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L’amour, le sexe, pourquoi j’ai déserté

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Il y a des années, j’ai cherché pendant un moment des trucs à lire sur l’asexualité et sur l’aromantisme, sur comment faire autrement, construire autre chose. J’avais besoin de remuer ces trucs là pour y réfléchir, pour mieux comprendre, sans trop savoir ce que je cherchais précisément. (...) Depuis, j’avais envie de sortir quelque chose, pour que quelque chose existe.

Je suis pas à l’aise avec publier des textes, mais je me disais que pour le coup, ça faisait pas une grosse pression à ne pas répéter des trucs entendus et réentendus. Ça me fait peur de dire ce que je pense, que les autres l’entendent. D’être trop offensif, blessant. J’ai peur de regretter, de changer d’avis. Mais je me dis que si quelqu’un l’avait écrit cette brochure, ça m’aurait bien plu de la lire, alors j’espère que ça fera ça à des gens.

Alors pendant cette session d’écriture, j’ai profité des exercices pour raconter, j’ai répondu aux questions qu’on m’a posé sur le sujet, je me suis posé de nouvelles questions, écrits sur d’autres trucs qui n’apparaissaient pas sinon. J’ai aussi ressorti certains passages déjà écrits que je trouvais qu’ils répondaient aux autres textes. J’ai essayé de faire un peu de cohérence entre tout ça.

Merci aux potes de prendre le temps d’écouter, de faire des retours, de s’intéresser, poser des questions. De m’aider à suivre des fils, à préciser quand c’est pas clair. À me faire sentir que ça vaut le coup.

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Pourquoi j’utilise ou pas le mot asex ?

Je fais des va et vient entre me dire asex ou utiliser d’autres mots (je fais pas de sexe/je partage pas de sexe). Entre asex je me dis asex en général plus facilement. Sinon, ça dépend. Pour pleins de gens, j’ai peur que les gens connaissent pas le mot, ne savent pas ce que ça veut dire. Aussi, sur la plupart des choses que j’ai trouvé sur internet, un peu mainstream, asex c’est souvent défini comme quelqu’un qui n’a pas de désir sexuel, pas de libido. Un truc qu’on ne choisit pas, qui nous tombe sur la gueule à la naissance. Je vis pas mon parcours comme ça, parce que ce qui me dérange dans le sexe et qui fait que j’ai choisi de pas en faire c’est pas le sexe en soi, ce qui fait par exemple que je me branle et que j’aime bien ça, mais la construction sociale de c’est quoi le sexe, c’est quoi la place que ça prend dans notre monde. C’est quoi les liens entre la sexualité et les relations amoureuses/privilégiées et aussi le lien entre la sexualité et paraître attirant, sexy. Les liens entre la sexualité et être spécial, exceptionnel, unique. Et tout ça c’est des choses que je veux déserter. Parce que je veux qu’être asex ça soit politique, pas une identité à inclure dans ce monde sans le changer.

Des fois j’ai du mal à utiliser le mot asex parce qu’il y a tellement peu de choses dites et écrites sur le sujet que j’ai l’impression que les gens vont me placer sur la gueule un petit truc étriqué. Sans par exemple se demander si je suis plutôt ce genre d’asex ou cet autre style, de quel « courant » etc, parce que tout ça n’existe pas vraiment.

Des fois le mot asex m’aide bien à me sentir légitime dans un espace parce que je ne suis ni gouine, ni une meuf. Encore que depuis que je suis trans c’est vachement plus simple. Mais quand même. Et en vrai, pour ça, faudrait qu’il apparaisse plus souvent, et que je sente que s’il y a un A dans l’inclusion c’est un minimum investi et réfléchi. Et ça c’est rare.

Pourquoi j’utilise quasi jamais le mot aromantique ?

