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Grève massive des bibliothécaires :« on lâche rien » !

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Retour sur la grève des bibliothécaires dimanche dernier lors de l’inauguration de la médiathèque des Capucins, que les élu-e-s ont muséifiée pour l’occasion.

- C’était l’inauguration des Capucins ce week-end, je voulais savoir un peu ce qui s’était passé, tu peux revenir là-dessus ?

  • La médiathèque des Capucins a ouvert samedi pour la première fois de 10h à 18h, y a eu blindé de monde et toute l’équipe des Capucins était là, les gens étaient ravis, ils regardaient partout. C’est très grand, du coup ils avaient un peu le nez en l’air à tel point qu’ils ne voyaient pas trop les gens qui les accueillaient à l’entrée de la médiathèque. Y a eu un plateau tout l’après-midi en direct avec fréquence mutine qui a fait défiler pas mal d’acteurs et d’actrices de ce nouvel « grand équipement culturel brestois ». C’était une belle journée pour tout le monde parce que y a eu beaucoup beaucoup de boulot qui a été fait pour préparer cette ouverture et ça s’est bien passé.

Et donc dimanche, la médiathèque, les horaires normalement c’est de 14h à 18h le dimanche, sauf que là, piquet de grève devant la médiathèque avec entre 60 et 70 bibliothécaires devant, à expliquer à tout le monde pourquoi la médiathèque n’ouvrait pas comme d’habitude. En fait le choix qui a été fait par la mairie ça a été d’ouvrir quand même la médiathèque mais en bâchant les collections, en les cachant avec du film plastique, et en plaçant des cordons de sécurité pour que les brestois et brestoises puissent bien admirer le bâtiment mais par contre que ce soit une médiathèque, une piscine ou un terrain de basket ça n’avait pas trop d’importance à leurs yeux. Ce qui fait qu’il n’y avait pas de bibliothécaires dans l’enceinte de la médiathèque dimanche mais elle était quand même ouverte avec des agents de sécurité. Du coup nous on était là pour expliquer aux gens pourquoi est-ce qu’on était en lutte, et c’était pas notre première journée de lutte puisqu’on est en lutte depuis avril 2014.

- Comment a débuté ce mouvement de lutte, et pourquoi finalement ?

  • Le mouvement a commencé quand on s’est rendu compte que les élu-e-s, dans leur projet des Capucins, avaient pas pensé à y placer plus de personnel, donc y avait aucune embauche prévue alors que, faut aller voir à la médiathèque des Capucins, il suffit d’y passer, y a quand même plein de choses qui sont nouvelles pour le réseau des médiathèques, y a tout un département numérique avec plein de pc gamer , des jeux de plateau, un casque de réalité virtuelle, des salles d’expo, y a plein plein de choses qu’on apprend à faire mais qu’on savait pas faire avant, pour lesquelles on n’était pas formé-e-s et pour lesquelles on ne l’est pas beaucoup d’ailleurs encore aujourd’hui.

Et voilà, ça a commencé à partir du moment où on s’est aperçu qu’ils allaient pas embaucher du monde pour y bosser alors que c’est gigantesque, c’est 8 fois plus grand en surface que les médiathèques Neptune et Etude qu’ils ont fermées dans le centre ville. Quand on s’est aperçu de ça on a clairement dit aux élu-e-s que ça allait pas du tout être possible, que ça allait pas être gérable et que ça allait nous mettre dans des conditions de travail hyper dégradées. Donc quand ils se sont un peu aperçu de la connerie qu’ils avaient faite de penser les Capucins sans moyens humains, ils ont déployé 5 postes qui étaient dans les médiathèques de quartier pour les envoyer aux Capucins, ça veut dire que dans les quartiers ils ont perdu 5 postes aussi, et en vrai y a toujours pas d’embauche pour la médiathèque des Capucins donc les collègues seront en complet sous-effectif. Déjà que le planning qu’ils ont mis du temps à caler et qui va être leur planning type de travail, ils sont à 4h30 d’heures sup’ par semaine parce qu’ils peuvent pas faire autrement.

C’est un mouvement qui été très actif fin 2014 et 2015, avec une intersyndicale de 4 syndicats au départ (CGT, CFDT, UNSA, FO) et qui s’est étoffée du syndicat Sud depuis le début de l’année, et y a eu une période de creux parce que les collègues des Capucins étaient en pleine charge de travail pour préparer, y a l’été qui est passé etc. Mais là avec l’inauguration de la médiathèque on se rend compte très concrètement des conséquences que ça va avoir sur les équipes et puis c’est le moment aussi où il faut montrer que ça va pas pouvoir se passer comme ça.

- Du coup, concrètement, les personnes qui étaient employées aux médiathèques de Neptune et Etude, qui ont fermé, sont parties aux Capucins ?

  • Oui, ça c’est pas du tout quelque chose pour laquelle il y a eu des revendications parce que ces médiathèques-là elles étaient vieilles, y avait de la moquette au mur, elles étaient presque vétustes pour certains locaux, c’étaient des conditions de travail difficiles aussi pour tout ce qui était les collections patrimoniales qui étaient sur 4 étages sans ascenseur etc donc il fallait de toute façon changer, donc ça c’était pas un souci.

