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Contribution à la critique de la religion, des idéologies et des pensées identitaires

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Depuis quelques temps déjà, des groupes et des personnes apparentés à la grande famille de la gauche gestionnaire mais aussi de la gauche dite « radicale » en France tiennent un discours teinté d’opportunisme et de complaisance à l’égard de la religion et notamment de l’islam. Il s’agirait, pour ces tendances et les personnes qui les animent, de dénoncer un racisme d’état et culturel de plus en plus développé que subissent les personnes musulmanes ou supposées telles. [...]
Pour notre part, il nous semble bien qu’il y a, derrière ce qu’il est désormais courant d’appeler islamophobie , une stratégie du pouvoir et de certains groupes politiques pour constituer un ennemi intérieur incarné par la figure du « musulman ». En somme, il s’agit de créer et d’assigner à des personnes un rôle de bouc-émissaire.[...]
Pour autant, la réponse que diverses tendances politiques plus ou moins « radicales » apportent à cette situation, nous apparaît fondamentalement problématique et parfois sans aucune finesse au regard de ce que nous devons porter en tant qu’autonomes et anti-autoritaires.
Premièrement, car en tant que personnes qui souhaitons tendre à une réelle émancipation individuelle et collective, nous pensons que la religion, en tant que vision du monde aliénée et aliénante, dépossédée et dépossédante, doit être critiquable et critiquée . Deuxièmement, nous trouvons que la réponse apportée à cette situation, traitée d’un point de vue politicien voire identitaire peut compliquer un véritable processus d’émancipation sociale et politique, point de vue qui semble d’ailleurs être de plus en plus partagé au sein de la gauche et de ses tendances dites « radicales ». Il est donc nécessaire, en tant qu’autonomes, d’établir une réelle distinction critique et politique, entre des tendances que nous considérons potentiellement contre émancipatrices et celles que nous estimons potentiellement subversives. Ainsi, nous espérons que ce texte puisse permettre d’enrichir le débat et la critique, d’aider à la constitution d’un camp politique qui vise au développement de l’idée d’une révolution sociale voire de la révolution tout court.

[Ce texte a été écrit il y a déjà plus d’un an. Il a seulement tourné entre quelques camarades au sein de divers groupes autonomes sur Brest. Son « ancienneté » explique notamment que certains sujets en soient absents. Par exemple, il n’y est pas question des événements récents en Iran, à savoir la lutte d’une partie de la population contre le régime autoritaire et religieux iranien. Cependant, malgré la relative ancienneté du texte et des exemples qu’ils citent, il apparaît intéressant de rendre public ce texte pour aider à la critique et au camp de l’émancipation. Enfin, ce texte s’envisage comme une contribution (comme son titre l’indique), il n’a donc pas la prétention d’être totalement complet dans les sujets qu’il aborde, que ce soit au niveau de la « théorisation » ou de la critique.]

Introduction

Depuis quelques temps déjà, des groupes et des personnes apparentés à la grande famille de la gauche gestionnaire mais aussi de la gauche dite « radicale » en France tiennent un discours teinté d’opportunisme et de complaisance à l’égard de la religion et notamment de l’islam. Il s’agirait, pour ces tendances et les personnes qui les animent, de dénoncer un racisme d’état et culturel de plus en plus développé que subissent les personnes musulmanes ou supposées telles.

Pour notre part, il nous semble bien qu’il y a, derrière ce qu’il est désormais courant d’appeler islamophobie , une stratégie du pouvoir et de certains groupes politiques pour constituer un ennemi intérieur incarné par la figure du « musulman ». En somme, il s’agit de créer et d’assigner à des personnes un rôle de bouc-émissaire. Ce processus est engagé pour aider à la réalisation d’une unité nationale fantoche, dont le but est de rendre difficilement visibles les rapports sociaux entre des classes antagonistes et les membres d’une société divisés par des rapports hiérarchiques multiples et aliénants. Il va de soi, qu’en tant que personnes souhaitant en finir avec ce monde basé sur l’exploitation et la domination, nous ne remettons pas en question l’existence réelle de ce processus de création d’un ennemi intérieur et les répercussions néfastes qu’il peut avoir sur des personnes en France. Pour autant, la réponse que diverses tendances politiques plus ou moins « radicales » apportent à cette situation, nous apparaît fondamentalement problématique et parfois sans aucune finesse au regard de ce que nous devons porter en tant qu’autonomes et anti-autoritaires.

Premièrement, car en tant que personnes qui souhaitons tendre à une réelle émancipation individuelle et collective, nous pensons que la religion, en tant que vision du monde aliénée et aliénante, dépossédée et dépossédante, doit être critiquable et critiquée . Deuxièmement, nous trouvons que la réponse apportée à cette situation, traitée d’un point de vue politicien voire identitaire peut compliquer un véritable processus d’émancipation sociale et politique, point de vue qui semble d’ailleurs être de plus en plus partagé au sein de la gauche et de ses tendances dites « radicales ». Il est donc nécessaire, en tant qu’autonomes, d’établir une réelle distinction critique et politique, entre des tendances que nous considérons potentiellement contre émancipatrices et celles que nous estimons potentiellement subversives. Ainsi, nous espérons que ce texte puisse permettre d’enrichir le débat et la critique, d’aider à la constitution d’un camp politique qui vise au développement de l’idée d’une révolution sociale voire de la révolution tout court.

D’où partons nous ? Notre camp est celui de l’autonomie politique

L’autonomie comme mythe et comme vision du monde

Il faut le dire clairement, nous ne sommes pas de gauche, nous sommes encore moins laïques, nous sommes contre toutes les mystifications idéologiques qui embaument les rapports merdiques dans lesquels nous sommes enserrés. Et ces rapports nous voulons les abolir et dès à présent construire les nôtres avec pour base : aucun pouvoir au dessus de nous, tout le pouvoir pour nous [1]. Nous pensons que cela est une des bases pour tendre à la constitution d’un camp politique autonome. Pour se faire, nous estimons qu’il faut tout d’abord assumer la part du mythe dans notre vision politique car, le mythe, est constitutif de la manière dont les individus envisagent leur rapports sociaux. De plus, le mythe est une force constante de mobilisation des individus ayant à cœur de réaliser leur vision politique.

Cependant, il ne faut pas, comme nombre de représentations du monde existantes ou qui ont existé, l’envisager sous la forme du mythe aliénant, en dehors de nous, qui s’exerce sur nous. En gros, nos mythes ne doivent pas être religieux, ils doivent être envisagés comme ayant une base « rationnelle » et non aliénante. Il faut comprendre que nous les produisons, qu’ils nous appartiennent et ne sont jamais une force supérieure à nous, il s’agit juste de notre force potentielle médiatisée sous telle ou telle forme. Par exemple, sous la forme de personnages ou de situations archétypales, de récits, d’une mémoire commune. Des notions que l’on retrouve exprimés par exemple au travers de divers médias culturels comme la musique, le cinoche, les jeux-vidéos, la photo, la peinture, les livres etc etc. Il ne faut pas les idolâtrer, les fantasmer. Non, il faut que nos mythes soient issus de l’histoire, de notre pratique politique, des rapports dans notre vie quotidienne, nourri par un vécu négatif comme positif, et qu’ils agissent en retour dessus, de manière à aider à la transformation de ce monde mortifère. A partir du moment où nous assumons le rôle des mythes et le fait que nous en produisons, nous seront alors plus à même de nous en servir dans notre intérêt en tant que personnes souhaitant s’émanciper de toutes les tutelles.

L’autonomie comme réappropriation « individualiste » et communiste du monde

L’autonomie est aussi un projet communiste tout autant qu’ « individualiste ». Pour nous, il n’y a pas de liberté réelle en tant qu’individu, sans égalité réelle entre tous les individus. Nous ne sommes pas individualistes dans le sens que la société marchande met derrière ce terme, sens qu’elle concrétise par ailleurs actuellement et cela à l’échelle du globe. Nous ne souhaitons pas un monde d’individus rois atomisés, qui ne sont en fait que des objets les uns pour les autres et non pas des personnes qui souhaitent agir collectivement pour être potentiellement maîtres d’elles-mêmes et de leur destinée. Non, nous sommes « individualistes » car, en tant qu’individus, que personnes à part entière, nous avons conscience de notre unicité, il n’y a pas deux personnes pareilles et cela même si nous sommes traversés par les mêmes rapports et que nous développons des façons de penser, d’interagir, de vivre, des désirs et affinités communes. Notre but, en tant que personne unique, est que tout nous appartienne en propre, c’est-à-dire que nous n’aliénons pas une miette de notre pouvoir au profit d’une entité ou d’une autre personne. Et cela est valable pour tous les aspects de la vie humaine, donc des besoins matériels comme des désirs et de leur mise en relation avec d’autres êtres humains.

