“À la parole courte, tronquée, éminemment subjective et émotive des racisé-e-s, fait face celle savante, froide, explicative, et par conséquent « crédible », des universitaires [1]. Stéphane Beaud, Mathieu Rigouste, Didier Fassin, Philippe Robert et même Michel Foucault. Tout en dénonçant l’illégitimité dont sont frappées certaines paroles dans le débat public, Usul déploie un dispositif qui vient renforcer une telle illégitimité.
Une séquence l’illustre bien. C’est celle où l’on voit des jeunes contrôlés en bas d’un immeuble et l’un d’eux emmené vers le fourgon de police, tandis qu’Usul s’interroge en voix-off :
« Qu’est-ce qu’elle y fait la police dans ces quartiers concrètement entre deux interpellations sérieuses ? Et bien elle y procède à des contrôles d’identité […]. Ces contrôles sont les prétextes à des échanges parfois tendus, parfois cools, mais dans lesquels le but est toujours le même : soumettre les contrôlés. Les soumettre à l’autorité de la police et finalement de l’Etat. Les soumettre à l’ordre social, à la hiérarchie de la société. »
Immédiatement après cette séquence, c’est à Didier Fassin, anthropologue, enseignant à Princeton et directeur d’études à l’EHESS, qu’Usul donne la parole. Celui qui a partagé le temps d’une enquête le quotidien de policiers de la BAC d’un commissariat parisien (pour en tirer un livre, La force de l’ordre), s’interroge sur l’efficacité de tels contrôles, citant au passage des « jeunes » qui se plaignent de leur récurrence. La parole de ces jeunes est absente. Ils demeurent objets d’un discours dont les enjeux les dépassent.”
Une analyse à lire dans son intégralité sur État d’exception
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