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Quand antiterrorisme et droit commun se confondent

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Dans l’ouest aussi les perquisitions administratives tombent par dizaines, sans que l’état n’obtienne de résultats dans sa « guerre contre le terrorisme », pourtant certaines perquisitions débouchent sur des garde à vue et des convocation en justice, mais pas pour « terrorisme », pour des délits de droit commun

Déjà plus d’une douzaine de perquisitions, sans résultats…

Dans la nuit de jeudi à vendredi 80 policiers ont perquisitionné simultanément les locaux de la mosquée Sunna à Brest, ainsi que le domicile de son imam [1]. Malgré ce déploiement de force rien d’incriminant n’aurait été découvert, et la police n’a procédé à aucune interpellation. La presse nationale a largement relayé cette info spectaculaire comme si elle signifiait quelque chose quant à la culpabilité de l’imam, comme si une perquisition était synonyme de culpabilité.

À travers l’ouest au moins une dizaine d’autres perquisitions administratives ont eu lieu : trois dans le secteur de Quimper, mais aussi à Brest, Dinan, Loudéac, Laurénan, Rennes et Nantes à plusieurs reprises [2] À chaque fois rien ne permet à la police de lier les personnes visées à une activité terroriste, les perquisitions débouchent pourtant parfois sur des interpellations et des convocations en justice…

Des perquisitions administratives pour des délits de « droit commun » ?

À défaut de trouver des terroristes sanguinaires prêts à passer à l’action, la police se rabat sur ce qu’elle peut. Lors d’une de ces perquisitions, un peu de shit a été découvert, lors d’une autre ce sont deux téléphones volés ; à Nantes les flics ont eu plus de « chance » et ont découvert une arme de poing, 600 grammes de cannabis et 1000€ en liquide ; à Riec-Sur-Belon c’est une réplique de kalachnikov et une centaine de munitions de 22 long rifle qui ont été découvertes.

Bien évidemment l’état d’urgence ne permet pas de passer l’éponge sur les délits découverts « en marge » d’une perquisition administrative justifiée par des soupçons d’activités terroristes, c’est donc après avoir fait l’objet de procédures exceptionnelles permises par l’état d’urgence que plusieurs personnes devront répondre devant la justice de simples délits : recel de matériel volé, consommation ou trafic de stupéfiants, détention d’armes sans autorisation ou déclaration...

Les enquêtes anti-terroristes se déroulant de manière totalement opaque, difficile de savoir ce qui a décidé les préfets à ordonner ces perquisitions et ce qu’ils cherchaient véritablement. Rien ne permet non plus de savoir si à l’avenir les perquisitions administratives ne seront pas couramment utilisées pour faciliter et accélérer les enquêtes de « droit commun ».

Mise en examen pour « apologie du terrorisme »

À Brest un homme a été interpellé et placé en garde à vue pour avoir mimé un tir de mitraillette lors du passage d’un fourgon de police : il a été mis en examen pour « apologie du terrorisme » et placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le département et obligation de pointer régulièrement au commissariat. Mais là encore l’enquête ne s’est pas arrêtée sur les simples accusations autour du terrorisme : son domicile a été perquisitionné et 15000€ en liquide ont été retrouvés, il devra donc, en plus de l’accusation « d’apologie du terrorisme », répondre à celle de « travail dissimulé et blanchiment d’argent, en lien direct avec son activité professionnelle ».

À travers toute la France ce sont des dizaines d’inculpations et de condamnations – certaines allant jusqu’à de la prison ferme – pour « apologie du terrorisme » qui sont tombées, un cas qui est donc loin d’être isolé...

Les contrôles et patrouilles de police renforcés

En plus des perquisitions administratives, la présence policière a été renforcée partout en France. À Brest des mesures de "présence maximale" ont été prises : montrer au maximum la présence de la police sur la voie publique en envoyant patrouiller de nombreux véhicules (quitte à ce qu’il n’y ait qu’un fonctionnaire dedans, l’important c’est l’impression d’une omniprésence), restriction des congés pour injecter un maximum de policiers sur la voie publique. Les policiers ont aussi été équipés de gilets pare-balles lourds et armés de pistolets mitrailleurs.

Nul doute que la multiplication des patrouilles entraînera inévitablement la multiplication des interpellations, là encore souvent pour des faits n’ayant aucun rapport avec le terrorisme mais plus avec la « délinquance de proximité », dont le commissaire Allegri a fait sa priorité depuis son arrivée à Brest en 2014.

L’état d’urgence est décrété depuis une semaine mais aussi pour les trois prochains mois, largement le temps de voir se multiplier les condamnations sévères et les abus des préfets et d’ancrer durablement une présence policière renforcée dans le paysage urbain.

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