Sommaire :
- Edito / G la rage et je la garde
- Chopé sur le net / La révolte fait rage...
- Nouvelle / Fonctionnaires en danger !
- Chopé sur le net / Ma cité
- Nouvelle / Juste un gamin qui grandit...
- Chronologie
- Extrait d’une nouvelle / Il fera si bon mourir
- Extrait d’une nouvelle / Au pied du fromager
Edito / G LA RAGE ET JE LA GARDE
À l’entrée de l’hiver, les banlieues ont cramé et c’est tant mieux. Parqués dans l’urbanité du capitalisme, n’ayant plus rien à espérer, à gagner... beaucoup se sont payé quelques feux de joie.
Tout semble avoir été dit sur les événements. De l’anthropologie à la phraséologie gauchiste, des visions de complots aux rengaines fascistes. Pourtant, parmi tout ça, nos voix ne sont pas passées. Mais la révolte, en acte, elle, était bien parlante. Expression de la colère, les émeutiers ont pu taper du poing sur la table.Taper fort et au plus près. Des voitures pour crier sa rage, se faire entendre.Attaquer les bâtiments qui représentent le quotidien et l’ennui : école, bus, mairie, CAF, Assedic...
Ça a été les hélicoptères autour de nos têtes la nuit, le couvre-feu et pourquoi pas l’armée. Pour finir la guerre. Ou alors balancer du fric à toute la clique associative, des boulots de larbins pour faire patienter. Mais l’on ne quémande pas un boulot, c’est la vie entière que l’on veut bouffer.
Là-dessus, ils font leur petits jeux politiciens, la campagne des présidentielles est déjà commencée. Rien à foutre, si Sarkozy est détesté, le prochain ministre de l’intérieur le sera aussi.
Maintenant, ils nous bassinent avec leurs sociologues, leurs plans pour civiliser la banlieue. Certains se la ramènent, à coup de dialogue, de place de citoyen et, encore une fois nous ramène leur connerie de bulletin de vote. Hey, Joey Starr, t’as fait ta place au soleil à l’époque des bandes et des embrouilles. Et ça t’a bien servi, alors viens pas nous faire des leçon aujourd’hui. Lilian Thuram, t’es bien gentil, mais pendant que tu chantes la Marseillaise, nous on la siffle. Nous on joue au foot sans crampons, et, si on en met, c’est pour mieux éclater des genoux, OK ?! Aussi, on n’oublie pas les appels au calme, les violences condamnées et la fatwa contre les émeutes.
Chacun tire la couverture à soi. Et alors, ça fera revenir nos copains butés par la police, ceux qui croupissent en taule, ceux raflés et foutus dans des avions...?
Notre haine n’est pas négociable, de génération en génération, c’est la même carotte. Affronter l’Etat et ses représentations, ceux qui se pavanent pendant que l’on galère.Voilà le sens des émeutiers, de ceux qui ont la rage, de ceux qui ne veulent pas de la vie à laquelle on est condamné.
Y a rien de nouveau et rien n’est fini, ça ne fait que commencer. Le feu s’est propagé partout. Et il se propagera, de nouveau, de lui-même, car cette révolte est plus profonde que tous les mots d’ordre.
Anonyme
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