Cependant, nous sommes aussi communistes car nous avons conscience que ce qui fait de nous des êtres humains et donc des individus à part entière, c’est le fait que nous faisons société. En gros, nous avons beau être uniques, nous sommes uniques toujours en rapport au reste des êtres humains avec qui nous avons des rapports sociaux. La réappropriation de notre pouvoir doit donc être collective si l’on souhaite qu’elle ait réellement lieu, du moins qu’elle s’amorce un tant soi peu dans le réel. Cela implique concrètement, dans le monde marchand actuel, l’abolition de la propriété privée par la mise en commun des moyens de production et d’échange, condition de l’abolition du travail et de la fin de l’aliénation marchande. On en est encore loin, mais ce but du vieux mouvement prolétarien est encore le notre, il est une étape et une condition nécessaire pour un projet un tant soi peu ambitieux d’une réelle émancipation globale. Tous ces aspects doivent nourrir et influencer notre pratique politique si nous souhaitons participer à un processus révolutionnaire intéressant. Il n’y a pas de recettes miracles, ni de modèles parfait et préétablis d’organisation, mais il est nécessaire d’avoir des principes et objectifs de base, des principes partagés pour être une réelle force de proposition et de transformation à notre échelle.

La religion comme vision du monde aliénée et aliénante, dépossédée et dépossédante

Loin de nous l’idée de nous lancer dans une histoire minutieuse des religions à l’échelle du monde mais il nous apparaît important d’apporter tout de même quelques éclaircissement sur ce que nous entendons par le terme de religion. De plus, il nous apparaît intéressant à partir d’une définition générale, de présenter succinctement à partir d’exemples historiques, ce que la religion a pu impliqué politiquement. On pourra ainsi voir les similitudes de fonctionnement entre ces différentes productions humaines que constituent les systèmes religieux. Les exemples qui seront fourni suivent surtout le processus historique ayant eu cours en Europe mais aussi en partie au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et de l’Ouest.

tentative de définition et origine

La religion est une vision du monde, une vision qui implique des rapports sociaux et politiques spécifiques basés sur la croyance en des préceptes divins et sacrés. De plus, il s’agit d’une vision plus ou moins totale du monde qui régit tout ce qu’il comprend, lois physiques, origine de l’univers, rapports des individus entre eux et avec le monde « physique ». Chacune des religions, au regard des conditions matérielles qui lui sont propres (environnement, structures sociales, politiques économiques) , constitue ses propres mythes, ses propres structures de pensées, d’interprétation du monde qui déterminent à leur tour la société dont elle est issue. Comme dans tout rapport lié aux sociétés humaines, il y a au fur et à mesure du développement historique un phénomène d’interdétermination. A la base, il s’agissait pour les individus de se représenter le monde et leurs rapports dans une optique de compréhension de ce monde et de ces différents rapports. La vision religieuse de monde est donc une manière dont des sociétés et les individus qui la composent envisagent leur activités, leur production et leur milieu. Mais, cette manière de voir les choses est, comme nous l’avons dis, basé sur le sacré, le divin et la séparation. C’est à dire que, à un moment de l’histoire, des entités, crées de toutes pièces collectivement par des individus, sont posées en dehors d’eux mêmes, comme des êtres distincts des autres êtres vivants plus ou moins omniscients et puissants, elles sont constituées comme des divinités. Ces divinités, êtres non-humains, sont souvent des divinités partielles et partialisées, pas forcément omniscientes. De plus, les cultes et l’adoration dont elles font l’objet sont parfois assez lâches. Mais, elles restent des êtres distincts, en rapport avec le monde humain mais existant en dehors de lui. Par exemple, les religions dites païennes qui avaient cours durant ce qu’on appelle l’antiquité en Occident, sont des systèmes religieux où de multiples divinités peuvent représenter et être associées à divers éléments de la « nature ». Cela peut être la mer, la terre, le ciel mais aussi une rivière, un arbre, une roche, un animal etc. Mais, les divinités représentent aussi parfois diverses valeurs, sentiments et interactions humaines comme la sexualité, l’amour, la haine, le commerce etc etc. Elles peuvent prendre des formes très multiples, être révérées de telle ou telle manière mais elles ne sont pas encore envisagées comme forcément « omniscientes ».

Dans certaines parties du monde, au Moyen-Orient, dans le bassin méditerranéen puis en Occident, avec le développement puis l’hégémonie des religions à Dieu unique, comme le judaïsme, le christianisme puis l’Islam (toutes les trois des religions révélées), on assiste à une forme de création d’une divinité omnisciente créatrice du monde, responsable des lois sensées le régir tant physiquement que socialement et politiquement. On pourrait dire que, dans les régions du monde d’où ces religions sont issues et où elles se développent, le système de pensée religieux est alors perfectionné car tout le pouvoir est désormais concentré en la figure de Dieu, sacré, intouchable, immuable, tout-puissant. De plus, dans ces formes de religion, on doit désormais révérer ce Dieu sacré qui règle chaque instant de notre existence notamment car c’est un Dieu vengeur et morbide qui ne tolère pas qu’on ne reconnaisse pas sa position de tout-puissant. Fondamentalement, la religion est donc une vision « renversée » du monde permise et produite par des structures sociales, politiques données et particulières à des moments de l’histoire. Elle pose des activités proprement physiques et humaines comme des manifestations extérieures et transcendantes. Ainsi, elle constitue une médiation et par conséquent un abandon de pouvoir que, en tant que personne, nous avons sur notre environnement, notre compréhension du monde, nos rapports sociaux et politiques et donc sur nous mêmes. En gros cette médiation caractérise l’abandon du pouvoir sur nos vies en tant que sujet. Cet aspect de la religion est bien sûr renforcé par ce qu’il a impliqué historiquement à divers moments et endroits dans les rapports politiques. Car la constitution de la religion et son « perfectionnement » détermine et est déterminé par les rapports politiques, autrement dit par les rapports et positions de pouvoir au sein d’une société.

Le christianisme en Occident

L’histoire du christianisme en Europe est de ce point de vue assez éclairant. A la base, il s’agit d’une secte juive qui s’est répandu au Moyen-Orient puis dans les diverses possessions de l’Empire romain, dans le bassin méditerranéen, jusqu’à devenir la religion majoritaire puis hégémonique en Occident. Le christianisme s’est constitué au fur et à mesure en une communauté de croyants et en un clergé, les encadrants des croyants. Ce clergé, à partir du moment où il s’est constitué comme dépositaire et garant de la parole divine, pouvait prétendre à une position politico-sociale spécifique et d’importance par rapport à d’autres groupes sociaux. Au début du Moyen-Âge européen, le clergé, seul responsable de la parole divine, a marché main dans la main avec la noblesse, groupe social guerrier qui a basé son pouvoir sur la guerre, la rapine et sur l’exploitation des paysans, pour créer puis garantir un ordre social fondamentalement inégalitaire : l’ordre féodal. Dès lors, en Occident, tous les rapports sociaux, ayant pour corollaire la soumission à un Dieu unique et à ses représentants sur terre, clergé et monarques, sont à considérer comme des rapports aliénés. Les individus ne s’appartiennent pas et sont enserrés dans de multiples rapports de domination et d’aliénation légitimés par cette religion chrétienne mortifère. Par sa doctrine prêchant la pauvreté, le non attachement aux biens matériels et son pendant, à savoir la félicité après une vie de souffrance, le christianisme et son clergé légitiment notamment l’exploitation des paysans par les nobles et les prêtres. Il en va de même pour la hiérarchie entre les différentes corporations et ordres (tiers-état, noblesse, clergé) et en leur sein, empêchant toute émancipation individuelle et collective. Les garants de la foi se sont alors attachés à combattre toutes velléités d’autonomie des individus qui s’appuyaient d’ailleurs parfois sur les contradictions entre le discours chrétien et son application politique comme par exemple dans le cas des sectes millénaristes. De plus, dans la chrétienté européenne, en tant que système qui se veut total, s’est attaché à pourchasser ce qu’il considérait comme hérétique, c’est à dire opposé et extérieur à son système, que ce soit par la persécution (envers les juifs, les sorcières, les non catholiques) ou par la guerre sainte (contre les pouvoirs musulmans notamment). Enfin, les textes sacrés chrétiens et leur interprétation, ont permis d’entériner les rapports patriarcaux sous la féodalité. En effet, la femme étant posé comme dépendante de l’homme, tentatrice puis corruptrice par le mythe d’Adam et Eve, il était plus aisé d’imposer le contrôle des corps féminins et leur subordination vis à vis des hommes.

