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Le Refuge Chez Jésus expulsé le 10 octobre à l’aube

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L’expulsion de ce dernier refuge des exilé.es dans la montagne, aux portes de l’hiver, est criminelle. Plusieurs personnes ont été grièvement blessées lors de traversées périlleuses dans les Alpes durant cette année, certaines en sont mortes. Mais plus que la montagne, c’est la frontière qui tue : racket, passages à tabac, violences diverses, refoulements qu’il pleuve ou vente, traques nocturnes dangereuses... parfois jusqu’à la mort (on n’oublie pas Blessing, décédée noyée, le 7 mai dernier, pourchassée par la police française en pleine nuit).
Ce refuge est l’espoir de toutes et tous, qui traversent ou agissent solidairement sur les chemins de l’exil.
Ne le laissons pas disparaître sous les coups de masse de la police.

Ils ont expulsé Chez Jésus. 14 camionettes, plusieurs voitures de police et carabinieri, l’éternel troupeau bien fourni de digossini tout fiers. Ils sont arrivés à 7h40 le mercredi matin. Ils ont defoncé la porte avec un bélier et un marteau, et ils sont entrés.
Le prêtre qui nous a denoncés, Don Angelo Bettoni, ne s’est pas montré. Le maire si, en revanche. Il était avec la police en train d’inspecter les locaux pendant qu’ils jetaient dehors les vêtements, les tables, les couvertures, les matelas restants. Pendant qu’une pelleteuse arrivait pour tout débarasser, ils mettaient des grilles aux fenêtres. Mais la position du maire était connue, depuis le début il appelait l’expulsion, parce que Chez Jesus « menaçait les activités économiques du pays et faisait augmenter le flux de migrants (en le rendant plus visible) étant donné qu’il donnait de la nourriture et un endroit pour dormir. »

Ils ont tout de suite séparé, comme de juste d’après leur catégories, celleux qu’ils considéraient « migrants » et celleux qu’ils considéraient « anarchistes », « No Border », ou comme ils veulent. Les premiers ont eté emmenés, pour un « contrôle d’identité », probablement à la procure de Bardonnèche. Il paraît que deux d’entre elleux ont eté relachéEs parce qu’ils étaient « en demande d’asile ». Le troisième, en revanche, a reçu un décret d’expulsion. Les autres ont tous été bloqués pendant des heures par les cordons policiers et ont été inculpés.

Ils nous ont expulséEs parce que, comme cela avait était approuvé à l’unanimité par le Conseil de la Ville Metropolitaine de Turin le 5 octobre, il faut « rendre à la vraie politique » (cit. Monica Canalis, conseillère PD, direction marketing Intesa SanPaolo). Ce qui signifie, comme explicité par le nouveau décret sécurite-immigration de Salvini, le contrôle et la gestion totale de celleux qui arrivent en Italie sans les « bons » papiers. Cela signifie rendre « illégales » des milliers de personnes grâce à l’élimination de la Protection Humanitaire. Cela annonce plus de rafles, de centres de rétentions de déportations. Ils veulent de nouveaux esclaves, disposés à travailler pour un rien, sous la menace constante des papiers ou du centre de rétention. Et que si ils réussissent à se rebeller ils seront bloqués ou bien leur demande d’asile sera revoquée, étant donné qu’à présent la participation seule à une manifestation suffit à être catégorisé comme « sujet dangeureux ».

Chez Jésus s’est toujours opposé à toutes les formes de sélection et de contrôle. Dans ce refuge, personne ne demandait ses papiers à personne, personne ne gérait, personne ne contrôlait. C’était un lieu pour s’organiser ensemble contre les frontières, pour celleux qui veulent les traverser et celleux qui veulent les détruire, de façon libre et autogerée, afin que chacunEs puisse choisir où et comment vivre, sans qu’une frontière ne brise la vie et les choix. A l’extérieur du business de l’accueil et de l’expulsion, loins du business des passeurs.

L’évêque de Susa, A. B. Confalionieri, a exprimé sa satisfaction par rapport à l’opération d’expulsion menée par les forces de police. C’est un prêtre qui nous a denoncés. C’est avec l’Eglise que la Préfecture a preparé l’expulsion, en sauvant la face avec l’ouverture du lieu à Oulx. Et comme le rappelle ce même Evêque, « l’eglise valsusine a collaboré avec d’autres structures pour ouvrir le nouveau centre d’accueil à Oulx, plus adapté aux exigences des étrangers ». C’est à dire : un lieu ouvert de huit heures du soir à huit heures du matin à 15 kilomètres de cette frontière que celleux qui veulent aller en France essaient de traverser et où les personnes sont refoulées.

L’Eglise possède le 20% du patrimoine immobilier présent en Italie, pour une valeur de plusieurs milliers de milliards d’euros. Un empire de briques, en pratique. Une multinationale immobilière, pleine de structures et d’argent. Qui d’un côté se fait propagande à coup de réthorique « de l’accueil », de l’autre qui expulse un local sous l’église qui a donné refuge à des milliers de personnes pendant ces 7 mois, et qui s’implique dans la gestion et dans le contrôle des migrants.

C’est aussi pour ça qu’ils ont expulsé Chez Jesus. Question d’argent, en plus de politique.
Et ils sont tous contents. L’Etat français et ses gardes, qui réussissent à mieux garder le contrôle du flux de personnes dirigé vers la France. L’Etat italien, qui n’aime ni les lieux ni les espaces autogerés, fait respecter sa loi et « rend à la propriété régulière » les locaux sous l’église. L’Eglise, propriétaire des locaux ; ses coopératives qui se feront de l’argent sur la gestion du lieu ouvert à Oulx. Les activités commerciales de Clavière, qui espèrent voir ainsi disparaître les migrants de passage dirigés en France qui détruisent le tourisme.
Le ferrailleur de Gravere, qui s’est fait des sous en mettant les grilles aux fenêtres. L’entreprise qui a expulsé physiquement le lieu et tout jeté à la décharge.
ChacunEs a ses responsabilités. Nous ne l’oublierons pas.

Nous invitons toutes et tous à des actions diffuses. Contre les frontières et leur dispositif. Nous rappelons par ailleurs que l’Eglise a tout de même un rôle de premier plan dans notre expulsion.

P.-S.

Article tiré de Vallées en lutte

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