En écho à l’appel de Gilets Jaunes (GJ) de l’Est parisien, nous tenons à rappeler que la « démocratie directe » que certains gilets jaunes appellent de leurs vœux, notamment à travers le RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne), ne peut pas advenir dans le capitalisme. Que ce soit Référendum ou Débat Public , quelles que soient leurs modalités ou leurs conclusions, ils resteront inopérants dans le système économique actuel. Aucune égalité politique n’est possible tant que la grande majorité de la population restera soumise à un salaire pour survivre. Où est la liberté, où est l’égalité ? Comment peut-on être égaux ou libres dans la sphère politique quant on est soumis par le travail ?
Nous ne parviendrons pas à nous réapproprier les prises de décisions politiques, si nous ne reprenons pas en main nos moyens de subsistance (manger, se loger, s’habiller, se déplacer, se soigner, s’éduquer). Autant d’aspects indispensables à la vie vendus à de grandes entreprises multinationales qui n’ont que faire de la vie et de ce qu’on en pense. Leur seul but étant de s’enrichir en nous exploitant à travers le travail salarié, en nous rendant malades à travers un travail pénible qui n’a pas de sens et les marchandises (objets, services, etc.) qu’elles nous obligent à produire et à consommer (les scandales sanitaires s’enchainent avec les scandales de corruption, d’évasion fiscale, de pollutions, de dérèglements climatiques, etc.). La généralisation de l’économie dans tous les aspects de la vie est un projet politique : celui de discipliner les comportements pour rendre chaque instant, chaque faits et gestes productifs et rentables. Quand Macron, Castaner et leurs compères appellent à rétablir « l’ordre public », il faut comprendre « l’ordre économique ». On ne peut pas s’attaquer au pouvoir politique sans s’attaquer au pouvoir économique. Depuis le début, les modalités d’action du mouvement l’ont bien montré : c’est en bloquant l’économie que l’on fait réellement pression sur le pouvoir. Le RIC ne nous sortira pas de l’exploitation salariale qui nous vole tout le temps et l’énergie que nous pourrions consacrer à la politique et à la vie commune. Aucune avancée politique réelle ne sera possible tant que nous ne sortirons pas de l’économie qui nous domine.
Grève sauvage générale !
Le RIC, comme le Débat Public, tout comme les prochaines élections sont des impasses. Le mouvement le sait depuis le début, sinon il n’aurait pas commencé comme cela. Nous avons su éviter tous les pièges qui nous ont été tendus jusque là (cooptation par le gouvernement, désignation de représentants, récupération par les partis ou les syndicats, division entre bons et mauvais GJ, etc.). Nous ne devons pas tomber dans le piège de la démocratie participative. Tous les pays où le RIC ou son équivalent existe nous prouvent qu’il ne change rien à l’infernale exploitation des masses. La Suisse n’est-elle pas le centre de la finance européenne ? Un pays réglé à l’horloge capitaliste la plus crapuleuse ? Il est très facile pour un gouvernement de mettre en place des petits ilots législatifs ou constitutionnels à initiative citoyenne. Mais que ce soit clair : jamais ces micros-espaces décisionnels ne nous permettront de renverser le cours des choses !
Ils resteront cantonnés à des questions sans importances et ne nous permettrons pas de nous attaquer à la véritable source de nos malheurs : l’économie, le capitalisme. L’État sert l’économie, et pas l’inverse ! Aucune décision politique ne peut renverser l’économie. Souvenons-nous de la Grèce et de l’humiliation qu’elle a subie lorsqu’elle a osé croire qu’un gouvernement pourrait lutter contre la banque centrale européenne et le FMI ! Si un gouvernement ne peut rien, le RIC ne pourra rien non plus ! C’est directement à l’économie qu’il nous faut nous attaquer. Et c’est en nous organisant dans une lutte contre l’État qui la sert, et non avec lui en lui demandant de nous céder le RIC que nous y parviendrons ! Il n’y a pas plus à attendre du RIC que du débat public : L’État ne sert pas nos intérêts et ne les servira jamais : il est soumis, lui-même dominé par l’économie mondialisée dont nous sommes les victimes et dont des milliards d’hommes, femmes et enfants sont les victimes à travers le monde. Mais l’économie mondiale, elle commence ici, dans nos entreprises, dans l’économie française qui exploite tant de ressources étrangères et finance des guerres pour s’assurer la main mise sur les matières premières nécessaires à la croissance des profits dont seule une minuscule élite voit la couleur. Honte à eux ! De leur argent sale, nous n’en voulons pas !
Le RIC part du désir que notre destin ne soit plus livré aux mains de quelques-uns qui ne pensent qu’à s’enrichir en nous exploitant et qui soumettent la loi en leur sens. Allons au bout de notre désir ! Puisque l’État sert le capitalisme qui nous exploite, puisque le salariat est la condition de notre misère :
Réapproprions-nous les moyens de production et décidons ensemble de ce qu’il est souhaitable de produire et comment ! Assumons notre désir de vivre libéré des chaînes de la misère.
C’est maintenant aussi sur nos lieux de travail, en plus de la rue et des ronds-points, qu’il nous faut nous trouver et nous organiser . N’attendons pas les syndicats, nous n’avons plus le temps d’attendre qu’ils se décident. Notre force est de toute façon aujourd’hui bien plus grande.
Organisons-nous ensemble sans rien demander à l’État, et en reprenant tout ce qu’il nous a été volé et qui a été volé à nos ancêtres au cours de l’Histoire. Bloquons les entreprises et reprenons définitivement le contrôle dessus afin de décider si ce que nous y faisons et si la façon dont nous y travaillons a un sens ou si notre énergie serait mieux dépensée ailleurs. Reprenons les terres et cultivons les ensembles ! Comme cela se faisait avant. Reprenons les villes, quartier par quartier, nous les avons construites !
NI RIC NI DÉBAT PUBLIC
POUR UNE RÉELLE AUTONOMIE MATÉRIELLE ET POLITIQUE !
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