BOURRASQUE-INFO.ORG

Site collaboratif d’informations locales - Brest et alentours

Récit de la manifestation anti-répression du 9 mai dernier

|

Un compte rendu de la journée, et des perspectives pour la suite.

Ce jeudi 9 mai 2024, s’est tenu une manifestation contre la répression impulsée dans le cadre de l’assemblée anti-répréssion de Brest. Cette manifestation était sous le coup d’un arrété d’interdiction préfectoral.
Contrairement à d’autres rendez-vous interdits cette année (Nouvel An, 10 Février), les flics ne sont pas parvenus à nous empecher de constituer un cortège et de partir en manifestation. Suite à cette manifestation en quelque sorte reussie, nous souhaitions tirer un bilan et le rendre public.

COMPTE RENDU DE LA MANIFESTATION

A l’heure prévue du rassemblement, 4 véhicules de police et des flics en armures étaient positionnés de chaque coté de l’arrêt de tram chateau avec pour objectif de disperser tout rassemblement, d’effectuer des contrôler et de verbaliser un maximum de personnes rassemblées.

A 17h - Malgré la présence policière, quelques personne présentes investissent le bas de la rue de Siam, une rangée de flics bloque la rue les empêchant de remonter celle-ci.
Nous sommes peu nombreux.ses, les flics tentent un nassage, un groupe de camarade jusque-là exterieur au dispositif policier, décide de franchir la ligne de flics pour nous rejoindre, et ainsi grossir le groupe. La tentative de nassage se révèle être un échec. Nous sommes alors une quarantaine, nous sortons banderole et mégaphone.

Notre volonté initiale était de contourner la rue de Siam pour remonter vers Liberté et rester dans l’hyper-centre. Le dispositif nous en empêchant, le cortége se dirige plus ou moins malgré lui vers le quartier de Recouvrance.
Le passage du pont est un moment de tension, des slogans sont entonnés et une arrestation à lieu. Le cortège reste compact et solidaire dans une ambiance joyeuse et déterminé.
Conscient.e.s des limites de déplacements des flics, nous empruntons les rues étroites de Recouvrance à destinations des Capucins pour tracter et nous faire entendre. Sur la route ça chante et il y a une bonne énergie collective.
Malheureusement, les Capucins comme les rues de Brest sont relativement vides en ce jours férié ensoleillé. Nous y restons quelques minutes pour tracter avant de nous regrouper pour décider de la suite. Nous décidons collectivement d’emprunter le Pont de l’Harteloire afin de se rendre Place de la liberté où a lieu une manifestation en soutien à la Palestine (Déclarée et autorisée). Mais cette option est rendue impossible car les keufs bloquent l’accès au pont. Nous nous redirigeons alors vers les rues de Recouvrance pour nous disperser.

Bilan repressif de la manifestation : une arrestation pour outrage lors d’un moment de friction sur le pont, et quelques contrôles d’identité avant et après la manifestation qui donneront sûrement lieu à des verbalisations pour participation à une manifestation interdite.

On tenait à noter qu’en parallèle de la manifestation, une grande banderole contre la répression a été déployée Place Guérin pendant toute la foire au croûtes, et des fêtes sauvages spontanées se sont tenues tous les soirs du jeudi au samedi place Guérin jusqu’au petit matin. Fêtes dont les flics sont restés à distance. L’occasion de renouer avec les bonnes traditions de la nuit Brestoise sans présence policière.


Être capable de tenir un rassemblement, une réussite pour l’assemblée ?

Tout d’abord, ce moment représente pour nous une réussite car l’objectif premier de l’action est réalisé. A savoir : la manifestations a eu lieu, l’interdiction a été collectivement bravée. Le pari derrière ce RDV était de casser la dynamique victorieuse de la préfecture sur les interdictions et de reprendre confiance en notre force collective. Si la préfecture nous a interdit de manifester, nous nous étions collectivement interdit d’annuler le rassemblement. L’idée étaient de se confronter à ce nouveau contexte répressif qui semble être la nouvelle norme avec laquelle nous devrons composer dans nos actions publiques désormais. Pour cela nous avions mis en place un certains nombre de choses pour réduire les risques légaux au maximum, même si tout.e.s participant.e.s risquait de fait une amende forfaitaire. Si notre action politique ne se réduit pas aux manifestations (et tant mieux), il nous est inconcevable de se laisser priver de cet outil par les autorités.
Le fait que ce cortège ait eu lieu est un message collectif fort sur notre capacité à déjouer la repression et à rester solidaires. De plus l’ambiance dans le cortège étaient très énergique et déterminée malgré la pression exercée par la police.

