Nos lecteurs sont certainement familiarisés avec les approches de la situation vénézuélienne que les camps étatiques en lice ont promues et c’est justement eux et leur fond de commerce mensonger que nous visons ici, en essayant de rendre clair un panorama que l’on a fait tant d’efforts opiniâtres pour brouiller. D’un côté, les tenants du capitalisme libéral et leurs bouffonneries politiques de démocratie représentative électoraliste, présentent le désastre vénézuélien comme le résultat inévitable de toute recherche d’alternatives à leurs recettes économiques et politiques, de l’autre côté, l’on trouve les chantres du capitalisme d’État et leur socialisme autoritaire caricatural. Les deux camps cherchent à tout prix aussi bien à se reconnaître mutuellement comme les seules options valables de lecture et des feuilles de route pour la société vénézuélienne qu’à dissimuler leurs similitudes frappantes lorsqu’il s’agit de définir et de mettre en oeuvre les stratégies d’oppression et d’exploitation au service de l’État et du Capital imposées à la collectivité.
Relever l’identité fondamentale de vues entre ces deux interprétations dont l’une se dit « démocratique » et l’autre « de gauche socialiste » déplaira à ceux qui adhèrent à l’une ou à l’autre mais, au journal El Libertario, nous n’avons eu de cesse de présenter des preuves catégoriques qui le démontrent, et ce depuis de nombreuses années. Ainsi, par exemple, les uns et les autres jacassent sur l’anticapitalisme comme étant à la base de la définition du régime bolivarien : il suffit de rappeler que les gouvernements de Chavez et de Maduro ont répondu à des invitations répétées et conclu des accords avec le capital international pour l’associer au développement du modèle d’exploitation et d’extraction des ressources naturelles du Venezuela, une politique qui mène, avec la proposition officielle d’exploitation de l’Arc Minier de l’Orénoque, à la soumission et la reddition écocide totale, avec le soutien muet de cette opposition parlementaire qui crie haut et fort sur d’autres sujets mais qui, de part son approbation tacite, laisse entendre clairement que si elle arrivait au pouvoir, elle ne modifierait pas ce modèle de pillage et de spoliation.
Un autre terrain de convergence consiste à passer sous silence la nature militariste du régime chaviste, une caractéristique de la première heure qui s’est renforcée au fil des ans. Maintenant, en particulier, alors que l’on négocie avec les militaires l’abandon de leur soutien à Maduro, on leur offre une impunité (sous couvert "d’amnistie") pour toute l’étendue de leur responsabilité dans les abus et la corruption caractéristiques d’un régime dont ils ont été le soutien déterminant. Les deux interprétations dominantes de la crise nationale se donnent beaucoup de mal pour contourner le fait que, depuis son accession à la présidence, Chavez a donné la priorité à la présence militaire dans les divers exercices du gouvernement, du jamais vu au Venezuela depuis la dictature militaire des années 50. Cette domination de l’armée n’a fait que s’accentuer le long de son mandat et s’est même renforcée à partir de 2013 avec Nicolas Maduro, atteignant une telle prééminence qu’elle a été l’un des traits dictatoriaux les plus marqués de ce régime. Avec la "transition" qui a été proclamée, on devine que l’état d’esprit de la claque politique prête à occuper le pouvoir étatique, est à laisser l’élite militaire la part la plus juteuse du butin dont ils ont profité ces dernières décennies : « socialistes » aussi bien que « démocrates » cèdent donc face à la funeste réalité du chantage militariste qui s’impose et grandit au Venezuela en ce XXI siècle.
Ingérence de pouvoirs externes : vu, pas vu.
Les porte-drapeaux de l’un et l’autre camp râleront arguant que nous sommes en train de laisser de côté un aspect essentiel de l’affrontement acharné qui les oppose, leur dénonciation tonitruante de la bande rivale comme valet des intérêts étrangers. Pour l’opposition de droite et social-démocrate, la méchante ombre étrangère est en premier lieu la dictature cubaine, qui n’a pas seulement été un parasite du revenu pétrolier vénézuélien jusqu’à il y a peu florissant mais aussi un facteur décisif pour imposer un modèle autoritaire qui essaye de marcher dans les pas de celui de La Havane ; puis on nomme la Chine, qui gravite de plus en plus en tant que financier et créancier du gouvernement vénézuélien, et la Russie, avec un poids économique moindre mais un soutien politico-militaire conséquent ; on cite aussi la présence, désormais en déclin comme les recette pétrolières qui l’alimentaient, de gouvernements qui profitaient au plan économique et politique de leurs relations avec l’État vénézuélien, ce qui est également vrai pour des groupes paraétatiques comme la guérilla colombienne, auparavant les FARC et à présent l’ELN. Pour les chavistes, la "Bête Noire" extérieure, par excellence, est l’impérialisme des États-Unis, qui sous la houlette de l’abominable Trump, joue ce rôle à merveille selon les canons de la propagande de la gauche marxiste. Après on trouverait toute la troupe de laquais, valets et associés de moindre importance des yankees.
Il est curieux de constater que, pour une bonne part, les deux angles de vue se nourrissent de faits avérés et vérifiables, face auxquels le camp adverse déploie de gros efforts pour faire la sourde oreille, de sorte, par exemple, que la présence, impossible à dissimuler voire ostentatoire, de fonctionnaires cubains dans des installations militaires et de sécurité de l’État, semble une donnée invisible pour les uns, les autres ayant une attitude similaire quand ils ne voient pas les accord de type usurier que le Gouvernement de Maduro a conclu avec la banque internationale, volonté d’ignorance pour laquelle, par ailleurs et une nouvelle fois, trouve un accord discret avec leurs « ennemis jurés »
Rédaction El Libertario
(Traduction Monica Jornet, Editions du Monde Libertaire)
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