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Le racisme est à mettre au coeur de l’analyse sur les violences et crimes policiers

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Beaucoup de personnes dans l’antiracisme se sont déjà exprimées pour témoigner de leur agacement face au fait que le sujet « violences policières » est pris nettement plus au sérieux quand les cibles de ces violences sont blanches. C’est une réalité que nous connaissons déjà et qui vaut pour tous les domaines. Mais j’aimerais revenir sur deux points qui m’agacent énormément

👉🏿 j’en ai marre d’entendre parler en ce moment de « lanceurs d’alerte » pour désigner les journalistes et militants de gauche, blancs, qui dénoncent (à juste titre) les violences policières à l’encontre des #giletsjaunes : des familles issues de l’immigration postcoloniale mobilisées depuis 3 DÉCENNIES contre les crimes policiers racistes, c’était pas sensé alerter déjà ?!

Cette expression, ainsi que celles du type « les violences policières sortent de l’ombre », en disent long sur le racisme et la déshumanisation des vies non blanches, car cette question a toujours été dans la lumière : mobilisations post violences ou crimes, petites ou grandes marches, rassemblements, procès, documentaires, livres, pétitions avec parfois des « grands noms » (hélas dans ces sociétés hiérarchisées ça compte), et même relais de ces affaires dans les grands médias (mais évidemment de façon biaisée, avec des journalistes qui accréditent dans leur formulation les versions policières et judiciaires).

Tout ceci était donc très visible, depuis longtemps déjà. C’est juste qu’il s’agissait de victimes non blanches (arabes, noires, roms, asiatiques, turcs…) et sur lesquelles est projeté le stigmate du « délinquant », avec la variante plus récente du stigmate du potentiel « terroriste » pour les arabes/musulmans, bref, des gens dont la vie ne vaut strictement rien ici.

👉🏿 Maintenant, il y a aussi ce discours : « les policiers s’entrainaient sur les non blancs des quartiers populaires avant de toucher le mouvement social / les gilets jaunes ». Ici c’est dit par des gens qui ont conscience, contrairement au premier discours, de la réalité du racisme de la police. Mais cette vision comporte malgré tout de nombreux écueils, et le premier étant que ça participe, malgré la bonne intention de rappeler le racisme, à réaffirmer que ce qui arrive aux non blancs est moins important, moins central, qu’ils sont donc moins importants, et que le « vrai » affrontement c’est contre les mouvements sociaux (majoritairement blancs) puisque pour les non blancs ce serait « l’entrainement ».

Je suis désolé mais non, les flics ne « s’entraînent » pas dans les quartiers : c’est leur activité centrale, principale, permanente indépendamment de toutes crises sociales : c’est une norme et le racisme fonctionne bien comme la justification première de la police. La preuve, lorsqu’elle s’en prend à ses cibles favorites non blanches, tout le monde s’en fiche, et sa légitimité n’est remise en question que quand ses cibles changent. Donc oui le racisme fonctionne depuis des décennies aussi bien comme moteur et justification de la fonction policière. Par ailleurs, le rapport à la police est une de ces expériences sociales qui différencie de façon très nette les classes populaires non blanches des classes populaires blanches. C’est bien pour ça que les violences et crimes policiers ne peuvent être réduits à une question de classe, il suffit de voir qui est contrôlé, agressé quotidiennement, et parfois tué… et aussi de voir les contextes dans lequel ces drames se produisent : le quotidien, la vie de tous les jours, et non une quelconque activité politique subversive injustement réprimée. C’est bien là la différence, déjà soulevée maintes fois par les antiracistes, entre être tué pour ce que l’on fait, et être tué pour ce que l’on est, même si c’est injuste dans les deux cas de figure, cela appelle des analyses différentes, et donc des réponses politiques différentes.

Conclusion ? Si on ne donne pas à la question du racisme son importance dans le maintien de l’ordre policier, on est pas prêt de l’ébranler, de l’attaquer dans ses fondements.

Source de l’image en logo : « En mai 1980 à Vitry, un deuxième concert Rock against Police est organisé avec des habitants de la cité Couzy, mobilisés autour de la mort de Abdelkader Lareiche, tué par un gardien d’immeuble. Dénoncer au niveau national la politique sécuritaire et raciste dont les jeunes sont la cible, se coordonner et s’organiser concrètement face à la justice font partie des enjeux du réseau Rock against police. Mais ces concerts auto-organisés sont aussi un moyen de se réapproprier le territoire de la cité, « un moment parmi d’autres de circulation et de coordination des jeunes prolétaires de banlieue ». (Journal-tract Vitry). »

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