Monsieur le maire et président de Brest Métropole,

Je tenais à vous présenter toutes mes félicitations pour votre engagement au service de l’intérêt général et pour votre courage politique. Vous avez en effet fait preuve cet été d’une ouverture d’esprit rare en donnant satisfaction à toute la droite brestoise grâce à la destruction de la « ZAD » de l’Avenir, place Guérin. Merci de travailler main dans la main avec M. le préfet nommé par Emmanuel Macron, M^me Malgorn et M. Larsonneur, donc.

Félicitations pour avoir mis fin à l’occupation d’un terrain appartenant la métropole. Il n’est en effet pas admissible que des lieux publics soient ainsi privatisés, sauf s’il s’agit de football, cela va sans dire. Je vous encourage ainsi vivement à mettre à disposition de la banque Arkéa et de l’entreprise Le Saint tous les fonds et tous les terrains publics nécessaires à l’édification du futur nouveau stade qui doit venir avantageusement remplacer le stade municipal Francis Le Blé, devenu obsolète en ces temps de progrès économiques et médiatiques. Et puis ça fera de l’emploi, n’est-ce pas ?

Félicitations aussi pour avoir débarrassé la ville d’un nid de jeunes activistes « abêtis », dixit un journaliste du Télégramme avec l’objectivité qui caractérise cet organe de presse local, car vous n’avez rien en commun avec ces individus qui, n’ayant plus aucune confiance dans la démocratie représentative, les pauvres imbéciles, ne votent même pas. Comme la majorité des gens de leur génération, mais c’est une autre question, bien sûr.

Félicitations pour avoir fait fermer un lieu où se tenaient de manière presque hebdomadaire des cantines solidaires et des événements culturels gratuits ou à prix libre, à base de musique de sauvages et de ploucs, alors qu’il est si facile aujourd’hui de placer des écouteurs dans ses oreilles et de payer un abonnement pour avoir accès, sans déranger des riverains qui se couchent avant 22h30 – tout concert devait en effet s’interrompre avant cette heure à l’Avenir -, à de la musique de civilisés, c’est-à-dire commercialisée. Il faut faire marcher l’économie, n’est-ce pas ?

Félicitations pour avoir fait fermer un lieu où était accueillies des personnes marginalisées par le handicap, la maladie et la misère, car ces personnes devraient bien plutôt être enfermées, c’est l’évidence, et le seraient si la prison de Brest n’était pas sur-occupée et si l’hôpital psychiatrique n’avait pas vu, année après année, ses moyens se réduire. Espérons que ces individus qui dérangent comprennent d’eux-mêmes qu’ils n’ont pas leur place dans l’espace public, parmi les bons citoyens.

Félicitations pour avoir fait fermer un lieu d’une extrême dangerosité, même si une chance inouïe a empêché tout accident de se produire en huit ans. Il est vrai que le site de l’Avenir ne présente pas de déclivité comparable à celle qui a provoqué cette année la mort de deux jeunes à quelques semaines d’intervalle au-dessus de l’Arsenal. Cette remarque sans aucune intention de comparaison malvenue, évidemment. Sans compter que cette fermeture mettra sans aucun doute un terme définitif au trafic de drogue dont les occupants de l’Avenir étaient, en tant que jeunes, certainement des clients réguliers. Cela permettra, je l’espère, aux honnêtes commerçants d’augmenter leurs bénéfices en vendant des cigarettes et de l’alcool à tous ces fumeurs de cannabis, tant il est vrai que ces produits correspondent tout de même bien mieux à notre grande et belle culture.

Félicitations à vous, ainsi qu’à messieurs Nédellec et Quiguer pour cette action courageuse et indispensable. Malgré les quelques regrets que je peux conserver de moments de convivialité, de démocratie et de solidarité passés à l’Avenir, je souhaite de tout cœur que la destruction de celui-ci vous permette de conserver votre emploi à la mairie et à la métropole de longues années encore.

En vous assurant de toute mon admiration et de mon indéfectible confiance, car je sais désormais que vous n’êtes pas de dangereux gauchistes et anarchistes comme les méchants zadistes de Guérin, ayez, je vous en prie, la gentillesse de bien vouloir transmettre mes meilleures salutations à monsieur le Préfet, M^me Malgorn et M. Larsonneur, ainsi qu’à tous les gendarmes et policiers présents en nombre le jour de l’expulsion et les jours suivants (dont des fonctionnaires du RAID, tant la dangerosité des zadistes et autres écoterroristes est désormais avérée), bref à tous ces représentants d’un État actuellement si démocratique qui luttent eux aussi pied à pied contre l’anarchie – la « chienlit » aurait dit le grand Charles.