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De la violence dans les manifestations

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Analyse d’un camarade anonyme de Rennes à propos de la répression policière de ces dernières semaines.

Une débauche de violence semble saisir Rennes et les villes de France à chaque manifestation dirigée contre le projet de loi honni. Les médias régionaux comme nationaux essentialisent de jour en jour cette opposition du peuple en la réduisant à un face à face violent entre « casseur-se-s » et forces de l’ordre. Mais une confrontation ne peut exister que si ces deux parties se trouvent sur un pied d’égalité. Ce n’est pas le cas et le préfet d’Île et Vilaine ne fait que corroborer ce fait lorsqu’il nous parle de manifestant-e-s aux sacs remplis de boulons prêts à être jetés sur les garants de l’ordre public. Les plus équipé-es sont munis de masques de plongée, de cagoules et de battes de base-ball, sans doute fantasmées. Nous sommes bien loin d’une organisation paramilitaire qui tutoierait l’armée des rues que l’on dépêche chaque fois qu’un esprit de contestation souhaite s’exprimer dans les avenues pavées des centres-villes.

Est-il encore besoin de revenir sur l’arsenal répressif que l’État accorde à ceux qu’il mandate pour préserver les apparences d’une paix sociale ? Non. En revanche, nous avons pu constater, lors de la manifestation du 9 avril, que les blessures de certain-e-s policier-e-s étaient dues au matériel qu’ils/elles utilisent : une grenade de désencerclement jetée trop tardivement sur les manifestant-e-s mutila la main, pourtant protégée, de celui qui l’avait dégoupillée. La dangerosité des armes qui nous sont destinées est réelle et plusieurs dizaines de blessés sont encore à déplorer même si le préfet affirme le contraire. On se plaît à dire qu’aucun-e manifestant-e n’a été hospitalisé-e. Cela est faux. Certain-e-s ont été contraint-e-s d’y faire un séjour mais n’ont pas fait de déclaration sur la manière dont ils/elles avaient obtenu leurs blessures, d’autres n’osent tout simplement pas faire le déplacement mais un grand nombre de blessé-e-s a décidé de porter plainte.

Nos protections physiques sont vaines face aux matraques et aux tirs de Flashball. Elles se résument à enduire nos foulards de citron pour parer au désagrément des gaz lacrymogènes. On nous reprocherait presque l’emploi de sérum physiologique pour nous nettoyer les yeux. Les avoir dans nos poches symboliserait, pour France 3 Bretagne [1], notre souhait d’en découdre avec les CRS. Mais la question n’est pas de savoir si oui ou non la manifestation sera émaillée ou structurée par la violence. Elle le sera forcément puisque les autorités s’entêtent dans leur décision à nous empêcher d’accéder à l’hyper-centre rennais, ce que nous dénonçons fermement. Nous essuyons systématiquement des salves de tirs de lacrymo dès que les manifestant-e-s tentent de se diriger vers la place de la mairie ou du parlement. Ces forces de l’ordre qui sèment le chaos tout en prétendant le conjurer n’ont pas besoin d’être provoquées ou « agressées » par les manifestant-e-s.

Ceux/celles qui tiennent le front dans les manifestations et que l’on nomme « casseur-se-s » n’ont pas des armes qui pourraient menacer ces armures vivantes. Leur crime est de soutenir des banderoles renforcées afin de prévenir les possibles jets de grenades lacrymogènes qu’ils s’empressent de renvoyer à leur expéditeur. Alors que les médias les incriminent de tous les maux, nous tenons à affirmer qu’ils/elles sont des manifestant-e-s comme les autres. Leurs actions, loin de décrédibiliser le mouvement, le pérennisent. Sans leur présence, nos cris s’étrangleraient dans nos gorges comme cela semble être le but du gouvernement. Ils/elles sont les défenseur-se-s de notre liberté de nous exprimer pour refuser ces lois iniques afin de proposer une société qui conviendrait au plus grand nombre. Quant aux tags, ils ne tuent personne mais marquent l’espace de notre présence et donnent à voir une souffrance et un espoir qui habitent nombre de femmes et d’hommes.

Nous assistons bel et bien à une sur-réaction concernant les actions de manifestante-s qui vivent leur cause tous les jours plus équipé-e-s et qui ne peuvent supporter de la voir se faire piétiner. Si la violence qu’exercent les policier-e-s est légale, ce qui est parfois contestable, elle est en revanche totalement illégitime. Il est illégitime de réprimer un mouvement social et politique qui ne s’exprime pas dans la violence mais tente de se défendre durant les quelques heures que durent les manifestations. Les hommes/femmes politiques de ce pays nous présentent cette réforme comme la seule façon de résoudre le chômage, ce mal qui ronge la France. Les socialistes, eux/elles-mêmes, se sont rallié-e-s à la cause de la dérégulation du code du travail achevant de créer un consensus avec la droite traditionnelle et le patronat. Ce consensus acte la mort de notre démocratie, il refuse le débat et fait le sourd face à la voix du peuple. De toutes les violences, c’est elle qui nous est la plus insupportable.

[Texte original disponible en téléchargement ici ]

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