En ce sens, l’un des piliers de son programme politique est de mener une guerre contre les populations indiennes, les sans-terre et les « quilombolas » (communautés descendant d’esclaves afro-brésiliens) afin de reconquérir des territoires au profit des grands propriétaires qui pratiquent l’agriculture intensive ou d’autres projets permettant d’exploiter les ressources naturelles locales. Cette politique d’expansion territoriale du capital avait déjà été renforcée ces dernières années par l’ex-gouvernement du PT (Parti des Travailleurs), au travers des grands projets d’infrastructure du PAC – « Plan d’Accéleration de la Croissance » – ou de la création des Unités de Polices Pacificatrices en milieu urbain. Cependant, le nouveau gouvernement de Bolsonaro semble vouloir intensifier et militariser, encore plus, cette expansion.
Pour ce faire, il prévoit notamment de faciliter l’armement des grands propriétaires contre les Indiens, de qualifier juridiquement les mouvements de sans-terre en tant qu’organisations terroristes, d’interrompre toutes les démarches juridiques en cours visant à délimiter ou protéger les terres réservées aux populations indiennes etc.
Plus généralement, comme il l’a affirmé dès le lendemain du Premier tour des éléctions, il promet à ses électeurs de « mettre un point final à toutes les formes d’activisme » à travers le pays. La phrase est lourde de sens lorsque l’on sait que le Brésil a détenu l’an dernier le triste record mondial du nombre d’activistes assassinés – 57 en 2017 – étant la plupart du temps sans-terre, Indiens ou issus des favelas. Dans la plupart des cas, la responsabilité de la police ou d’autres représentants de l’État dans ces crimes est évidente. Il y a quelques années, Bolsonaro avait déjà affirmé publiquement que la Dictature militaire brésilienne (1964-1988) – dont le principal projet était l’éradication du « communisme » et de la « subversion » – n’avait pas été assez loin dans ses pratiques répressives et qu’elle aurait dû « tuer bien plus », à l’instar des Dictatures chiliennes et argentines.
Le projet gouvernemental autoritaire et ulta-répressif de Bolsonaro semble ainsi venir satisfaire les désirs des élites brésiliennes en proposant une réponse musclée et directe aux mouvements sociaux et aux multiples dynamiques d’occupation qui se sont renforcées ces dernières années un peu partout dans le pays : reprises de terres par des populations natives, occupations de grandes propriétés par les sans-terre, occupations de terrains ou d’immeubles par les mal-logés (parfois relatés sur Squat !net comme ici, ici ou là).

Depuis la fin du mois d’octobre, et au cours des deux mois qui ont suivi son élection – avant même sa prise effective de pouvoir, qui aura lieu le 1er janvier 2019 – les attaques contre des terres occupées et tentatives d’expulsions se sont déjà intensifiées, nous relatons ici toutes celles dont nous avons été informé.e.s :
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