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Article lu sur Lundi matin
Il y a d’abord eu la Brigade Anti Criminalité envoyée devant les lycées afin de dissuader les élèves de bloquer leurs établissements et les interminables rangées de CRS et gardes mobiles qui encadrent toutes les manifestations avec le soutien de hordes de policiers en civil qui viennent se battre avec les manifestants jusqu’au cœur même des cortèges. Il y a eu les tentatives ratées de « nasser » les manifestants par milliers. Il y a eu tous les efforts des communicants pour réduire cet incontrôlable et persistant mécontentement à quelques poignées d’individus mystérieusement qualifiés de « casseurs ». Jeudi 12 mai à Paris, c’est le service d’ordre de la CGT qui fut pris au piège par les intrigants du ministère de l’intérieur. Le syndicat s’étant entendu avec la préfecture pour encadrer et éventuellement réprimer leur propre manifestation, c’est sans surprise mais non sans heurts que le service d’ordre dût remballer en panique ses matraques téléscopiques et ses bombes lacrymogènes pour courir derrière les lignes de CRS et échapper à la vindicte des manifestants. A Rennes vendredi 13 au petit matin, c’est en toute simplicité que le RAID a été envoyé pour expulser la Maison du Peuple dans laquelle se tenaient les assemblées générales du mouvement depuis plus d’une semaine. Réponse du berger à la bergère, le soir même une émeute se propageait dans le centre-ville.
Interdictions de manifester
Depuis samedi 14 mai, c’est une offensive d’un genre nouveau qui semble avoir été déclenchée par M. Cazeneuve et son gouvernement. Grâce à l’état d’urgence et à la « menace terroriste », le ministère s’arroge légalement le droit de choisir quels manifestants seront autorisés à défiler mardi 17 mai. Selon les témoignages que nous avons recueilli, il y a déjà eu au moins 11 « punis de manifestations », tous en région parisienne à l’exception d’au moins une personne à Nantes. Nous reproduisons à la fin de cet article l’arrêté préfectoral qui annonce et motive cette décision. Précisons qu’il ne s’agit pas ici d’une décision de justice que les victimes pourraient contester et dont elles seraient en mesure de se défendre mais bien d’une décision administrative prise de manière unilatérale et incontestable par la Préfecture de Police. Jusqu’à maintenant, toutes les personnes visées par cet arrêté l’ont été par une visite de la police à leur domicile. Il semblerait qu’en cas de non délivrance, l’arrêté soit frappé de nullité.
Comme le droit de manifester est constitutionnel et irrévocable dans le Droit français, la préfecture n’a pas d’autre choix que de convoquer la menace terroriste et donc l’état d’urgence. Cela avait déjà été vu à l’occasion de la COP21 et des assignations à résidences de militants écologistes qui en avait résulté. Aussi effarante qu’elle soit, cette mesure se doit d’être minimalement justifiée. Les motivations sont sans équivoque.
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