Ne laissons pas de terrain au PNB !
Alors que le PNB, groupuscule néonazi et nationaliste breton* tentait de s’implanter à Pontivy au moyen d’un tractage et d’une prise de parole au marché le 3 mai, nous, inter-orga de collectifs antifascistes bretons*, avons invité à une mobilisation antifasciste pour contrer leur tentative.
Plusieurs organisation de gauche avaient exhorté la mairie de « tout faire pour interdire cette journée de haine ». La mairie a répondu à ses revendications en publiant un arrêté, le mercredi 30 avril 2025, pour interdire tout rassemblement en lien avec ce groupuscule d’extrême droite le samedi 3 mai 2025. Cette décision prise en concertation avec la sous-préfecture avait surtout pour principal objectif de "prévenir tout risque de confrontations".
Cependant, suite au recours de Killian Hayere, personne à l’origine de la demande de la manifestation, auprès du tribunal administratif de Rennes, la juge des référés du tribunal administratif de Rennes a fait « injonction » à la maire de Pontivy, le vendredi 2 mai 2025, de suspendre l’arrêté qu’elle avait pris.
Le PNB annonçait sa victoire sur ses réseaux sociaux le jour même et se félicitait de maintenir son plan initial.
La décision de justice ; qui laisse les fascistes défiler au nom de la "liberté d’expression", témoigne de la justesse de notre choix : empêcher la banalisation et le développement des organisations fascistes. Malgré les multiples rebondissement nous avons maintenu le cap et confirmé notre rassemblement car nous ne comptons pas sur les institutions tant politiques que juridiques pour faire barrage aux nazis.
Pour nous l’antifascisme est l’affaire de tous.tes et nous pensons que c’est dans la rue, par la mobilisation populaire, que le fascisme se combat. Les militants néo-nazis sont tellement peu que jusqu’ici, ils étaient /sont obligés d’agir cachés et nous devons maintenir ce rapport de force : occuper le terrain, les empêcher de le prendre et d’étoffer leur réseau militant.
"Nous on aime la Bretagne, savez-vous comment ? Quand elle est ouverte et solidaire, sans facho dedans"
Malgré une certaine confusion (manif du PNB interdite, la notre l’est peut-être aussi, finalement la justice annule l’interdiction) et le peu de temps laissé pour s’organiser, nous étions pas loin d’une centaine un samedi matin. Notre appel a été signé par douze organisations de toute la Bretagne et relayé largement. Nous regrettons que les organisations locales n’aient pas été directement signataires de notre appel mais nous nous réjouissons qu’elles l’aient rejoint le jour même.
Après avoir essuyé des contrôles des véhicules et d’identité aux entrées de la ville et sur le lieu du rassemblement, nous nous sommes retrouvé.e.s à 500 mètres du lieu du marché sur lequel avait prévu de se retrouver les membres du PNB. Dans un premier temps, le fait d’aller confronter les fascistes n’était pas une évidence pour toutes les composantes : certaines personnes souhaitaient rester à distance, ne pas aller frontalement sur le terrain du PNB alors que nous étions plutôt favorables à aller au plus vite les confronter pour les empêcher de tracter.
Une grande réussite a été de valider collectivement, à l’applaudimètre, le fait d’aller mettre rapidement la pression aux fachos plutôt que de faire un détour (option 1) ; rester où nous nous trouvions (option2).
Suite à cela l’ensemble des participant.e.s à pris part au cortège, sans division entre les militantes en kway et celles et ceux qui portaient juste une tenue d’été.
Le mouvement en cortège était festif et dynamique. Il profitait de chaque interstice pour tenter de passer les cordons de flics et mettre la pression aux fachos. Malgré différents niveaux de radicalité et modes d’action, le cortège est resté uni jusqu’au bout. Mais à la fin, tout le monde semblait content.es de la mobilisation, la bonne ambiance et le dynamisme du cortège et la déconfiture des fachos fait qu’on est reparti.es de là avec un sentiment de satisfaction. Le fait que des personnes qui étaient hésitantes à l’idée d’aller mettre la pression aux fachos au départ aient dépassé leurs doutes et qu’au final elles soient sorties satisfaites de la mobilisation est une excellente chose. Cela va dans le sens d’un antifascisme de masse où des personnes avec des cultures militantes diverses se donnent comme objectif d’interdire la rue aux fascistes, par tous les moyens.
