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GRENOBLE, LABORATOIRE DE L’ENSAUVAGEMENT ?

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Nous souhaitions faire le point sur la situation, à l’heure où la mairie ferme un bar militant et antifasciste - l’Engrenage - et où la préfecture lance une procédure administrative sur un squat politique d’activités de St-Bruno - le 38, Centre Social Tchoukar. Parce que cette offensive des pouvoirs publics sur ce qui déborde n’est probablement qu’un début et qu’elle risque fortement de nous enjoindre à tenir tête et front face à ce qui nous intime de courber l’échine. Et que nous ne nous laisserons pas faire.

COUPS DE BALAIS SUR LA VILLE

Grenoble est une ville combative aux contours politiques multiples, riche d’histoires de luttes victorieuses et complexes, une ville nouvelle du XXe siècle que la bourgeoisie classique n’a pas pu pénétrer dans les profondeurs ; elle possède par conséquent un fort héritage ouvrier. Grenoble s’est aussi construite avec une immigration italienne puis maghrébine qui s’impriment aujourd’hui dans l’ambiance de la ville. Grenoble est enfin une cité faite de nombreuses expérimentations sociales et politiques, des villes neuves des années 70 aux mouvances libertaires et féministes du début du 21e siècle, et imprégnée d’un tissu associatif historiquement dynamique. Grenoble est donc une ville atypique, rebelle en certains points où foisonnent des vies et des initiatives qui débordent du cadre métropolitain imposé dans les villes modernes. En bref, Grenoble est tout ce que déteste l’ordre.

Depuis maintenant plusieurs semaines, nous, Grenobloises et Grenoblois, subissons une vague d’offensives de la préfecture contre tout ce qui refuse encore de rentrer dans le rang. Tout ce qui traîne tard dehors, dérange, confronte, et met singulièrement les vies bien réglées de certain·e·s en insécurité. Une offensive qui répond à un calendrier bien précis : celui du début de la campagne municipale et de la tentative de retour en grâce d’un ancien maire - emprisonné pour corruption - Alain Carignon.

Car Grenoble, seule ville conséquente ayant portée au pouvoir une mairie étiquetée « gauche radicale », est secouée depuis deux ans par un tourbillon médiatique national entre règlements de compte, coups de couteau et incendies volontaires, jusqu’à parler du « Chicago français ». L’objectif pour les réactionnaires en exil, le préfet et les procureurs, est donc de mettre la sécurité au premier plan de l’agenda médiatique de l’année à venir et construire le désir du retour à l’ordre républicain dans la ville.

Nous souhaitions faire le point sur la situation, à l’heure où la mairie ferme un bar militant et antifasciste - l’Engrenage - et où la préfecture lance une procédure administrative sur un squat politique d’activités de St-Bruno - le 38, Centre Social Tchoukar. Parce que cette offensive des pouvoirs publics sur ce qui déborde n’est probablement qu’un début et qu’elle risque fortement de nous enjoindre à tenir tête et front face à ce qui nous intime de courber l’échine. Et que nous ne nous laisserons pas faire.

L’ŒIL DANS LA CUVETTE

Pour introduire le récit, une brève parenthèse historique s’impose. Alain Carignon, alors membre du RPR, fut maire de Grenoble de 1983 à 1995. Condamné en 1996 à 5 ans de prison pour corruption et abus de biens sociaux, il tente désespérément de revenir sur le devant de la scène depuis sa sortie de prison. Un livre lui a même été consacré il y a quelques années : « Le système Carignon ». En 1995, le PS reprend la mairie abandonnée pendant 12 ans avec à sa tête Michel Destot, menant une politique qui n’aura de socialiste que le nom. En 2014, une partie des forces qui s’étaient battues contre ces mairies successives, plus à gauche, gagne les élections sur une liste composite sur laquelle nous reviendrons. Il faut noter dès à présent que cette gauche qui anime la ville devient molle et sourde dès lors qu’elle accède au trône municipal, et que l’équipe actuelle n’a pas échappé à cette règle universelle.

Politiquement, Grenoble est une ville ancrée dans des dynamiques de luttes particulièrement fortes. Les années 60 et la construction de la Villeneuve ont été un tournant majeur - et un échec - des urbanismes révolutionnaires en France. Y persiste un fort terreau associatif et politique, une vie de quartier riche, et des réseaux de solidarité denses. Déjà, en 2010, préfecture, mairie, et même ministère de l’intérieur s’emparaient d’un fait divers pour faire table rase de toute cette vie combative et débordante dans un quartier populaire. Sarkozy y prononça son fameux discours de Grenoble sur la sécurité après deux mois d’occupation militaire du quartier. Les politiques urbaines continuant de faire le reste, elles se poursuivent aujourd’hui avec un gigantesque projet de réaménagement (plus de 100 millions d’euros !) et des résistances aux démolitions prévues.

PS : lire la suite sur CRIC

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