Si l’objectif minimal a été atteint, impossible de ne pas relever un certain nombre d’échecs qui ouvrent des pistes pour modifier nos pratiques :

  • Des personnes qui souhaitaient participer à la manifestation n’ont pas pu le faire à cause de l’action de la police. Présence intimidante en amont et dès le début du rassemblement, puis un cortège qui doit quitter très rapidement son point de départ et qui est ensuite difficile à rattraper (sans compter les flics qui se trouvent alors entre les retardataires et nous). Un tel dispositif oblige à être ponctuel et réactif, ce qui ne va pas forcément de soit habituellement lorsqu’on se rend en manifestation.
  • Au delà de ces personnes empéchées au dernier moment, il est clair qu’il y avait beaucoup moins d’affluence à cette manifestation qu’aux précédentes manifestation de cette année. Nous pensons que grâce à son action sur le nouvel an et le 10 février, la préfecture a reussi à imposer l’idée que si un rassemblement est interdit il n’aura pas lieu, ou il sera dangereux ou inutile de s’y rendre. La montée répressive fait réfléchir à deux fois avant de se rendre en manifestation. La manifestation que nous avons organisé vient contredire ce récit imposé par la préfecture.
  • Nous constatons aussi que nous avons échoué à reunir largement au delà des têtes connues, l’interdiction n’aidant pas. Ca donne envie de proposer des espaces où la question de la police ne se pose pas et qui peuvent être investis par d’autres personnes notamment les groupes de teufeur.ses, les assos, les syndicalistes avec lesquels nous avons déjà établis des liens. (ces espaces étaient déjà en réflexion dans l’assemblée en parallèle de l’organisation de la manif)
  • Au delà de l’action policière, l’assemblée a aussi fait un mauvais travail de publicisation de ses rendez-vous d’organisation, ce qui les rendait peu rejoignables et ne permettait pas à n’importe qui de se saisir d’un espace pour dépasser la peur de la répression par l’organisation collective. Difficile de rencontrer de nouvelles têtes par le bouche à oreille, difficile de se rendre seul.e à une manif interdite. Ce problème devrait être résolu sans trop de souci !

Enfin nous avons oublié de prévoir de quoi prendre des photos de notre super cortège pour le souvenir :(

AU DELA DES MANIFESTATIONS

Dans un climat social délétère, et suite à une vague répressive local, il nous semble plus qu’important de garder confiance en notre capacité à nous réunir, occuper l’espace public et déjouer les volonté de l’Etat de nous faire taire. L’organisation de rassemblements publics maintient un rapport de force, renforce les liens entre nous, et est un moment de visibilisation de notre lutte dans les espaces où nous vivons.

Mais, si l’année 2024 à Brest a été marquée par la question des manifestations et interdictions, nous pensons qu’il ne s’agit que d’un pan particulier de la répression.

La vague de répression nationale qui touche tous les espaces considérés comme subversifs ou trop remuants ne se contente pas de reprimer directement des évènements, mais tente surtout de nous rendre étranger.e.s les uns aux autres et de briser les affinités et liens qui se tissent entre différents espaces de la société. Faire en sorte que lorsque l’Etat nous tombe dessus on ne trouve personne pour nous tendre la main. Les attaques administratives sur les associations qui ont soutenu l’Avenir ou les pressions sur les employeurs de militants l’an dernier en sont un exemple criant. Il s’agit d’isoler socialement pour réprimer totalement

La capacité à faire front face à la police dans la rue ou dans les fêtes est capitale, contrecarrer la dissolution des solidarités est indispensable. C’est pourquoi nous souhaitons aussi construire et renforcer au travers de cette assemblée et de ce que nous y proposons, des ponts entre des personnes et groupes d’invidus qui se rencontrent peu mais qui subissent les mêmes attaques, pour les mêmes raisons fondamentales.
Si nous sommes confrontés à la répression, pour des raisons politiques, ou parce qu’on fait vivre une culture marginalisée, c’est toujours parce que nous souhaitons être acteur.rice.s de nos propres vies et exister comme nous l’entendons. C’est parce que nous refusons que ce soit l’Etat qui nous dicte comment défendre notre intégrité, comment se révolter contre nos oppresseurs, comment faire la fête, comment supporter une équipe, comment habiter les rues de notre ville....

Nous ne voulons pas d’une vie de misère et d’ennui.

Partout, ensemble, combattons la répression !

LES PROCHAINES ASSEMBLEES ANTI-REPRESSION :

- Mercredi 29 Mai à 18h, Fac Segalen à Brest

  • Mercredi 12 Juin à 18h, Fac Segalen à Brest
  • Mercredi 26 Juin à 18h, Fac Segalen à Brest

VOUS POUVEZ AUSSI CONTACTER L’ASSEMBLEE PAR MAIL : ag-antirep-brest chez riseup.net

proposer complement

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur bourrasque-info.org ?

bourrasque-info.org est ouvert à la publication. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment y accéder et procéder !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact bourrasque-info chez protonmail.com