Puis, avec le développement du protestantisme, on assiste encore à un perfectionnement de la religiosité du monde occidental. Cette doctrine est à la base opposée à la centralisation des autorités religieuses sous l’égide du pape. Grâce à une adhésion d’une partie de la société et notamment de certains nobles aux thèses protestantes, une certaine autonomisation des autorités chrétiennes a lieu dans certains pays. Les différents doctrinaires et acteurs du protestantisme ont voulu renouer avec une pratique de la foi chrétienne moins centralisée et universelle, que ce soit pour des raisons de pouvoir et/ou pour des raisons de doctrine comme pour Luther ou Calvin. Concrètement, cela a surtout permis le développement d’un fonctionnement religieux plus poussé basé sur la réponse à un besoin massif de religiosité. En effet, la garantie de la foi en la religion, passant du clergé traditionnel au pasteur local ou au croyant, l’individu se retrouve à être davantage son propre curé. En d’autres termes, il s’auto-aliène et existe davantage comme un individu religieux que comme un individu enserré dans un monde religieux et soumis à une autorité religieuse incarné dans un groupe social spécifique.

l’islam

Puisque, ces derniers temps, il est souvent question d’islam, il est peut-être éclairant de parler rapidement de cette religion et de ce qu’elle a pu impliqué historiquement. L’islam une religion révélée à dieu unique qui reprend des éléments de christianisme, de judaïsme et d’autres religions monothéistes. Tout comme le christianisme elle se veut porteuse d’un message universel et peut être envisagé comme une réforme du monothéisme. Elle apparaît en 622 (considéré comme l’an I par la religion musulmane) portée par le prophète Mahomet dans la péninsule arabique et s’étend rapidement en Égypte, à Jérusalem, en Perse. L’histoire de l’islam est dès l’origine basée sur une forme de conquête. En effet, Mahomet, à partir du moment où il rentre en conflit avec son ancienne lignée gardienne de La Habba (lieu qui regroupe l’esprit divin et les idoles de nombreuses divinités), se constitue en chef de guerre et procède à une alliance militaire multi-confessionnelle qui adhère de plus en plus à ses préceptes et révélations divines. Il s’agit de la création de l’Umma, une confédération qui fixe les droits et les devoirs de chacun de ses membres et qui constitue alors une réelle communauté politique. Suite à l’établissement de cette confédération, l’islamisation de diverses régions du monde à partir de la péninsule arabique s’engage. Cette islamisation consiste en l’intégration de diverses sociétés à un monde considéré alors comme de plus en plus développé. Dès lors, les diverses élites locales adhèrent à cette vision du monde car il consiste en une offre politique qu’elles jugent dans leur intérêt. Comme dans le cas du christianisme en Occident, on prend donc pour base du fonctionnement social la soumission à un Dieu unique (étymologiquement islam signifie d’ailleurs soumission). Dès lors, l’islam sert à entériner ou à consolider des rapports et des positions de pouvoir. Comme dans l’Occident chrétien, divers chefs politiques sont légitimés par une fonction religieuse. C’est le cas des califes qui sont considérés comme les successeurs de Mahomet et les chefs de la communauté des musulmans. Au gré des luttes de pouvoir et des querelles théologiques cette fonction politico-religieuse est d’ailleurs plus ou moins chargé de pouvoir. Il faut noter tout de même des différences entre les deux branches principales de l’islam le sunnisme et le chiisme. En effet, le sunnisme fonctionne plus sur un modèle décentralisé et il n’y a pas de clergé hiérarchisé et établi, seulement quatre écoles théologiques qui peuvent former un certain nombre d’imams (les prêcheurs et guides religieux) mais globalement occuper cette fonction est assez libre et est soumis à l’acceptation de la communauté religieuse locale. Pour ce qui est du chiisme, on est sur un fonctionnement plus clérical et hiérarchisé et les chefs religieux y sont d’autant plus importants pour les croyants et la théorie.

Tout comme dans l’Europe chrétienne, à partir du moment où les principes politico-religieux islamiques sont bien établis, les rapports sociaux sont influencés et quadrillés par la religion. On l’a déjà évoqué au niveau des positions de pouvoir des chefs politiques mais comme pour le christianisme, l’islam se veut total, la théorie de Dieu doit régir l’ensemble de la vie humaine. Ainsi, tout comme pour les chrétiens, les pouvoirs musulmans ne tolèrent pas les pouvoirs et groupes qui se réclament d’une autre religion. Du moins, ils peuvent faire montre d’une tolérance plus accru des communautés non-musulmanes soumises mais ils les maintiennent dans des positions subalternes. Tout comme pour le christianisme, l’islam légitime aussi les conquêtes et l’expansion et cela dès ses origines. Ainsi, les territoires dominés par des pouvoirs musulmans ont même rapidement atteint l’Occident avec la constitution du califat de Cordoue dans la péninsule ibérique. Enfin, pour ce qui est des rapports de genre et sexuels, l’islam, bien qu’ayant tenté de poser une égalité civile et politique entre les hommes et les femmes reproduit une asymétrie dans les rapports genrés. En effet, bien qu’à la différence du christianisme l’homme et la femme sont posés plus à égalité en terme de pêché, Eve n’étant pas considéré comme la seule tentatrice perverti par Satan car Adam est aussi tenté par Satan, la femme reste pensé dans une posture différente. Cela passe par la sacralisation de la femme et de son rôle. Autant dire que à partir du moment où les caractéristiques féminins sont posés comme sacrés, cela pose une difficulté à la remise en cause des rôles qui lui sont assignés. D’autre part, comme pour le christianisme, le Coran pose les bases d’une morale basé sur le pêché, la peur de l’enfer et la convoitise du paradis. Rien de tel qu’une morale religieuse basée sur la faute originelle pour plier les comportements et garantir la soumission aux autorités et aux idées garantes d’un ordre social qui reste inégalitaire. En effet, dès les origines, la communauté des croyants en islam n’est pas une communauté d’égaux. L’égalité sociale n’y existe pas, seulement une pseudo-égalité politique garantie par la parole divine.

Un monde toujours religieux

La religion n’est définitivement pas morte au Moyen-âge en Occident ou à la même époque dans le reste du monde, on peut même dire, que elle n’a jamais arrêté de prospérer sous ces formes « traditionnelles » comme sous ces formes modernes que l’on peut appeler idéologies. De même que pour le passage précédent, le développement présent prend pour point d’analyse des pensées « occidentales ». Il nous apparaît important d’analyser le schéma d’évolution de la pensée religieuse à partir des pensées « occidentales » car elles ont eu, via le développement historique général et surtout avec le développement du capitalisme, désormais système mondial, un impact certain dans le monde. Ces schémas de pensée ont d’ailleurs été en contact avec des systèmes de pensée divers et variées pour créer des modèles politco-culturels d’interprétation du monde particulier. On peut penser aux contacts entre la pensée rationnelle occidentale et des pensées asiatiques comme la pensée chinoise, japonaise ou hindoue. Ou encore à l’Amérique Latine, où des schémas de pensée indigènes ont été, suite à la colonisation, en contact et influencés par des pensées occidentales. De toute manière, les systèmes de pensées ne sont jamais « culturellement purs », ils évoluent en fonction du développement historique de telle ou telle société, des contacts entre les sociétés au et à mesure du développement historique général.

Les pensées « modernes »

Dans l’histoire, lorsqu’il y a exploitation et domination, où plutôt prise de conscience de cette exploitation-domination ainsi qu’une volonté d’en finir avec ces rapports, on observe différents moments de lutte de la part des groupes et individus subalternes qui subissent ces rapports. Ces moments de lutte sociale et politique sont bien-sûr conditionnés par le contexte historique des sociétés dans lesquelles ils prennent place. On peut par exemple citer l’exemple de Thomas Muntzer et de la guerre des paysans au début de l’époque moderne au XVIe siècle. Cette lutte est un mouvement massif des paysans en pays germaniques pour la réappropriation de la terre contre les nobles et le clergé. Dans ses franges les plus radicales, on préconisait la mise en commun de la propriété sans toutefois réellement définir cette abolition de la propriété. Pas besoin donc, du socialisme, pour envisager une abolition de rapports de propriété et de production directement vécus et perçus comme inégalitaires et aliénants par une masse de paysans qui savaient bien qu’ils n’avaient aucun pouvoir dans l’ordre féodal. Cependant, apparu dans le contexte de la réforme protestante, le contenu idéologique de cette lutte est donc forcément emprunt de théologie car le monde dans lequel chaque individu évolue alors est un monde chrétien, il n’y a pas de compréhension du monde en dehors du christianisme. Dès lors, on théorise sa révolte en référence aux textes sacrés sans remettre en question le texte sacré même et son potentiel contre émancipateur. Les paysans en lutte et leurs chefs prêcheurs s’envisageaient alors plus comme les vrais garants de l’évangile que comme des destructeurs de l’évangile, ce qui n’a pas empêché leur action d’être réellement subversive au regard des conditions historiques données.

