Iaata.info n’a jamais été contacté par les enquêteurs pour donner des informations concernants les auteur-es d’articles publiés. Les personnes en charge des serveurs de Mutu s’engagent de toute façon à ne pas donner les adresses IP [1] des utilisateur.ices de leurs services [2].
Le procès d’un article, un procès politique
Nous ne reviendrons pas sur l’article visé dans la procédure, le texte déjà publié le fait déjà sufisamment bien.
Nous ne dirons pas non plus que la répression s’abat sur nous comme jamais, ni qu’avant c’était mieux, que la justice et la police étaient sympathiques. La tendance depuis longtemps à Toulouse comme ailleurs, est au sécuritaire. On arrête plus, on enferme plus, on donne plus d’amendes, on installe plus de caméras... Il suffit de jeter un coup d’oeil sur la rubrique "répression" de ce site pour voir qu’elle s’exerce avec toujours plus d’ardeur sur les pauvres, avec ou sans travail, avec ou sans papier, sur les travailleurs et travailleuses du sexe, sur les migrant.e.s, sur les jeunes racisé-es des cités... Pourtant ce constat d’ensemble ne doit pas nous conduire à minimiser ce qui se passe actuellement sur le terrain des luttes sociales.
Entre 2014 et 2015, la répression des oppositions à la construction du barrage de Sivens, dans le Tarn, n’a fait que s’amplifier. C’est dans ce contexte que s’inscrit cet énième procès contre la personne devenue "directrice de publication" de Iaata depuis quelques jours.
Depuis le mois d’août dernier, nous avons localement été confronté-es à :
- La violence régulière et croissante des forces de l’ordre, jusqu’à la mort d’un manifestant en octobre ;
- L’encadrement militaire de la ville de Toulouse contre les manifestations de protestation. Ici, nous n’avions pas connu ça. Nous avons eu le sentiment d’être dans un laboratoire d’entraînement visant à tester les limites d’acceptation de la population au déploiement policier ;
- La poursuite et la condamnation d’un très grand nombre de personnes avec des peines très lourdes, distribuées en comparution immédiate, dont de la prison ferme pour beaucoup ;
- Aujourd’hui une personne se retrouve prise dans les griffes de la justice à propos d’un article sur iaata.info
- ... la suite ?
Iaata.info, un espace de libre contestation...
Iaata.info ne vit que parce que nous nous en servons, tous et toutes, dans nos luttes ou pour nos coups de gueule, quand on doit se défendre - face à la police et à la justice oui, mais aussi face à nos patrons, à nos gouvernants, à nos médias dominants... - ou quand on veut créer, initier, essayer, gagner parfois, parfois se planter !
Ce sont toutes nos possibilités de contestation qui sont attaquées, brimées, conditionnées. Tenir un espace où puissent s’exprimer des points de vue, où puissent se réfléchir des choses en dehors (et en complément) des appartenances diverses, des listes internet privées ou pas, des facebook et autres réseaux, est un enjeu crucial pour visibiliser une position contestataire. Nous ne défendons pas une liberté d’expression creuse de toute réalité.
Nous voulons être visibles, sur internet comme dans la rue et sur les murs. Nous voulons contribuer à faire vivre ce lieu, à la fois virtuel et concret, où s’échangent et se confrontent les moyens de se battre contre l’ordre que défendent la police et la justice.
Nous utilisons la liberté d’expression, une expression anti-autoritaire, et c’est bien ça qu’on nous repproche. Si un procès n’était pas prévu le 29 juin prochain, nous aurions volontiers rigolé d’un titre tel que « directeur de publication ». Iaata est un espace au service des luttes, pas un organe de presse. Nous n’avons ni directeur, ni comité éditorial, nous fonctionnons en collectif. Iaata n’est ni un individu, ni une somme d’individus. Toi, moi, ta voisine de table au resto, le type que tu croises au bar... Iaata, c’est nous.
...dans un monde hostile
Cet espace que nous avons voulu construire et faire vivre, sur Iaata.info, n’est pas isolé. À Lyon, à Genève, à Paris, à Reims, à Tours, à Brest et ailleurs, nous sommes nombreuses à souhaiter propager les tribunes dont nous nous doterons pour nous exprimer. La répression de ces espaces n’est pas, elle non plus, une nouveauté. Le Jura Libertaire jusqu’à récemment ou Rebellyon, il y a quelques années, ont aussi eu à gouter aux procédures judiciaires intentées par les pouvoirs publics. Nous pourrions encore citer l’acharnement judicaire qui dure depuis sept ans contre le livre L’insurrection qui vient, ou la criminalisation par la justice italienne de l’écrivain Erri de Luca pour ses propos concernant la lutte contre le TAV du Val de Susa. Les exemples ne manquent pas. Ici aussi, c’est bien de censure politique dont il s’agit. Mais au delà, c’est aux espaces de création et de contestation que l’Etat, insatisfait de nos écarts de conduite à l’heure de l’Union nationale antiterroriste, s’en prend. Sa dernière trouvaille, la loi dite sur le Renseignement, actuellement en discussion au Parlement en "procédure d’urgence", laisse rêveuse... Consistant à généraliser à outrance la surveillance, nous allons dorénavant devoir redoubler d’imagination et d’inventité pour garder privées quelques portions de nos vies. Car nous ne sommes pas prêt.e.s à nous taire, à nous soumettre. Iaata.info libre et anti-autoritaire, tient à le rester...
Aujourd’hui une personne semble devoir payer pour les autres. Nous ne laisserons pas individualiser ce procès, ni sur le fond, ni sur la forme. Ce sont les pratiques d’auto média, d’expresion et de contestation qui sont attaquées de front. Nous constatons jours après jours les attaques contre les maigres acquis de plusieurs décénies de luttes et la continuité de l’exploitation et des dominations séculaires. Nous ne nous tairons pas parce que nous n’avons pas peur.
Le collectif de modération de iaata.info journal collaboratif d’information, sans maître et sans "directeur de publication"
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