Mais là il y a trois revendications principales : il y a la création de 8 postes, 3 pour la médiathèque des Capucins, et remettre 5 postes dans les médiathèques de quartier (ceux qui ont été supprimés pour aller aux Capucins), y a la non-fermeture de médiathèques de quartier parce que c’est un petit peu ce qui pourrait nous arriver...

- Oui, quand ils commencent par supprimer des postes, on s’attend à ce qu’ils ferment complètement la bibliothèque par la suite…

  • Oui, une voire même deux. Nous on est absolument contre ça parce qu’elle est belle la médiathèque des Capucins mais en fait il faut aussi que le reste des quartiers vivent. Et d’ailleurs les lecteurs et lectrices ils arrêtent pas de dire qu’ils iront peut-être aux Capucins une fois de temps en temps pour voir mais en vrai ils vont continuer à aller dans leurs médiathèques de quartier, et que si l’ouverture des dimanches pour les élu-e-s elle n’est possible qu’en fermant une autre médiathèque de quartier pour qu’il y ait assez de monde pour pouvoir ouvrir les dimanches, on est contre l’ouverture du dimanche tout court.

Et l’une des revendications de l’intersyndicale depuis le tout début du mouvement c’est que si y a ouverture le dimanche, nous on voudrait qui il y ait ouverture le dimanche de mi septembre à fin avril parce que en vrai on sait très bien qu’il y a une période de creux dans l’été et que ça sert à rien de l’ouvrir. On a gagné la fermeture de 3 dimanches par an qui jouxtaient des jours fériés parce qu’au début c’était ça, il n’y avait aucune considération sur le fait qu’un lundi ou un samedi férié pouvait ne pas faire ouvrir la médiathèque le dimanche. On a gagné 3 dimanches de fermés dans l’année mais on en veut encore plus.

- Les autres médiathèques de quartier ouvrent le dimanche ?

  • Non, ce serait la seule, avec du personnel des Capucins et du personnel des quartiers en bibliothécaires et en personnel d’entretien qui font un roulement toute l’année pour assurer l’ouverture des Capucins le dimanche. Pour l’instant c’est des heures sup’, elles font pas partie de notre cycle de travail, elles sont considérées comme des heures supplémentaires qui sont rattrapées sur notre temps de travail par contre, donc ça met aussi les équipes en fragilité parce que ça fait des personnes de moins sur des pleins temps.

- Des actions prévues pour la suite ?

  • Après cette première action de dimanche , on a posé un préavis de grève illimité pour tous les dimanches à partir de dimanche dernier jusqu’à ce que les négociations aboutissent à quelque chose. On était beaucoup, on est hyper déterminé-e-s, on va faire un petit point retour sur ce qui s’est passé dimanche pour voir les prochaines actions qui vont être faites. Mais il y en aura, on lâche rien !

- On entend pas mal parler de « convergence des luttes » depuis un moment, est-ce que vous êtes suivi-e-s par d’autres personnes qui bossent pas forcément en médiathèques, y a aussi la grève de bibus depuis quelques semaines aussi…

  • Oui effectivement dimanche dernier le téléphérique marchait pas, y avait une grève des trams, c’était assez symptomatique de ce qui pouvait se passer dans la ville. C’est une lutte qui commence à être longue, on a un gros soutien des habitants et habitantes, qui nous re-manifestent à chaque fois leur solidarité, y a eu des milliers de pétitions qui ont été signées l’année dernière en 2015 et puis y a aussi des artistes et personnages brestois et brestoises qui font vivre la ville aussi par leurs actions, qui nous soutiennent et qui viennent au piquet de grève nous rencontrer, qui hésitent pas à en parler autour d’eux et autour d’elles, ça fait plaisir. Y a une page facebook du mouvement, Soutien aux bibliothèques de Brest

- D’autres moyens de vous contacter sinon ?

  • Faut venir nous voir, c’est encore le plus simple, pas hésiter, là y a eu un gros piquet de grève dimanche dernier mais on va pas en faire tous les dimanches parce que le but c’est pas non plus de venir bosser tous les dimanches, mais y aura plein d’occasions de nous rencontrer on espère, ne serait-ce que venir en bibliothèque discuter avec nous.

- Pour finir, peux-tu peux te présenter ?

  • Je travaille dans une médiathèque de quartier sur le réseau, je suis syndiquée, j’ai changé de syndicat au cours de l’année. C’est assez marrant de voir qu’au début du mouvement y a eu beaucoup d’adhésions syndicales de la part du personnel des bibliothèques. On est nombreux-ses à être syndiqué-e-s mais tous ceux et celles qui ne le sont pas sont aussi moteurs et actifs et actives que les autres, pour l’instant il y a une bonne solidarité et répartition des moyens de com et tout ça entre tous les syndicats, pourvu que ça dure.

- Vous fonctionnez du coup en assemblée générale ?

  • En fait tou-te-s les employé-e-s ont droit à 12h par an d’heures mensuelles d’information qui sont en fait des temps organisés par les syndicats auxquels tout le monde peut venir, syndiqué-e ou non, de n’importe quel syndicat, nous on profite de ces temps là qui sont sur notre temps de travail pour se réunir et faire des assemblées. On a toujours été très nombreux et nombreuses à y participer et les décisions se prennent à ces moments-là.

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