Toutefois, en Europe, l’avènement des pensées dites modernes lié au développement des sciences, de la technique, à la complexification des rapports marchands et à l’évolution lente mais certaine des structures sociales au profit de la bourgeoisie va un peu changer la donne. En effet, on assiste au cours du Moyen-âge puis à l’époque moderne au développement de ce que l’on appelle la pensée rationnelle, c’est à dire le développement d’une pensée basée sur l’analyse empirique des causes et des faits naturels et sociaux. Ces systèmes de pensées permettent la critique des fonctionnements sociaux et des systèmes idéologiques alors hégémoniques, c’est à dire des systèmes de pensée religieux comme le catholicisme et le protestantisme. Au XVIIIe siècle, le mouvement de pensée dit des Lumières a basé son système de valeur et de compréhension du monde sur cette volonté de rationalité, permettant alors une amorce plus concrète de remise en cause de l’idée même de sacré, de croyance, de foi en des entités omniscientes et en leur représentants sur terre. Cette volonté de rationalité c’est aussi envisager dans une optique d’émancipation de l’individu considéré comme écrasé par la foi ou/et le féodalisme. C’est le début du déisme, de l’athéisme et de l’agnosticisme « modernes » [2].

Lors de l’éclatement de l’ordre féodal ancien en Europe durant les révolutions anglaises puis française, permis en partie par le développement de la bourgeoisie en tant que force sociale et politique montante, cette vision du monde plus ou moins rationaliste a imprégné à degrés divers les différents acteurs de ces révolutions. Dans le cas de la révolution française, il s’agit de remettre en question l’ordre féodal, de théoriser la liberté et l’égalité des individus, on souhaite l’émancipation politique. Dès lors, il se développe des systèmes de pensée et d’organisation sensés répondre à ces exigences comme le libéralisme et le républicanisme. Cependant, la révolution française, bien que se parant des idées nouvelles de Liberté et d’Égalité, malgré toutes ses contradictions internes entre des forces plus populaires radicales et des forces bourgeoises plus modérées, concrétise l’avènement de la société de classe et du capitalisme en France. En somme, la transformation, déjà entamée depuis quelques siècles en Europe, de la propriété et du mode de production féodale en mode de production capitaliste commence à se concrétiser. C’est la consécration de la notion de propriété privée et des rapports de production capitalistes qui lui sont liés. Le libéralisme politique ainsi que le républicanisme bourgeois deviennent ses paravants idéologiques.

Il est intéressant de souligner que, les rapports producteurs d’aliénation ayant juste changer de forme, les visions du monde justifiant cet ordre des choses restent dans le domaine du sacré pour justement légitimer cet ordre des choses. En effet, le républicanisme bourgeois, bien qu’opposé au féodalisme religieux, s’est constitué dès le départ comme un nouvel ordre des choses sacré, il fallait remplacer l’ancien ordre religieux par un nouvel ordre emprunt de religiosité. Dans ses manifestations les plus grotesques, cela s’est notamment vu par la volonté de certaines factions révolutionnaires de « diviniser » ou plutôt de sacraliser des notions telles que la liberté ou la raison [3]. Mais surtout, ce qui se doit d’être sacralisé, d’autant plus que cela n’est plus mis sous le patronage de Dieu tout puissant, c’est l’état et la sacro-sainte propriété privée. En voulant faire de l’Homme, pensé à la fois en tant qu’entité abstraite et individu atomisé, le nouveau référent de l’ordre social et politique, on passe en quelque sorte de la soumission des rapports sociaux et des institutions politico-sociales au religieux à la sacralisation des rapports et des institutions politico-sociales. Dieu est descendu du ciel pour s’incarner en l’Homme, la rationalité bourgeoise, bien que permettant une amorce de la critique de la religion sanctifie donc en réalité une vision aliénée du monde humain.

Les mouvements révolutionnaires

Le XIXe siècle, à la suite de l’écroulement progressif de l’ordre féodal, voit donc le triomphe du capitalisme comme mode de production basé sur la propriété privée des moyens de production et la recherche du profit. Ce mode d’organisation sociale et politique, loin d’aboutir à l’émancipation des individus, aboutit à la constitution d’une société de classe inégalitaire basée sur l’exploitation. Grosso-modo, les possesseurs des moyens de production et d’échange, basant l’origine de leurs pouvoir sur l’exploitation d’un nombre toujours plus conséquents de personnes, se constituent en une classe qui impose sa vision marchande du monde et des rapports sociaux, la bourgeoisie. Le développement capitaliste, ayant pour terrain d’expansion la planète entière, entraîne une marchandisation du monde toujours plus conséquente et une dépossession massive du pouvoir des individus sur leur vie. Comme nous l’avons montré, les visions du monde liées à cet ordre social, loin d’en finir avec le sacré, perpétuent son perfectionnement et son emprise, compliquant le développement d’un mouvement émancipateur potentiel.

C’est dans ce cadre historique qu’est né le mouvement révolutionnaire prolétarien, ayant pour but une réelle émancipation individuelle et collective. Les moyens d’obtenir cette émancipation sont alors la mise en commun des moyens de production et son corollaire la destruction de l’état, envisagé comme un pouvoir n’émanant pas des individus mais s’exerçant sur les individus. Dans toutes les traditions socialistes, communistes et anarchistes, le point commun est la volonté de la réappropriation du pouvoir des individus sur leur vie, la réalisation réelle et concrète de notions comme la liberté et l’égalité, bref l’émancipation véritable. Mais tous ces courants et mode de pensée, tout comme la rationalité bourgeoise, bien qu’ils aient fourni des armes critiques indispensables à la volonté dans finir avec l’aliénation, sont restés parfois prisonniers d’une certaine « religiosité » au vu de leur développement historique.

Prenons le cas du marxisme. La pensée de Marx [4], se veut destructrice des idéologies perçues comme des visions du monde aliénés et aliénantes au même titre que la religion. En ce sens, elle est critique aussi bien de la religion que du libéralisme politique et pose les bases d’un véritable matérialisme [5] qui souhaite déceler, critiquer les véritables fondements de l’aliénation des individus, à savoir la manière dont ils organisent la production de leur société et ce qu’induisent ces rapports. Cela n’a pas empêché Marx lui même de constituer, au fil de ses réflexions et de son action politique en tant que communiste, les prémices d’un système idéologique que l’on appelle désormais marxisme. Ses successeurs, notamment son camarade Engels [6], ont ensuite pris le relais avec un zèle certains. Ce système a des présupposés parfois simplificateurs qui ont plus ou moins d’importance pour les différents courants marxistes du XIXie puis du XXie siècle : le moteur de l’histoire c’est la lutte des classes, le prolétariat doit conduire la révolution socialiste puis communiste, le développement des forces productives est un facteur positif et plus ou moins nécessaire à l’avènement du communisme, le communisme signe la fin de l’histoire. Cette manière d’idéologiser une pensée qui se veut critique et réellement révolutionnaire est problématique. Premièrement, nombres de personnes ont vu dans le rôle attribué au prolétariat, et parfois à raison, la réactualisation du mythe du messie venue apporter un ordre nouveau. Mais il n’y a pas de messie, juste des individus qui peuvent devenir acteurs de leur propre émancipation au regard de ce qui les enserrent et les aliènent. Deuxièmement, trouver un moteur à l’histoire n’a pas de sens. Il n’y a pas de raison ou de moteur à l’histoire, il y a juste l’histoire qui est composé de ce que font et ont fait les êtres humains. Partir de ce principe évite de se retrouver dans des schémas explicatifs simplistes typiques des mythes religieux qui ne permettent pas une compréhension du réel un tant soi peu réelle justement. Troisièmement, le développement des forces productives n’est pas un mouvement autonome des choses et des êtres, il s’agit d’actions principalement humaines donc avec une part de volonté, de contrainte et d’inconscient dans leur conduite et dont la fin ne peut pas être prédite. Penser que des processus purement humains sont d’ordre quasi automatiques, cela revient à les considérés potentiellement comme non-humains ce qui est similaire à une vision religieuse du monde fonctionnant par la volonté de l’entité et non des individus. La fin de l’histoire (plus ou moins avouée) enfin montre bien le caractère religieux de certaines idéologies marxistes, friandes d’établir le paradis sur terre. Il n’y aura pas de fin de l’histoire tant qu’il y aura des êtres conscients comme les humains, un processus historique même révolutionnaire n’a pas réellement de fin, c’est une partie du processus historique général.

