"Dans cette addition de « je » incapables de former un « nous », la faiblesse devient une ressource politique et l’être victime un statut social porté en étendard. Toute la force de la faiblesse, toutes ses possibilités d’hégémonie en microcosme militant, reposent sur les tentatives de renvoyer toute prise de position politique déviante à une violence infligée et insupportable. « Tu me fais violence » et « je me sens mal » étouffent toute potentialité conflictuelle et féconde. Et dans un espace où la légitimité politique repose sur l’identité, toute voix dissonante est nécessairement celle de l’ennemi, de l’oppresseur, systématiquement singulier puisque tout est toujours une question d’individu."