Sommaire
Nous ne vous rappellerons pas ici l’invisibilisation des femmes dans l’espace public et politique, dans l’Histoire, etc.
Nous pourrions simplement citer un exemple très parlant : l’Académie française, cette institution, fondée en 1635 est composée de 40 membres élu’e’s par leurs collègues. Elle n’accordera une place à une femme qu’en 1980. En 2010, elle inclut 6 femmes : 6 femmes en 375 ans d’histoire !
Non, nous ne reviendrons pas sur les raisons de neutraliser une langue partagée par plus de 900 millions de femmes et d’hommes [1]. Nous espérons le lectorat d’un media comme paris-luttes.info, conscient de ces problématiques [2]. Par contre nous tenterons de répondre aux critiques qui sont opposées à l’utilisation d’une langue épicène [3].
Argument typographique : c’est dur à lire
En introduction on pourrait rappeler que la langue française comprend des mots, comme beaucoup, que la plupart des humains non-francophones préféreraient écrire bocu ou boku. La langue française est suffisamment alambiquée pour que cet argument ne pèse pas bien lourd. Et si vous trouvez cela si affreux de lire du français neutre, vous avez du arrêter de lire cet article depuis bien longtemps puisqu’aucun mot masculin n’a été utilisé comme norme pour un ensemble mixte.
L’idée de neutraliser la langue française comme toute innovation révolutionnaire prendra du temps à se mettre en place. Mais les difficultés du début s’estamperont rapidement et deviendront des habitudes dont on ne pourra plus se passer. Il suffit d’un peu de bonne volonté.
Argument pseudo-historique : c’est de l’avant-garde
Qui pense que le masculin dans la langue française a toujours été le genre neutre se trompe. On rappellera à ce propos que c’est Richelieu qui a introduit ces règles grammaticales et qu’à l’époque ça a soulevé une vive polémique au sein de l’intelligentsia féminine [4]. Le français est une langue latine qui comprend un genre neutre, et le féminin a été utilisé pendant très longtemps pour désigner des généralités. La meilleure illustration reste ce dialogue entre Madame de Sévigné et Gilles Ménage :
« Madame de Sévigné s’informant sur ma santé, je lui dis :
- Madame, je suis enrhumé.
- Je la suis aussi, me dit-elle.
- Il me semble, Madame, que selon les règles de notre langue, il faudrait dire : je le suis.
- Vous direz comme il vous plaira, ajouta-t-elle, mais pour moi, je croirais avoir de la barbe au menton si je disais autrement. »
Argument grammatical : c’est pas Français
Eh bien non, ce n’est pas français, de ce français qui édicte des règles sexistes et manipule la novlangue. L’évolution vers un français inclusif est une langue en lutte. Une langue mouvante qui parle de nos combats. Citons ici la super brochure de Maïa [5], elle nous dit ;
« J’en suis arrivée au point où la violence symbolique de ma langue maternelle, et néanmoins patriarcale, me saute aux yeux [...]. Alors je fais le choix d’arrêter de perpétuer cette dynamique sexiste (car je suis persuadée que la symbolique du langage influe sur la symbolique de la pensée) et de développer un outil égalitaire : un langage alternatif, une adaptation de ma langue avec mon combat féministe. »
Et pratiquement comment on fait ?
bah on lit la suite sur Partis Luttes Info
Notes
[1] http://www.francophonie.org/-80-Etats-et-gouvernements-.html
[2] pour plus d’information se référer à : Silvia Federici (1942-) Cristine Delphy (1941-), Pierre Bourdieu (1930-2002), Stasa Zajovic (1940-2016), Naomi Wolf (1940-2016), Alice Walker (1940-2016), Roya Toloui (1940-2016) Starhawk (1940-2016) Alice Schwarzer (1940-2016), Angela Davis (1940-2016), Audre Lorde(1875–1939) Simone de Beauvoir (1875–1939) Louise Michel (1801–1874), Rosa Luxemburg (1801–1874) Emma Goldman (1801–1874) Friedrich Engels (1801–1874) Voltairine de Cleyre (1801–1874), Olympe de Gouges (1701–1800)
[3] Un mot épicène, du latin epicoenus dérivé du grec ancien ἐπίκοινος « possédé en commun », est un mot qui n’est pas marqué du point de vue du genre grammatical et peut être employé au masculin et au féminin sans variation de forme.
[4] Sur l’histoire de la langue française masculinisée, lire le bon article sur wikipedia : https://wikimonde.com/article/F%C3%A9minisation_des_noms_de_m%C3%A9tiers_en_fran%C3%A7ais
[5] La brochure dont nous nous sommes largement inspiré’es pour écrire cet article : Comment et pourquoi féminiser le francais, Maïa 2010, disponible sur infokiosques.net et dans tous les bons infokiosques.
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