Mais l’anarchisme, souvent considéré comme le summum de la radicalité en terme de mouvement d’émancipation, n’est pas exempt de critique en terme de religiosité de la pensée. En effet, bien qu’ayant emprunté à Blanqui [7] la fameuse formule Ni Dieu Ni Maitre, nombre d’anarchistes, tout comme les marxistes, ont été sensibles à des idées teintés de scientistes [8] et de progressisme, qui prédisaient la fin de l’histoire avec le triomphe de l’anarchie. De même, dans certains courants anarchistes, il y a une certaine tendance à la martyrologie et à l’exaltation de la révolte qui rappellent bien souvent les mythes chrétiens des premiers martyrs, le plus célèbre d’entre eux étant bien sur Jésus Christ l’autoproclamé fils de Dieu lui même. Enfin, tous ces mouvements politiques révolutionnaires (anarchistes, communistes, socialistes) se sont constitués en forces sociales et politiques importantes au vu du développement de la société de classe capitaliste. Dès lors, elles ont constitués des garants de la parole politique comme pour les clergés d’antan, des références doctrinales et des référents doctrinaires dont l’autorité est établie pour ce qui est de la pensée puis de la tactique et de la stratégie politique. Cela est d’autant plus vrai dans le marxisme avec la constitution au XXe siècle des partis communistes marxistes-léninistes, de type centralisé, hiérarchique et autoritaire. Mais qu’on s’entend bien, lorsque ces référents et références étaient corrélés à une éthique et une pratique politique basé sur la dialectique et l’anti autoritarisme, leur effets pouvaient être bénéfiques au projet émancipateur.

Situation actuelle

Qu’en est-il de la situation du monde actuellement ? Aujourd’hui c’est le capitalisme triomphant à tous les étages soit dans sa version libérale soit dans sa version autoritaire et cela à l’échelle du monde entier tant géographiquement qu’à l’échelle des rapports sociaux. L’exploitation des êtres humains est massive. Le fétichisme de la marchandise est à son apogée, tout est marchandise , corps, pensée, psyché, rapports entre individus. Tout est réifié, chosifié, en cela le capitalisme a perfectionné la religiosité et le sacré, il n’a créé que de l’objectification, des fétiches sur lesquels les individus, eux mêmes devenus des objets et pas des sujets, n’ont aucune prise et donc nous sommes face à des sociétés fondamentalement aliénés et aliénantes. L’idée, de liberté, d’égalité, de réalisation, de dépassement de soi et d’émancipation est au fond des chiottes, elle est elle même une marchandise. Désormais, on s’emploie au managment positif et aux théories du développement personnel. Des systèmes de contrôle et de pensée collectifs qui sont en réalité contre-émancipateurs et individualistes bourgeois. Le but de ces techniques est de maintenir des rapports de domination grâce à des processus paradoxaux et des injonctions paradoxales. In fine, on se soumet plus ou moins volontairement à l’autorité et on accepte la perte de son pouvoir au profit de telle personne ou entité car on nous donne l’impression d’être libre en le faisant.

Les mouvements révolutionnaires prolétariens, quant à eux, ont du faire face à un ennemi et à des situations terribles à maintes reprises. D’échec en échec le capitalisme a finit par en triompher dans presque toutes les parties du globe. De plus, certains d’entre eux, au fur et à mesure de leur histoire, ont aussi procédé d’une pensée en partie aliéné et aliénantes qui potentiellement n’était pas assez opérante au vu de leurs objectifs. Ceci dit, ces mouvements ont le mérite d’avoir exister et lutter, qui est plus face à un ennemi implacable, pour faire vivre l’idée d’émancipation à un niveau plus élevé qu’auparavant, d’ailleurs pas encore égalé (pour ce qui est de la France et de l’Europe), et de nous avoir légué des outils et des expériences dont on doit s’inspirer toujours actuellement. Car de nos jours, la domination est totale, multiple, l’atomisation des individus et de leur activité est très développée. Cette situation aboutit à un processus contradictoire et complémentaire. D’un côté, une perte de sens induite par le développement capitaliste, qui par le perfectionnement de l’aliénation, a à la fois rendu « sacré » les notions et les rapports nécessaires à son fonctionnement et en même temps a porté des coups au « religieux version vieux style ». D’un autre côté, cette perte de sens, conduit au retour du sacré et du « religieux version vieux style ». Il s’agit d’une quête de sens qui peut notamment passer par l’adhésion à une identité partagée par d’autres êtres humains, à une communauté. Une identité communautaire exclusive et excluante qui induit une vision du monde particulière tant individuelle que collective. Il faut s’y rattacher pour ne pas se perdre dans l’universalisme marchand désormais à l’oeuvre. Cette identité n’a d’ailleurs pas forcément à se penser comme religieuse à l’ancienne. Elle peut aussi être politique, culturelle, sexuelle, de genre, raciale car ce qui est essentiel, c’est qu’elle définit l’individu et lui procure une essence, c’est à dire une position irrémédiable, intouchable, influctuante. En d’autres terme, elle est vite sacré et potentiellement aliénante puisqu’elle n’est jamais envisagé sous l’angle du rapport social, mais principalement voire exclusivement sous l’angle du normatif et de l’existentiel. Le plus beau dans tout ça étant que ces identités, considérés comme des essences, représentent nombre de part de marché pour le capitalisme qui a tout intérêt à parfois les intégrer dans son logiciel, faut bien se diversifier pour maximiser le profit !

Finalement, ce que l’on observe c’est une complémentarité entre des visions du monde fondamentalement aliénantes qu’elles se pensent explicitement comme religieuses ou qu’elles aient concrétisé une sorte de « sacralité non-sacrée » de la marchandise, des rapports marchands et de l’État. Actuellement, on observe cette situation dans le monde lorsque l’on voit que les religions, loin d’avoir été anéanties par les systèmes de pensée bourgeois radicaux ou les mouvements révolutionnaires prolétariens, se portent très bien. Comme il est de rigueur, les intégrismes, que les systèmes religieux portent toujours en leur sein, se développent et prospèrent sur les ruines des vieux systèmes politiques comme le libéralisme ou le socialisme d’état. Il n’y a qu’à observer l’existence des mouvements intégristes qui ont un impact très concret en terme d’émancipation. Pour le cas des islamistes, c’est le fascisme religieux avec tout ce qu’il a de contrainte pour des individus : pas de liberté sexuelle, pas de liberté de pensée, rapports patriarcaux inégalitaires, répression et éradication de tout ce qui ne rentre pas dans la norme édicté par le mouvement en accord avec les textes sacrés et leur interprétation. Dans la pratique, quand ils sont au pouvoir, cela produit massacres, emprisonnements, tortures, punitions envers les infidèles.

Aux US et en Amérique latine, on a les évangélistes et leur cortège de norme en terme patriarcal et sexuel : conversion forcée des homosexuels, rapports inégalitaires entre les meufs et les mecs comme fondement des rapports entre les individus etc etc. Mais pas besoin d’être intégriste et d’adhérer à une religion révélée pour chier sur la liberté. Par exemple, en Inde, la religion hindoue largement majoritaire divise toujours des individus en castes hiérarchisées. Un système très pratique, à l’ère du capitalisme mondial, pour justifier l’existence de prolétaires et de leurs maîtres parasites. Les systèmes de pensée religieux, matrices du mode de pensée capitaliste, s’accordent d’ailleurs très bien du capitalisme dans les rapports concrets de production et cela qu’ils soient softs ou intégristes. Comme dans des temps plus anciens, la religion sert toujours de légitimation à un ordre du monde inégalitaire, les exploiteurs et les dominants s’en servent pour conserver leur position. Le Vatican peut prêcher la pauvreté et l’abnégation, il est riche et impliqué dans des affaires de thunes jusqu’au cou. Le protestantisme n’a pas de problème avec l’enrichissement personnel tant qu’on donne un peu aux gueux qu’on exploite. Les princes saoudiens, les dirigeants du Qatar et des Émirats, tous pétés de thunes et islamistes, peuvent continuer à exploiter des travailleurs immigrés, parfois eux aussi musulmans. Ils peuvent continuer, en s’inspirant de la charia, à parquer les femmes dans des positions subalternes vis à vis des hommes tout en s’enrichissant de la vente du pétrole et du gaz naturel.

Quant aux idéologies libérales et autoritaires comme le libéralisme, le fascisme, le socialisme d’état, versions plus modernes des religions, elles servent toujours de justification à la merde ambiante et continuent à enrichir l’aliénation. En France, la république et la nation sont toujours sacrées et méritent une obéissance et une reconnaissance pour leur projet civilisationnel qui a fait tellement de bien à l’humanité. En effet, beau projet que la tolérance du catholicisme rance, de donner un cadre plus ou moins acceptable aux positions de pouvoir de la bourgeoisie, ou de justifier la colonisation et l’exploitation d’êtres humains à l’autre bout de la planète... En Chine, le nationalisme et le maoïsme 2.0 sont toujours à l’ordre du jour pour la plus grande joie du PC chinois, qui redynamise et fait évoluer le concept et la pratique du capitalisme d’état depuis la chute de l’URSS. Presque partout dans le monde, la patrie, la nation voire la société sont sacrées et exigent le sacrifice des « citoyens », toujours au bénéfice des mêmes, les bourges capitalistes. Bref, les exemples pullulent et en gros rien n’a changé dans la situation globale du monde, tout est encore à faire si l’on souhaite entamer un processus conséquent d’émancipation globale, collective et individuelle. Dès lors, les processus d’aliénation religieux et idéologiques, émanation et condition des rapports d’aliénation économiques et sociaux, ne sont pas à prendre à la légère si nous souhaitons entamer ce processus.

