État d’urgence : on n’est pas pressé.e.s

Nous avons souhaité nous retrouver pour partager nos inquiétudes et notre solidarité. Solidarité avec toutes les personnes visées au lendemain du 13 novembre en raison de leur appartenance réelle ou supposée à une religion, du fait qu’elles sont étrangères ou en raison de leurs caractéristiques physiques.

Solidarité avec les personnes qui se sont manifestées contre l’état d’urgence, celui-ci étant une opportunité idéale de mettre sous silence le désir de milliers de gens de s’exprimer et de s’approprier les questions d’environnement et d’aménagement du territoire ; de leurs vies en somme...

Solidarité avec celles et ceux qui veulent descendre dans la rue sans rester sur les trottoirs. Solidarité avec les personnes perquisitionnées, assignées à résidence, auditionnées « librement », contrôlées, fichées, gardées à vue, condamnées, enfermées au nom de la défense nationale.

Car même si ici, à Douarnenez, il nous semble que la majorité de la population ne subit pas directement l’état d’urgence, nous refusons de nous laisser gagner par l’indifférence et d’ignorer les changements radicaux des dernières semaines. Il est des lieux où cela est oppressant quotidiennement et où l’on entend la porte de son lieu de vie exploser en pleine nuit sans explications, pas plus en entrant qu’en partant.

Les lois et les pratiques mises en œuvres dans le cadre de l’état d’urgence et de l’antiterrorisme sont présentées comme des lois d’exception. Mais la notion de terrorisme comme celle de trouble à l’ordre public étant floue, ces lois peuvent s’appliquer à tout-e un-e chacun-e.

Cet état d’urgence est une sacré aubaine pour nous faire accepter plus de contrôle, de fichage et de soumission. Nous sommes aussi inquièt-e-s face à la stigmatisation des personnes musulmanes ou considérées comme telles, et ce que cela implique – racisme d’État et banalisation des discours xénophobes.

Nous pensons important de nous rassembler pour relayer des informations juridiques et des textes d’analyse nous permettant de sortir de discours simplistes et désemparants, dans la perspective de ne pas être isolé-e-s face à ces questions.
Nous sommes quelque un.e.s à nous être retrouvé.e.s autour de ces envies et n’appartenons à aucune organisation.

On vous invite le mercredi 16 décembre, à 19h00 à l’Ivraie. à venir discuter de tout ça autour de l’écoute du reportage sonore "48, rue de la République, 93200 Saint-Denis" (Reportage : Emilie Chaudet, Réalisation : Marie Plaçais, diffusé dans "Les Pieds sur terre", France Culture). N’hésitez pas à amener des textes et documents que vous auriez envie de partager.

Adresse : Café librairie l’Ivraie, 19 rue Voltaire, Douarnenez