Alors que franchement quand j’ai découvert qu’il y avait un mot pour dire « quelqu’un qui ne fait pas de relations amoureuses », ça m’a grave fait quelque chose, petite euphorie de quelques jours ! Faut dire que autant j’ai découvert des gens asex avant d’arrêter le sexe, mais quand j’ai arrêté pour de bon les relations amoureuses, je savais pas que d’autres gens faisaient ça aussi, que ça pouvait être une lutte politique, même si moi je le vivais comme ça.

Du coup pourquoi je l’utilise pas vraiment ? Ben déjà parce que personne le connaît, ou presque personne, alors en tant que bon flemmard, au lieu de l’utiliser et d’expliquer ce que c’est, je fais des bouts de phrase pour dire mon rapport aux relations amoureuses.

Un autre bout c’est que c’est un mot qui vient de l’anglais, et qu’en français on utilise pas le mot romantique pareil, on dit plutôt amoureux. Alors aamoureux laisse tomber ça marche pas, déjà l’asexualité ça prête à confusion à l’oral ! Mais du coup, romantique ça renvoie vachement à une culture autour des relations amoureuses, de les mettre en valeur, un truc un peu théâtral, genre la sérénade, la saint valentin etc. Pleins de gens se retrouvent pas là-dedans mais sont quand même à donf sur leurs relations amoureuses, et du coup aromantique, comme mot, ça fait un peu, quelqu’un qui est contre le romantisme, mais ça ça veut rien dire sur faire ou pas des relations amoureuses.

Pourquoi tu ne fais pas de sexe ?

Parce que la pression pour que j’en fasse est trop forte. Parce que je suis trop têtu pour accepter de faire les choses quand je sens que j’ai pas le choix. En tout cas, quand en vrai je pourrais ne pas les faire, et en particulier quand c’est pour moi, pour mon bien. Ça me bloque.

Parce que j’en ai marre d’entendre, dit clairement ou à mi-mots, qu’on en a tous besoin, que ça fait du bien, que ça libère, que c’est un bout essentiel de chacun. Marre de croire que c’est naturel et qu’on y peut rien. Marre de croire qu’il faut passer par là pour être heureux, complet, épanoui. Je crois pas au bonheur, mais je sais que se sentir bien ça passe par être un minimum en prise sur ce qu’on fait, et faire un minimum ce qui nous va bien. Alors je vois pas comment se forcer à faire quelque chose parce qu’on nous dit que c’est bien, ça peut aider.

Parce que quand j’y pense, tout ça me met tellement en colère, qu’aller faire du sexe ça serait comme aller au taf, se ranger, baisser la tête et accepter la défaite.

Parce que j’ai pas envie. J’y pense pas, je m’imagine pas, j’ai pas de désir pour ça. Je fais autre chose, je suis occupé ailleurs. Parce qu’il faudrait faire l’effort de me libérer du temps, de la disponibilité pour juste réfléchir à ce que je voudrais et comment. Et franchement j’ai la flemme.

Parce que même si je voulais, ça serait du taf de créer des cadres où je me sente bien pour faire ça. Alors même pas c’est tentant.

Parce que j’aime pas qu’on me désire, je comprends pas ce qu’on me veut. Et que j’aime pas désirer quelqu’un, projeter des images, des attentes sur sa gueule, ça me met pas à l’aise.

Encore maintenant, porté en général par ce mélange de colère et d’enthousiasme pour assumer ce choix, il m’arrive dans des moments de doute de me demander si mon mal être ne viendrait pas entre autre de l’absence de contact physique. Comme si mon corps réclamait son dû. Dur de se défaire des mécanismes, des idées avalées toutes crues qui font qu’il nous semble tellement nécessaire, essentiel et vital de partager du contact affectif physique.

Ça serait un sacré truc de casser cette idée, au moins de la fendiller, de faire apparaître les lézards. Pour moins se sentir misérable, pour choisir plus tranquillement, de manière plus centrée, pour contrecarrer avec plus de force l’idéologie du viol, de l’abus, justifiée bien souvent par ce besoin.

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