Une réponse opportuniste, contre-émancipatrice voire identitaire

Après ce tour d’horizon global, revenons à la situation en France actuellement. La France, comme on l’a vu, est une société capitaliste, actuellement elle connaît une montée des forces réactionnaires qui fait suite à l’hégémonie du libéralisme politique et économique pendant un demi siècle. Cette société pue, elle pue l’inégalité, l’hypocrisie, le désenchantement généralisé. Actuellement, on y observe la perpétuation d’un de ces vieux démons, le racisme.

Le racisme comme domination universelle et comme domination particulière

Le racisme en tant que système de hiérarchisation basé sur le concept de races a une portée universelle même si il prend des formes particulières comme c’est le cas pour le patriarcat ou le capitalisme. Dans la société française, le racisme a son histoire bien particulière. Il s’imbrique dans l’histoire du capitalisme et dans l’histoire d’un racisme européen. La colonisation et l’esclavage, envisagés comme action civilisationnelle plus ou moins humaniste et républicaine, selon les tendances qui étaient au pouvoir, ont déterminé des formes de racisme spécifiques en France. En retour ces formes de racisme ont déterminé l’action colonisatrice qui avait pour fondement réel, le développement du commerce, puis du capitalisme et donc de la recherche du profit maximal par l’exploitation toujours plus massive d’un nombre de personnes et de ressources naturelles. Ce racisme visait principalement les individus issus de régions colonisés, en gros, des populations du Maghreb, d’Afrique subsaharienne mais aussi d’Asie du Sud-Est et de Polynésie. Concrètement, cela permettait de justifier leur mise en esclavage et/ou leur exploitation et concrétisait des rapports sociaux et politiques où des personnes n’étaient pas envisagés comme les égaux des blancs et des « français ». Tout au long de ce processus historique, nombre de personnes descendantes de ces populations colonisées se sont retrouvées parquées en France dans les ghettos prolétaires de la métropole. Après la fin officielle de la colonisation, nombre d’entre elles ont continué à subir un racisme culturel et d’état, enserrées à la fois dans des rapports de domination économiques et des rapports de domination racistes, ces rapports s’interconditionnant parfaitement.

Ce racisme n’est d’ailleurs pas le seul qui a structuré et qui continue à structurer les rapports de domination dans la société française. Par exemple, l’antisémitisme a été très virulent en France, du fait du passé catholique de la société et des théories réactionnaires nationalistes puis fascistes qui ont vu dans le Juif l’ennemi intérieur de la nation en tant qu’apatride non assimilé et non assimilable. On peut aussi parler du phénomène de xénophobie interne à l’Europe et même à la France. En effet, l’unité nationale française s’est tout de même construite en partie par la contrainte de populations locales à l’adoption d’une identité nationale et politique dont elles n’en avaient parfois pas grand chose à foutre, du moins elle n’en avaient pas la même vision que les jacobins autoritaires, comme au Pays-Basque, en Savoie, en Corse, en Bretagne etc. De même, les différentes populations européennes, avec le développement du nationalisme et la création des identités nationales au cours du XIXe siècle, n’étaient pas forcément envisagées sur un pied d’égalité. Ainsi, le racisme pouvait s’exprimer aussi envers des populations immigrées européennes comme pour les polonais, puis les espagnols, les italiens et les portugais etc. On était cependant plus sur du « racisme national » que du racisme biologiste et colonial qui avait une importance plus grande vis à vis des populations colonisées puis de leur descendants. Racisme colonial et biologiste qui impliquait des rapports de domination très violents et déshumanisants pour les personnes concernées.

Ce qui est fondamental avec le racisme, si l’on souhaite le combattre efficacement, c’est de voir à quel point il s’agit d’un processus d’enfermement et de séparation. En créant des catégories d’individus différents et hiérarchisés en fonction de leur origine réelle ou supposée, de leurs cultures réelles ou supposées, de leur caractéristiques physiques, on produit des assignations identitaires indéboulonnables qui prennent corps dans la société. La catégorie raciale est d’ailleurs une pure catégorie fantasmée, ne prenant corps dans aucune réalité scientifique, il n’y a pas de races au sein de l’espèce humaine. En tant qu’individus, nous ne sommes bien sûr pas réductibles à ces catégories fantasmées qui s’opposent à l’idée d’égalité et d’émancipation. Combattre et sortir de ces processus identitaires racistes est donc essentiel pour nous qui souhaitons nous émanciper de toutes ces conneries. Mais, actuellement, on se retrouve donc dans une situation où une catégorie de la population française, à savoir les personnes considérées musulmanes, se fait désigner comme ennemi intérieur par l’état. Pour diverses forces politiques plus ou moins réactionnaires, en concurrence pour le pouvoir d’état et l’hégémonie politico-culturelle, il s’agit de créer cette nouvelle catégorie d’ennemi intérieur pour réaliser de l’unité nationale, culturelle, politique entre des individus complètement atomisés, qui dans le réel, sont insérés dans des rapports de classes antagonistes et de multiples rapports de domination. Dans les pans les plus réactionnaires des forces politiques, on observe d’ailleurs que les théories sur la stigmatisation des musulmans s’inspire du vieux racisme colonial. Ce processus d’assignation identitaire et de théorisation de l’ennemi, dans le but de réaliser de l’unité et de fédérer des individus autour d’un projet politique pourri, il est observable dans l’histoire de France mais aussi dans quasi toutes les sociétés qui fonctionnent sur des bases inégalitaires. Dans les prémices de la France capitaliste, cet ennemi intérieur était tour à tour le juif ou le rouge, souvent amalgamés d’ailleurs dans les partis réactionnaires puis fascistes français. Le processus actuel est dégueulasse et grossier. Le musulman serait différent des autres membres de la société, des non-musulmans, c’est un être mauvais et dangereux. De plus, cela renforce encore des catégories de pensée identitaires et l’atomisation d’individus ayant sur bien des points des conditions de vies identiques, vivant des aliénations communes et similaires. Bref, puisque il s’agit d’un processus producteur d’aliénation, de séparation, il est à combattre.

Une réponse politicienne et potentiellement identitaire à une construction identitaire et religieuse

Et comment répondent des tendances qui se pensent comme faisant parti du camp de l’émancipation à ce processus d’objectification d’une partie de la population ? Et bien en se plaçant parfois directement sur le terrain de l’ennemi. C’est à dire sur un terrain politicien, essentialiste et donc potentiellement identitaire qui ne permet pas une analyse pertinente de la situation et encore moins la résolution du problème. De plus, par ce procédé, on assiste à une complaisance envers des groupes religieux plus ou moins réactionnaires, or pour nous, il n’y a rien à tirer de la religion, comme nous l’avons montré elle n’est qu’une idéologie néfaste de plus à combattre et à subvertir si nous voulons être réellement libres que l’on soit « originellement musulman », considéré comme telle ou non d’ailleurs

Tout d’abord, ces tendances de gauche plus ou moins radicales entérinent ce processus essentialiste et essentialisant en faisant du « musulman » une catégorie identitaire valable politiquement. En gros, elle essaye de montrer cette assignation comme une catégorie positive en opposition au discours qui la présente comme négative. Cela passe par un biais idéologique, devenu classique dans les « forces » de gauche, à savoir que les opprimés sont forcément à défendre puisqu’ils subissent une oppression et, en tant qu’opprimés, ils ne peuvent pas être de « mauvaises » personnes. Sauf que, déjà, le monde n’est pas divisé entre les bons et les méchants comme dans différents textes sacrés, or la figure de l’opprimé, pensée en terme d’identité essentialisante, ne peut qu’aboutir à ce schéma de pensée religieux et moraliste, un schéma binaire et faussé. Surtout, procéder de la sorte, c’est participer potentiellement au renforcement d’une construction identitaire en l’occurrence ici l’identité religieuse musulmane. Or, le seul trait commun sensible aux personnes dites musulmanes, c’est qu’elle croit plus ou moins dans des préceptes religieux plus ou moins communs. Et en France, par et pour l’adhésion à ces croyances, ces personnes peuvent être insérés dans un rapport de domination aliénant. Mais à part cela, il ne faut pas oublier qu’elles restent des individus comme les autres, engagés dans des rapports différents en fonction de leur classe, leur genre, leur sexe, leur expérience, leur histoire personnelle, leur sensibilité et tout ce qui constitue leur individualité. Une personne n’est jamais réductible à une identité qu’on lui colle ou qu’elle se colle, il est plus que temps de repenser les choses en terme de rapports et non en terme d’essence.

