagements localisés au milieu d’une dégradation généralisée de nos conditions de vie (réduction des salaires, des aides sociales, dégradation des conditions de travail ...), d’un retour des organisations et des logiques réactionnaires (montée des partis d’extrême droite, du nationalisme, réapparition de discours réactionnaires sur la sexualité et sur la place des femmes dans la société ...).

A nous de saisir les opportunités, pour s’organiser, se rencontrer et lutter.

R.

« La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés [...] Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » Antonio Gramsci

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