BOURRASQUE-INFO.ORG

Site collaboratif d’informations locales - Brest et alentours

« La taule c’est la pression, nourrit l’instinct de révolution » - Quelques perspectives anti-carcérales après la rupture de la convention Genepi-DAP

|

Quelques perspectives anti-carcérales après la rupture de la convention Genepi-DAP

« La taule c’est la pression, nourrit l’instinct de révolution
Donc nique sa mère la réinsertion
Lunatic - "La lettre" »

Le Genepi se débarrasse de l’administration pénitentiaire

Dans un article du Monde paru ce lundi 29 octobre, nous avons appris que le Genepi, une des rares associations intervenant en prison en France auprès de détenu.e.s, vient de se faire retirer sa convention de partenariat avec la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP), ainsi que l’enveloppe de 50 000€ / an qui accompagnait la convention. Cette convention permettait aux étudiant.e.s militant au Genepi d’intervenir en prison et d’y assurer des ateliers socio-culturels et de l’accompagnement scolaire et universitaire.

La décision prise par la DAP, en accord avec Nicole Belloubet, a été celle de punir le Genepi en représailles de sa communication et des actions, tel qu’une action "L’État enferme, la prison assassine", ou des communiqués de soutien aux révoltes de prisonniers comme à Seysses après la mort de Jawad, ainsi qu’à la Maison d’arrêt de Poitiers-Vivonne, et l’organisation d’événements politiquement marqués telles que les conférences sur "Féminisme et anti-carcéralisme" et "Antiracisme et anti-carcéralisme". Que le Genepi passe pour une association "extrémiste", voilà déjà un signe du fascisme qui vient... Car en effet, si le Genepi s’est fait punir, c’est précisément, comme l’analyse L’Envolée, car il a décidé de ne plus jouer son rôle d’humaniste charitable qui lui avait été assigné au moment de sa création par Lionel Stoleru, sous le gouvernement de Giscard-d’Estaing. L’Envolée, dans un article paru dans leur numéro 49 de Juin 2018, intitulé "Il y a des circonstances où le silence est de plomb !", dénonçant notamment le silence de l’OIP, écrivait : "On a vu des membres du Genepi prendre une position claire, allant jusqu’à déclarer publiquement que "la prison tue, la prison assassine"... pourtant eux aussi reçoivent des subventions de l’État mais ils ont préféré dénoncer l’inacceptable, plutôt que de lécher la main qui les nourrit."

L’administration pénitentiaire se radicalise

Car même si "l’inacceptable" est un concept indissociable de la prison et de l’enfermement, il faut concevoir que les conditions carcérales en France sont de pire en pire. Il existe une radicalisation en prison depuis plusieurs années, et c’est bien celle de l’Administration pénitentiaire (AP). Alors que la France vient de battre son propre record historique en terme du nombre de détenu.e.s en dépassant la barre des 70 000 personnes, et que la surpopulation carcérale se fait endémique (tout en augmentant), l’AP et le ministère de la Justice s’embarquent dans la même dérive sécuritaire que l’ensemble des forces répressives de l’État. Suite au mouvement de matons de janvier 2018, ceux-ci ont été entendus sur toute une panoplie de revendications sécuritaires, et notamment sur la création de 2 000 cellules en "quartiers étanches" pour isoler les détenu.e.s radicalisé.e.s. Ces quartiers étanches nous rappellent notamment les Quartiers de haute sécurité (QHS) qui avaient été fermés en 1982 pour leur caractère particulièrement déshumanisant. Cette dérive sécuritaire actuelle se traduit dans les faits par des conditions d’incarcération toujours plus violentes, et où la politique de l’État n’est même plus celle de faire croire à des prisons dorées ou humanistes, avec cette comparaison hasardeuse et médiatiquement relayée qu’est la "prison Club Med". Aujourd’hui, la stratégie de l’État est celle de toujours plus dégrader et de tuer ses indésirables. Face à cette radicalisation, le Genepi a fait le choix de durcir le ton. De son côté, la DAP a choisi la répression.

Si la fin de la convention Genepi-DAP signifie une chose, c’est qu’on est bien dans une ère réactionnaire, où la radicalisation de l’AP jumelée au développement du tout-sécuritaire nous mène vers une politique carcérale intensive. Effectivement, le Plan Prison annoncé par le gouvernement Macron, qui passera devant l’Assemblée nationale dans les prochains mois, prévoit 15 000 places en plus sur les deux prochains quinquennats, soit un agrandissement de 25% du parc carcéral. Il prévoit aussi un certain nombre de réformes pénales, dont le passage de 2 ans à 1 an pour la limite en dessous de laquelle une peine de prison ferme peut être aménagée par un JAP (Juge d’Application des Peines). Enfin, il prévoit l’extension des peines dites « alternatives » complémentairement à la construction de nouvelles places de prison, ce qui veut dire que le code pénal punira toujours plus, et pour des délits de plus en plus « banals ». On voit ainsi se monter une « Agence nationale du TIG (travail d’intérêt général) », pilotée par des start-uppeurs macronistes qui visent le travail gratuit et pénalement encouragé. L’augmentation des recours aux TIG, aux bracelets électroniques et aux contrôles judiciaires, au-delà d’émaner d’une logique budgétaire de la répression (car ces recours coûtent moins cher que l’enfermement), participeront à aggraver la répression des populations cibles du système judiciaire, c’est-à-dire les personnes précaires et racisées.

PS : lire la suite sur Paris Luttes Infos

proposer complement

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur bourrasque-info.org ?

bourrasque-info.org est ouvert à la publication. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment y accéder et procéder !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact bourrasque-info chez protonmail.com