Grâce à notre mobilisation, les collabos du PNB ont eu besoin d’un cordon de flics pour pouvoir prendre quelques photos et diffuser quelques tracts dans une zone quasi déserte. Ils ont poussé leur communication claquée jusqu’à réaliser une prise de parole devant le château* sans aucun public pour les écouter. Malgré la protection policière, ils ont vite disparu de l’espace public sous les huées. En quelques jours, nous avons réussi à mobiliser 10 fois plus de personnes qu’eux et à occuper la rue toute la matinée avec nos discours, nos tracts et nos slogans antifascistes. Certes on aurait aimé qu’ils n’apparaissent pas du tout dans les rues, mais vu comment c’était coûteux pour eux de faire une si pathétique apparition, gageons que ce n’est pas demain qu’ils reviendront !
POUR UNE BRETAGNE UNIE CONTRE LE FASCISME ET TOUTE FORME DE RACISME,
PAS DE FACHO NI EN VILLE NI EN CAMPAGNE !
BREIZH ENEPFASKOUR !
Notes :
* Le PNB qu’est ce que c’est ?
Le PNB se veut l’héritier du parti du même nom des années 1930, qui a ouvertement collaboré avec les nazis. À partir de 1934, un de ses fondateurs, Olier Mordrel, calque la ligne politique sur celle du Parti nazi en faisant du racisme et du totalitarisme ses maîtres mots. Il établit une supériorité des « races » celtiques et germanes. Une campagne du PNB dénonce ainsi « la France enjuivée ». En 1946, Olier Mordel est condamnée à mort en France, suite à quoi, comme beaucoup de nazis, il fuit en Argentine, où il reste plusieurs années
en exil. La plupart des dirigeants du PNB sont également condamnés pour collaboration. Neuf sont fusillés à Rennes à la Libération. Le militant Michel Plessis est notamment condamné à la peine de travaux forcés à perpétuité pour avoir livré à la Gestapo le nom de jeunes résistants du lycée Le Bras de Saint-Brieuc. Dix-neuf ont été arrêtés, trois ont été exécutés et cinq sont morts en déportation.
C’est en 2021 qu’on observe la résurgence de ce parti, prônant un nationalisme breton ’inspiration néonazie, raciste et antisémite. Boris le Lay, fondateur de ce « nouveau » PNB, est actuellement en fuite au Japon et cumule des dizaines de condamnations pour injures raciales, contestations de crimes contre l’humanité, menaces de mort ... La liste est longue. Les militants du PNB ne sont pas en reste : le 2 et le 3 juillet 2024, ils saccagent l’exploitation agricole d’un migrant. À cette occasion, le tag « Fuck le Hamas » retrouvé sur les lieux témoigne de leur vision simpliste et raciste du monde en associant le Hamas palestinien à l’agriculteur soudanais. Le 12 octobre 2024, ils agressent l’adjoint écologiste au maire de Nantes, Florian le Teuff, lors d’une manifestation. Le PNB a des propositions politiques dignes d’Astérix chez les nazis : pendaison pour les organisateurs d’« infanticides » (soit, dans leur langage, les femmes qui avortent ou qui prennent la pilule du lendemain). 10 ans de prison pour ceux qui en feraient le commerce (ciao les pharmaciens) ; pendaison pour les immigrés illégaux et ceux qui faciliteraient leur entrée ; fin de la liberté de culte en interdisant l’Islam.
* Signataires : CALE (Collectif Antifasciste Lorient et Environ) ; Contrevents (Antifascisme rural et justice sociale) ; Collectif Antifasciste du Paus de Quimper ; CVA 22 (Collectif de Vigilance Antifasciste 22)
Dispac’h ; Front Commun Antifasciste des Côtes d’Armor ; GARBA (Groupe Antifasciste Brest et Alentours)
Gwened Antifa ; Kreiz Breizh Antifasciste ; Nous Toutes 35 ; Révolution Permanente Brest
Visa 22 (Vigilance et Initiative Syndicale Antifasciste 22)
* Ce château est un haut lieu symbolique pour le PNB. Il a été le lieu de création du Conseil National Breton (ancêtre de l’actuel PNB) par François Debeauvais et Olivier Mordrel,, deux militants nationalistes bretons soutenus pas les nazis qui occupent la France à cette période. Ils y organisent le premier congrès du Conseil National Breton en 1940 et transforment le vieux château en caserne, pour héberger les premiers membres de la future organisation bretonne, la Lu Brezhon (« armée bretonne ») qui, aux côtés des Allemands, organise arrestations, interrogatoires et tortures partout en Bretagne.
COLLECTIFS SIGNATAIRES DU TEXTE :
G.A.R.B.A (Groupe Antifasciste Révolutionnaire Brest et Alentours)
Collectif Antifasciste du Pays de Quimper
CALE (Collectif Antifasciste Lorient & Environs)
CVA 22 (Collectif de Vigilance Antifasciste 22)
Contrevents (Antifascisme rurale et justice sociale)
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