Dans le cadre de ce qu’il est désormais courant d’appeler « l’islamophobie », on est exactement dans ce schéma. Plutôt que de s’attarder sur les rapports, assez complexes sur la question, qui font de certaines personnes des êtres dépossédés, on « sacralise » leur identité de dépossédé. On propose même l’idée d’en être fier, ce qui dans le cadre d’une identité explicitement envisagée comme religieuse, ne peut que jouer contre nous.

D’une certaine manière, on est face au même problème qu’avait posé le mouvement ouvrier pour théoriser la lutte contre la domination capitaliste dans sa conception du prolétariat et de son rôle révolutionnaire. Ce qui fait que le prolétariat, en tant que regroupement de personnes subissant l’exploitation, peut être révolutionnaire et avoir la volonté de s’émanciper c’est justement que le prolétariat est permis par l’existence d’un rapport social de domination, à savoir l’exploitation capitaliste. C’est ce rapport qui fait qu’il est dominé, qu’il est prolétariat. Dans un certain nombre de franges du mouvement révolutionnaire, de la plus réformiste à la plus radicale, on a pris le problème à l’envers et fait du prolétariat une identité intangible, l’identité du prolétaire, du membre de la classe ouvrière. Ce processus, c’est ce qu’on appelle l’ouvriérisme qui plutôt que de pointer les rapports qui font de nous des subalternes pour dépasser et abolir cette condition, nous enjoint à être fiers de notre position de subalternes. On marche sur la tête et on revient plus tard pour un projet révolutionnaire. Car, s’il faut bien admettre que ce genre de rapport est constitutif de notre vision et de notre existence, cependant il faut aussi pointer le fait qu’il peut nous enfermer dans une catégorie séparée, perçu selon le point de vue comme supérieure ou inférieure aux autres.

En arriver à se placer sur le terrain de la contre-émancipation

Mais là où ça devient vraiment problématique c’est quand on voit ce que peut amener concrètement cette façon de penser. Dans certains cas, on tombe complètement dans la complaisance à l’égard du fait religieux sous couvert de vouloir bien faire et de dénoncer un nouveau racisme, de nouveaux rapports de domination. Savoir si cela est par pur opportunisme, par biais idéologiques, par manque de sujets révolutionnaires, au final ça n’a pas tellement d’importance car aucune raison, si mesquine ou noble soit-elle, ne justifie de jouer le jeu de la contre-émancipation comme ça. .

On peut par exemple penser à divers articles parus sur des médias militants plus ou moins autonomes. Prenons par exemple le cas d’un article paru sur Paris-Lutte info intitulé « Contre l’islamophobie de gauche avec Karl Marx » [9]. Dans cet article, l’auteur, en s’appuyant sur des textes de Marx et par un tour de force pas très convaincant, arrive à nous dire que, loin de critiquer la religion, Marx critique les conditions sociales qui font que la religion existe. Et donc, que la religion n’est pas vraiment à critiquer et surtout n’est plus à critiquer, à fortiori la religion musulmane en France. Loin de nous l’idée de faire de Marx un sacro-saint doctrinaire de notre camp politique, mais nous pensons bien que sa pensée peut être utilisée et inspirante pour la critique de la religion. Pour nous, si Marx s’attachait à critiquer les conditions sociales qui permettent à la religion de prospérer et n’adhérait pas à la critique de la religion idéaliste et non matérialiste, ce n’était pas pour faire de celle-ci un fait social et politique incritiquable. C’était en réalité justement pour développer une critique plus profonde et plus pertinente de la religion (en critiquant ses bases matérielles et sociales) dans l’optique de la combattre en tant que vision aliénée et aliénante du monde et de combattre le fonctionnement du dit monde. De toute manière, même si son intention n’était pas celle-ci, la critique développée permet justement de développer une critique plus juste du fait religieux. Mais nous laissons d’éventuels lecteurs jugés de la pertinence de cette analyse.
Dans les cas récents, on assiste ainsi à diverses prises de position problématiques en ce qui concerne la lutte contre l’islamophobie. En effet, suite aux attentats provoquées par des paumés islamistes solitaires, qui a provoqué un regain de structuration de l’ennemi intérieur en la personne du « musulman », l’état a décidé de s’attaquer au Conseil Contre l’Islamophobie en France et à l’ONG Baraka-city soupçonnés de complaisance avec des tendances salafistes. Suite à cela, des organisations comme ACTA [10] ou l’AFA [11] ont trouvé juste de montrer leur soutien à ces organisations via plusieurs communiqués et posts sur internet [12]. Sauf que, Baraka-city c’est tout d’abord une ONG musulmane donc qui fait ce qu’elle fait, à savoir du charity business pour développer et implanter sa vision du monde :l’islam. Une ONG religieuse a sûrement son rôle à jouer dans un processus révolutionnaire d’émancipation mais ce rôle doit nous être encore bien obscur... Qui plus est, cette ONG est effectivement proche des courants salafistes. Le salafisme, que ce soit dans ses branches radicales ou « réformistes », a pour objectif l’établissement de l’état islamique, donc d’une société ayant pour base idéologique la soumission aux préceptes divins islamiques. Le président de cette association, Idriss Sihamedi, lui même partisan d’un islam plutôt rigoriste, est d’ailleurs connu pour ses propos éminemment subversifs. Par exemple, lorsqu’il déclare : « Je pense que la musique peut être dangereuse, la polygamie une alternative contre l’adultère et le voile un signe de pudeur. Suis-je fou ? » [13]. Ou encore, après la mise en place des mesures de distanciation sociale lorsqu’il poste sur Internet : « La première fois de ma vie que je peux dire à une femme qui veut me serrer la main « non » dans la joie et la bonne humeur. Ça fait bizarre de voir que des choses halal deviennent normales. » [14] .
Pour ce qui est du CCIF, il s’agit d’identitaires libéraux qui souhaitent l’intégration des personnes considérées comme musulmanes à la société libérale française. Son postulat de base n’a donc rien à voir avec une quelconque politique d’émancipation et la constitution d’un camp autonome, révolutionnaire et partisan. Il s’agit d’une politique communautaire d’intégration, de défense et d’accès à l’égalité des droits. Si l’on comprend l’intérêt de diverses personnes musulmanes ou considérées comme telles à ne pas trop se faire emmerder dans le cadre de l’état de droit de bourgeois on peut aussi se poser une simple question : Depuis quand, soutenir de telles organisations identitaires et libérales rentrent-ils dans l’intérêt de la constitution d’un camp révolutionnaire ? D’ailleurs, du fait de sa position identitaire et libérale, le CCIF n’a aucun problème à accepter des personnalités et prêcheurs bien connus pour leur propos réactionnaires [15]. L’organisation justifie d’ailleurs cette position elle-même sur son site [16].

In fine, nous pensons que ce genre de prise de position apportent seulement de la confusion. De même, nous pensons qu’à force de trop vouloir critiquer des bases, certes imparfaites (si tant est que la « perfection » pratique et théorico-politique existe...), mais des bases quand même un tant soi peu intéressantes, on se perd un peu en route. En effet, pour nous, il faut à contrario continuer de s’inspirer de la critique radicale de l’aliénation et de la religion portée par divers courants du mouvement révolutionnaire. On en revient un peu à la question du sens. Quel est l’intérêt de faire cela ? Quel intérêt, pour un camp dit de l’émancipation, de renforcer par ces actes nos ennemis ? Quel intérêt a t-on à consolider la vision de tous les autoritaires qui animent ce monde marchand, les fascistes, les religieux, les identitaires de tout poil, les bourges qui se frottent les mains de voir une population déjà atomisée encore plus atomisée ? Aucun, il n’y en a aucun et il est peut-être temps d’essayer de repartir sur de bonnes bases si l’on espère un jour gagner et pas continuer à se morfondre dans le spectacle de cette société misérable et affligeante.

La nécessité d’établir des distinctions claires pour aider à la création d’un camp autonome et potentiellement émancipateur

Alors que faire ? Et bien commencer par faire la promotion en pratique d’un véritable modèle de contre-société visant à l’hégémonie politico-culturelle avec les moyens que l’on possède et à notre échelle respective. Un contre-modèle qui fait la promotion de l’autonomie, c’est à dire de la réappropriation totale, tant au niveau individuel que collectif, du pouvoir sur nos vies. Un contre-modèle qui souhaite que l’on se réapproprie l’économique, le social, le culturel, le politique et même ce qu’on appelle le « spirituel ». Il ne s’agit pas d’être purs, détachés des problématiques et des rapports de domination qui nous enserrent, il s’agit de lutter le plus efficacement possible contre cette société autoritaire basée sur la séparation, la domination, et de tendre à la création de notre modèle de vie. Entreprise vaste, entreprise longue et entreprise constante mais plus intéressante que de se perdre dans des analyses et des actions politiques stériles voire dangereuses qui nous éloignent encore un peu plus de notre but.

