Mars 2006
C’est pour moi, encore jeune lycéen, le début d’une lutte qui -comme pour beaucoup d’autres- me marquera profondément et durablement. Le 7 mars à Paris, c’est la première manif que je fais contre la « loi pour l’égalité des chances », dont l’article qui cristalisera le plus la contestation sera celui voulant mettre en place le CPE ou contrat première embauche. Déjà à l’époque il s’agissait d’une violente attaque contre le droit du travail sous prétexte de lutte contre le chômage, avec la création d’un contrat précaire destiné aux moins de 26 ans ainsi que toute une batterie d’autres mesures bien pouraves qui sont elles malheureusement passées.
Le 7 mars donc, j’en ai déjà fait des manifs dans ma vie, avec mes parents. Là je suis juste avec les potes du lycée, et au fur et à mesure que le cortège avance je croise de plus en plus de potes, celles et ceux avec qui j’étais au collège l’année précédente et qui sont allé-e-s dans d’autres lycées que le mien, je crois qu’ils/elles sont quasiment tou-te-s là. La météo n’est pas terrible, on se prend pas mal d’averses, mais quelle joie de se retrouver dans cette manif ! Dans certaines facs, ça fait déjà plusieurs semaines que la mobilisation a commencé, mais là aujourd’hui maintenant que les vacances sont finies c’est à notre tour, les lycéen-ne-s, de rentrer dans l’action.
Les jours suivant arrivent les blocages, les actions, les AGs enflammées, les occupations, les manifs gigantesques, les manifs sauvages, les affrontements avec la police... Tant de choses dont on ne peut pas réellement saisir le sens si on ne les a jamais vécues. Car oui, un mouvement social c’est avant tout vivre et expérimenter certaines situations qui n’existent pas le reste du temps, un quotidien complètement transformé l’espace de quelques semaines, un rapport aux autres et une vision du monde qu’on ne pouvait concevoir auparavant. Et puis toutes ces rencontres, ces personnes avec lesquelles on conserve des liens intenses encore plusieurs années après... Sans oublier ces discussions où le CPE est remis à sa place d’énième mesure d’un système qu’il faudrait détruire !
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