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Construire et penser l’autonomie, un préalable à la lutte

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Dans la continuité du texte « Propositions stratégiques pour la suite de l’anti-macronisme », quelques réflexions sur les prémisses d’un « mouvement social » naissant.

« Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner »

Warren Buffet – multimilliardaire américain au New York Times en 2006

Il n’est plus besoin de décrire par des exemples ou d’illustrer par un argumentaire ce qui devient pour tou.t.e.s une évidence : nous parvenons à un point de bascule brutal de la société dans laquelle nous vivons, où il ne s’agit plus de seulement se mettre en grève de façon discontinue, d’écrire des tribunes d’intellectuels dans des « journaux de gauche », ou de manifester de façon déclarée et annoncée sur les pavés battus et rebattus des grandes places de France, si tant est que ça nous ait réellement fait avancer dans les dernières décennies ;

De fait, avec l’effondrement lent et inexorable de l’hégémonique Parti Communiste et de sa filleule la CGT et de tous ses rejetons syndicaux, ballons et banderoles font plus office aujourd’hui de pittoresques accessoires décoratifs que de bannières pour un syndicalisme et un militantisme triomphants. La débâcle est totale et Macron n’est qu’un avatar parmi d’autres d’un capitalisme exultant qui réussit à intégrer les peuples, à l’image des rois de jadis qui tenaient sous leur férule les populations éreintées de charges et figées par les peurs du vaste monde. Et on y revient.

Mais trêve de lamentations et de considérations historiques sur les hypothèses de l’origine du désastre, là n’est pas le sens de mon propos, nous perdons bien trop de temps à contempler l’arrière et à nous sentir démuni.e.s devant l’étendue des luttes qui nous font face. Dispersé.e.s, fragmenté.e.s, nous sommes comme pétrifié.e.s par le tsunami qui s’avance inexorablement et tentons frénétiquement et de façon désordonnée de sauver quelques meubles ici et là. En vain.

Le mouvement social de la Loi travail, s’il a connu une certaine cohérence et une certaine force, ce n’est pas tant par l’intensité dans la conflictualité du rapport de force qu’il a créé au fil des mois dans les rues. Si le mouvement social hétérogène a pu se maintenir aussi longtemps, c’est bien parce qu’on a vu renaître ici et là des assemblées inter-luttes (que ce soit de façon un peu incongrue dans Nuit Debout ou dans les comités d’action libertaires, les assemblées inter-pro et inter-luttes, à l’initiative des intermittents notamment) ; mais aussi des lieux d’organisation pour l’appui des mobilisations (les squats de la Maison du Peuple à Rennes ou les quelques bourses du travail qui ont retrouvé leurs vocations premières) ; ou qu’on a pu bénéficier d’apports logistiques de terrains de luttes voisins (pour Nantes, la proximité de la ZAD de NDDL a permis bien des soutiens logistiques aux manifestations).

Mais toutes ces bases sont trop faibles, dérisoires à côté de ce qu’elles ont pu être à d’autres époques, où chaque ville avait ses vastes lieux de réunion et d’organisation pour les contestations, où les caisses de grève n’étaient pas abondées par trois bouts de ficelle et où la solidarité n’était pas seulement un mot qui fait rêver mais une réalité concrète héritée de toute une histoire ouvrière, paysanne ou militante, communiste et libertaire.

Aujourd’hui nous sommes globalement bien démuni.e.s de moyens, ignares, ou trop empli.e.s de théories mais si ignorant.e.s de leurs mises en pratiques concrètes. Le Front Populaire, l’Espagne de 36, la Commune et même mai 68 sont des images d’Épinal qui s’estompent dans des mémoires vieillissantes et fatiguées par leur perpétuelle déconvenue depuis 20 ans. Les syndicats, les ONG, les partis d’opposition collectionnent les soins palliatifs, trop heureux de pouvoir prouver dans leur feuille de chou mensuelle que la cotisation de leurs adhérents paye autre chose que les frais de bouche, les budgets com en papier glacé ou les payes parisiennes cossues des salariés.

Quand on voit que les mots d’ordre appellent à nouveau à fourbir les banderoles renforcées du cortège de tête, empiler les chaises derrière les portes des facs, ou à se mobiliser sur des journées de grève lasses dans une fonction publique et dans un privé sévèrement désyndicalisé, difficile de ne pas appréhender la fin avant le début, quand bien même le vent de la révolte soufflerait à nouveau dans les rues de Paris, Nantes, Rennes, Lille, Lyon, Toulouse, Marseille et quelques autres villes. Quelques mois après que le nom d’El Khomri a déjà été benné dans les poubelles de l’Histoire, le mémorial des inculpés de la Loi Travail continue de s’allonger dans les tribunaux de la métropole, surpassant celui du Contrat Première Embauche en 2006. Le bilan est lourd, le bénéfice difficile à estimer, tant aujourd’hui passé, présent et futur se confondent en une fuite effrénée en avant.

Alors que faire ?

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