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[ACAB] Interpellation mortelle à Bezier pour « non respect du couvre-feu »

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Un homme de 33 ans est mort au commissariat de Béziers vers 23h30 ce mercredi 8 avril, après son interpellation par la police municipale pour “non respect du couvre-feu”. Il venait d’être interpellé pour non-respect du couvre-feu qui court de 21h jusqu’à 5h du matin. Il est décédé quelques instants plus tard dans les locaux de la police nationale alors que les gardiens de la paix avaient tenté un massage cardiaque et fait appel aux pompiers pour venir en aide à la victime.

Selon le récitpublié par France Bleu jeudi, trois policiers municipaux décident, vers 22h30, de contrôler un homme qui marchait dans les rues de Béziers, alors que son maire Robert Ménard, qu’on ne présente plus — raciste, islamophobe et adepte de la théorie extrémiste du “grand remplacement” — avait été parmi les trois premiers maires, dès le 21 mars, à décréter un couvre-feu interdisant tout déplacement de 20h à 6h (*).

L’interpellation est brutale. Le procureur de Béziers fera cette déclaration jeudi 9 avril :

Les policiers municipaux entendus dans la nuit en audition libre ont expliqué avoir eu des difficultés à le menotter puis à le faire entrer à l’arrière de leur véhicule en le maintenant sur le ventre. Un policier municipal se serait alors assis sur les fesses de l’individu encore très excité dans le but de le maintenir jusqu’à sa conduite au commissariat de police à quelques centaines de mètres du lieu d’interpellation. Il se serait calmé au cours du bref transport, les trois policiers affirmant l’avoir entendu “ronfler”, leur laissant penser qu’il s’était endormi.

Procureur de Béziers

Pourtant, à leur arrivée au commissariat, l’homme ne respire plus et son décès est constaté à 23h30.

Le parquet a ouvert une enquête pour homicide involontaire. Voici les faits rapportés dans l’introduction d’un article de Midi Libre publié jeudi 9 avril.

Très rapidement, comme toujours, les premières dépêches et les articles mettent le paquet pour criminaliser la victime. Comme si avoir un casier judiciaire justifiait de mourir étouffé dans une voiture de police. La machine à fabriquer l’impunité se met rapidement en marche.

Le reste de l’article vise à convaincre le lecteur que la mort de cet homme importe peu : « La victime [est] un accro aux stupéfiants bien connu de la ville. […] Les policiers municipaux auraient eu du mal à l’arrêter, mais c’est souvent le cas avec les toxicomanes. Ce dernier était très connu de la justice et avait posé des problèmes à plusieurs reprises aux forces de l’ordre. Le 5 avril, il avait d’ailleurs été placé en garde à vue pour un vol à l’arraché. » Le média Métropolitainparle d’un « SDF » qui « avait déjà été interpellé dans la journée pour des dégradations volontaires d’un véhicule ». Il était donc SDF, mais n’avait pas respecté le couvre-feu ?

Ces informations proviennent de sources policières, mais elles sont livrées sans conditionnel, alors que les policiers cherchent précisément à se protéger, et cela passe par la diffusion dans la presse d’éléments de langage visant à les disculper et à marginaliser la victime. Midi Libre et Métropolitain reçoivent quotidiennement des messages de la police pour remplir leur sinistre rubrique « faits divers », et ils rendent la pareille à diverses occasions, notamment en les protégeant lors de suspicions d’homicide.

De plus, selon les premiers éléments, l’homme est d’abord présenté comme sans domicile fixe avant que, étrangement, cette mention ne disparaisse progressivement de tous les articles relatant sa mort. Serait-ce pour éviter tout lien entre cette mort et l’action municipale, qui, ce même jour (source France 3), a fait enlever l’ensemble des bancs publics de la ville ? Une ville où la “police”, sous toutes ses formes, est particulièrement choyée. En 2015, la ville se vantait déjà de ses nouvelles armes à feu en dotation pour les policiers municipaux en en faisant la publicité dans les rues de la ville (photo de une). Bien avant le confinement, en février 2020, Ménard était fier de communiquer sur le lancement de “patrouilles mixtes” composées de policiers nationaux et municipaux. “Les agents partagent les mêmes locaux. Une mutualisation des moyens pour une meilleure proximité” (source France Bleu).

Pourtant, de nombreuses personnes vivent des conditions de confinement difficile voire misérables. S’appliquer à rendre aussi invivable l’extérieur que l’intérieur relève du pur cynisme. La ville de Béziers a, depuis longtemps, une longueur d’avance sur le devenir fasciste de notre société.

Le 8 avril, ce n’est pas une des armes à feu dont sont équipées la police municipale de Béziers qui a tué un homme, mais bien, une nouvelle fois, une “technique d’immobilisation” : au moins un des agents s’est assis sur l’homme allongé à plat ventre et menotté dans la voiture. Ces techniques détestables sont responsables d’un nombre conséquent de décès, provoqués par des interventions des forces de l’ordre, comme le rappelle la campagne “Laissez-nous respirer !” du Collectif vies volées qui lutte depuis des années pour leur interdiction totale.

Depuis 1977, on compte au moins 82 personnes mortesalors qu’elles étaient en état d’arrestation dans un commissariat ou une gendarmerie, ou lors de leur transfert alors qu’elles venaient d’être interpellées, sans évoquer toutes les victimes qui n’ont pas été recensées.

Rappelons que le maire de Béziers Robert Ménard, élu en 2014 avec le soutien de l’extrême-droite et réélu en mars 2020, a été l’un des premiers à instaurer un couvre-feu, et vient de faire retirer les bancs municipaux pour faire respecter le confinement.

Article réarangé depuisLepoing.net et désarmonsles.net

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