C’est en plein couvre-feu que le pire est arrivé
Samedi soir, la Brigade Anti-Criminalité (BAC) s’est lancée dans une course-poursuite folle dont l’issue a été la mort d’un homme. Les raisons invoquées par ses agents de police sont ridicules face à la tragédie de la situation : le conducteur de la moto aurait, d’après la police elle-même, grillé plusieurs stops et un feu rouge. Cela vaut-il vraiment de le prendre en chasse au risque de sa vie ?
Sans suprise, la victime est de sexe masculin, plutôt jeune (27 ans) et d’origine antillaise. C’est le profil récurrent des victimes des actes de la police. Cette situation, qui se répète principalement dans les quartiers populaires, est par ailleurs dénoncés par beaucoup de collectifs : Justice et vérité pour Babacar, Urgence Notre Police Assassine, Vérité pour Adama Traoré, Désarmons-les
Les médias se font encore le porte-voix de la version de la police
Les articles qui relatent les faits se ressemblent tous comme deux gouttes d’eau et reproduisent encore les mêmes schémas que pour les autres victimes de courses-poursuites par la police.
- Mise en avant des infractions du conducteur pour justifier la course-poursuite : plusieurs panneaux de stop brûlés, ainsi qu’un feu rouge, d’après les dire de la police.
- Criminalisation du conducteur : celui-ci aurait « quelques antécédents judiciaires », comme si cela justifiait un peu plus de lui faire perdre la vie. Mais ces antécédents ne sont même pas cités, il ne sont peut-être pas être assez croustillants pour la police.
- Déresponsabilisation des agents de police : ceux-ci seraient arrivés « après l’accident », sous-entendant qu’il n’y aurait aucun lien entre la course-poursuite et l’accident.
- Mise en avant que le conducteur n’avait rien à faire ici, car cela s’est passé pendant le couvre-feu. La ville appartient à la police, et encore plus après 18h. Donc si tu sors, ta vie aussi leur appartient.
Pourtant, il est clair que sans course-poursuite, pas d’accident.
Si les morts causés par la police ne resteraient pas toujours impunis, il n’y aurait plus autant de course-poursuites non plus.
Mais en plein couvre-feu, il y a encore moins de chance que des témoins est assisté·es à l’entièreté de la scène. Pourtant, il est très commun que les déclarations des témoins diffèrent de celles de la police. N’ayant pas d’intérêts à défendre, ces déclarations permettent d’apporter un contre-point aux versions délivrées par les agents de police qui font souvent bloc face à la situation.
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