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¡ Aborto legal en el hospital !

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Le 14 juin 2018, le jour même où la virilité internationale inaugurait sa grande messe footbalistique en Russie, les député.e.s argentin.e.s votaient la dépénalisation de l’avortement jusqu’à la 14e semaine de grossesse.

Décollage imminent

A l’aéroport Ezeiza de Buenos Aires, la femme qui enregistre nos bagages voit le foulard vert attaché à l’un de nos sacs et reconnaît le symbole de la Campagne pour l’Avortement Légal, Sûr et Gratuit. Elle nous fait un sourire et nous confie : « Il y a plein de conservateurs en Argentine, mais j’espère que la loi va passer ». Deux heures plus tard, quelques minutes avant de monter dans l’avion, on apprend que la loi de dépénalisation de l’avortement vient d’être votée à une courte majorité. Beaucoup des femmes qui nous entourent à ce moment-là, silencieuses mais accrochées à leurs écouteurs, ont la larme à l’oeil et le sourire aux lèvres. Les regards se croisent, complices. Le soulagement se lit sur les visages. Une grande émotion nous envahit en pensant aussi à toutes les copines rencontrées en Argentine ces six derniers mois [1].

Quand l’avortement est illégal...

Arrivé.e.s en Bolivie, pays dit progressiste depuis l’élection d’Evo Morales en 2006, un article de journal nous met tout de suite dans l’ambiance : une femme vient d’être arrêtée avec sa soeur pour avoir avorté et enterré le foetus dans le jardin. Elle a été dénoncée par son ex-conjoint. En Bolivie, l’avortement est illégal, sauf en cas d’inceste, de viol, ou quand la vie de la mère est en danger. Mais même dans ces cas-là, il reste très difficile d’avorter.

De Tijuana, au nord du Mexique, jusqu’au Cap Horn, au sud du Chili, les endroits où on peut avorter légalement, sûrement et gratuitement sont rares en Amérique Latine. Sur la carte mondiale 2017 des lois d’avortement du Center for Reproductive Rights, le continent est rouge et orange avec quelques tâches vertes en Uruguay, à Cuba, en Guyane Française, en Martinique, en Guadeloupe, en Guyana et à Porto Rico. Ce qui fait que 90% des femmes de la région vivent dans des pays où l’avortement est interdit ou presque.

En Argentine, le président Mauricio Macri élu en 2015, est un bon copain des entreprises qui jouent en bourse et pillent les ressources du pays pour enrichir leur capital. Pour faciliter tout ça, ses ami.e.s et lui privatisent à tout va, réforment les retraites et le droit du travail, et augmentent les tarifs de gaz, d’eau, d’électricité, tout en disant aux pauvres de chauffer moins leur maison. C’est bon pour la santé et ça fait des économies… Logiquement, la population descend dans la rue spontanément et manifeste son mécontentement. Tout en réprimant violemment ces mouvement à coup de balles en caoutchouc et de disparitions forcées, Macri et son gouvernement se sont sans doute dits que laisser débattre les gens sur la question de la dépénalisation de l’avortement pourrait faire un écran de fumée.

... l’avortement est clandestin

Dans les endroits qu’on a traversés en Argentine, il est de coutume d’appeler les femmes adultes du doux surnom de “madre” (mère). Difficile de refuser d’être mère dans ce contexte. Et une fois qu’on en a décidé ainsi, il faut contacter les réseaux clandestins (mais connus de toutes ou presque) d’aide à l’avortement et, selon l’argent qu’on a à disposition, avorter dans une clinique à l’aube ou dans une chambre d’hôtel. Et selon son réseau de soutien, pouvoir être bien accompagnée par des nanas qui en ont l’habitude et/ou des ami.e.s, ou le faire toute seule dans sa salle de bain. En Argentine chaque année, environ 50 000 personnes gestantes sont hospitalisées pour des complications dûes à un avortement.

L’interruption de grossesse est exceptionellement autorisé dans certains cas comme le viol ou le risque vital pour la mère ou le foetus. Sauf que même dans ces cas là, c’est souvent difficile de faire appliquer la loi. Notamment dans les provinces dirigées par des fanatiques catholiques conservateurs. Par exemple, en mai dernier, le gouverneur de Salta, Urtubey, s’est opposé à l’avortement demandé par une fille de dix ans violée par son beau-père. Les manifs que cela a provoqué l’ont tout de même obligé à accepter.

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Notes

[1] Pour celles et ceux qui parlent castillan, deux émissions faites par La Cucaracha avec elles sur les féminismes en Argentineiciet ici. Traduction à venir !

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