La nécessité d’une critique et d’une pratique « juste », non essentialiste et partisane

Comme il a été dit plus haut, pour nous, la faiblesse des analyses et des prises de positions gauchistes, découle d’une façon religieuse et morale d’analyser les rapports de domination et les rapports de pouvoir. Cette façon de voir conduit à la « sacralisation » de la figure du dominé et de l’opprimé. Cette sacralisation valide les processus d’assignation identitaire à l’oeuvre dans cette société marchande qui fonctionne sur la séparation des individus en diverses catégories. Des catégories d’identités essentialistes et essentialisantes, c’est à dire que à partir du moment où l’on est rattaché à l’une de ces catégories cela nous définit de manière plus ou moins absolue vis à vis des autres êtres humains avec qui l’on fait ou pas « société ». Or, ces processus d’assignation identitaires découlent de rapports sociaux et politiques, des rapports qui sanctifient telle ou telle place dans la société.

Par exemple, dans le cas du racisme japonais envers les coréens, il y a tout un ensemble de rapports sociaux qui concrétisent les deux positions. La montée en puissance des identités nationales tant coréenne que japonaise, la colonisation de la Corée par le Japon, l’immigration coréenne au Japon, sont autant de ces rapports qui analysés dans leur relations à des idéologies telle que le nationalisme, l’impérialisme et des systèmes économiques tel que le capitalisme nippon, conditionnent ce racisme et sanctifient deux positions antagonistes : le japonnais supérieur au coréen. Si l’on souhaite avoir une analyse conséquente des rapports de dominations, et surtout si l’on souhaite lutter efficacement contre ces mêmes rapports, il faut donc déjà penser en terme de rapports. Cela permet une analyse plus proche du réel et surtout cela permet de ne pas nous enfermer dans des constructions identitaires aliénantes, processus qui est à l’opposé de notre projet politique autonome.

Dans le cas de « l’islamophobie », il s’agirait donc d’être largement plus fin que ce qui fait actuellement pour ne pas tomber dans la contre-émancipation et la complaisance. Déjà, il faut être conscient du processus identitaire et aliénant à l’oeuvre dans la constitution du musulman en tant qu’ennemi de la patrie. Processus qui vise au renforcement du sentiment nationaliste et patriotique français, à l’adhésion à un système de valeurs ennemi, expression et condition, de rapports de dominations multiples qui structurent notre société actuelle. Processus qui peut amener à vivre dans sa chair et son esprit, des violences, des brimades et des humiliations dès lors qu’on est considéré comme musulman. Ce processus, de l’autre côté, peut renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté de croyants, en l’occurrence l’islam, processus qui intéresse des forces aussi opposées à l’émancipation, à savoir les portes paroles plus ou moins intégristes de l’islam. Lorsque l’on critique ce processus c’est donc d’un point de vue autonome que nous devons le faire et pas identitaire. On se doit de pointer le fait que républicains laïco patriotes ou laïco-nationalistes, fascistes, et religieux, sont du même monde, c’est à dire d’un monde qui ne souhaite pas l’émancipation mais la soumission des individus à des valeurs et des visions du monde qui sanctionnent des rapports inégalitaires et contre-émancipateurs. Et cela nous le devons car nous estimons que les personnes qui subissent le plus ce processus, à savoir les personnes considérées comme musulmanes, peuvent au même titre que n’importe quelle individu, s’émanciper. Elles peuvent s’émanciper d’un processus d’assignation identitaire raciste et d’un processus d’assignation identitaire religieux voire de la religion en elle même. Tout comme elles peuvent d’ailleurs s’émanciper des diktats de genre et sexuels et des rapports capitalistes. Notre but n’est pas que des personnes, plutôt que d’être dominées par l’état et la majorité de sa « communauté des citoyens », soient dominées par un Dieu et ses représentants terrestres. Il s’agit de s’organiser collectivement contre tout ce qui nous dépossède en tant qu’être humains, de créer ensemble un monde nouveau ici et maintenant.

Pratiquement, cela veut dire qu’il faut dénoncer et combattre ce nouveau processus dit islamophobe et cela de la meilleure des manières, c’est-à-dire sans justement procéder de l’assignation identitaire, en prenant en compte les individus qui le subissent, pas en ne prenant en compte qu’une ou plusieurs de leur « identités ». Mais parallèlement, nous ne soutiendrons jamais une vision religieuse du monde et à fortiori des organisations religieuses plus ou moins softs, sous couvert que la communauté dont elles disent protéger les intérêts, est menacée par une force sociale et politique hégémonique. Même si nous souhaitons dénoncer et combattre l’ostracisation, la propagande d’état que subissent les musulmans en France, nous ne souhaitons pas participer à la tentative de remplacement d’une hégémonie aliénante par une autre hégémonie aliénante. Nous pensons bel et bien que des organisations telle que le CCIF ou Baraka-city, sont des organisations qui vont à l’encontre de nos intérêts au même titre que d’autres, en tant que marchand d’opium pour le « peuple » comme dirait Marx. Nous pensons qu’il faut faire la promotion des idées qui ont combattu et combattent toujours la pensée religieuse ancienne comme moderne, des idées non respectueuses du sacré et de la morale [17]. Des idées qui mettent en lumière les rapports sociaux inégalitaires, aliénants et dépossédants sur lesquelles prospèrent les pensées religieuses et autres idéologies. Nous pensons aussi que c’est par la lutte, en se rencontrant, en appuyant sur nos conditions communes et nos aspirations à la liberté et l’égalité réelles que nous pouvons dépasser et subvertir des rapports et des idées qui souhaitent nous séparer, nous exploiter, nous dominer et nous enserrer.

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Notes

[1Par ce « nous », nous entendons des individus, des personnes et des êtres humains à part entières que nous envisageons comme des êtres libres et égaux.

[2Le déisme est la croyance en une entité ou une divinité conforme à la raison qui s’oppose à l’idée des religions révélées basée sur le principe de la foi et du culte. Il s’agit d’arriver à Dieu par des voies humaines. L’athéisme est la négation de l’existence d’une quelconque forme de divinités ou d’entités sacrées. L’agnosticisme est une doctrine qui pense qu’il n’est pas réellement possible de se prononcer sur l’existence ou non de Dieu, elle n’entend donc pas le caractère sacré et transcendant des diverses doctrines religieuses.

[3Les hébertistes et leur culte de la raison ainsi que les rosbespierristes et leur culte de l’être suprême en sont les exemples les plus connus.

[4Karl Marx (1818-1883) est un révolutionnaire communiste allemand. Influencé par Hegel il développe une philosophie matérialiste ayant pour objectif une compréhension plus juste des rapports sociaux et de l’histoire. Mais, ne souhaitant pas juste comprendre et interprêter le monde, comme nombre de philosophes avant lui, Marx veut aussi le transformer radicalement. Ainsi, il s’intéresse au socialisme puis essaye d’apporter sa pierre au mouvement ouvrier et révolutionnaire naissant. D’abord militant à la Ligue des communistes il fait partie des fondateurs de l’Association Internationale des travailleurs en 1864. Cette organisation révolutionnaire a pour but l’organisation internationale des prolétaires pour le développement d’une révolution sociale qui mettrait à bas le capitalisme et réaliserait l’émancipation des travailleurs. En conflit avec les « anti-autoritaires » regroupés en partie derrière Bakounine, il participera à la scission de cette organisation internationale. Comme théoricien du mouvement révolutionnaire on lui doit nombre d’ouvrages : Le Manifeste du Parti Communsite (1848) ou encore La guerre civile en France (1871). Mais on lui doit aussi un certain nombre d’analyses critiques sur divers sujets telle que l’économie politique ou la philosophie qui ont posé des jalons pour une critique radicale de la société de classe et une certaine pensée de l’émancipation. Par exemple on peut citer : Travail salarié et Capital (1849), le Capital tome I (1867), Misère de la philosophie (1847) ou l’Introduction à la critique de la philosophie du droit de Hegel (1844).

[5Nous pouvons définir le matérialisme comme une école de pensée, une vision du monde et de son interprétation basé sur l’étude des phénomènes physiques, naturels, sociaux via le prisme du « réel » et non de l’ « idéel ». En somme, le matérialisme regroupe des systèmes qui tendent à s’opposer aux systèmes d’interprétation du monde qui se basent sur des idées et des idéologies. Des idéologies qui souhaitent voir le monde, notamment les rapports sociaux, non pas tels qu’il est mais tel qu’elles voudraient le voir . Par exemple, dans ce qu’il est couramment admis d’appeler le marxisme, on met l’accent sur les conditions matérielles qui font que tel ou tel rapport social existe et le fait que telle ou telle idéologie existe pour justifier ce rapport. Dans le cas du capitalisme cela passe par l’analyse du capitalisme comme un mode de production spéficique basé sur différents rapports sociaux comme la propriété privée des moyens de production et le salariat. Ce genre de mode de pensée passe aussi par l’étude de l’histoire et l’historicisation des rapports sociaux et des idées.

[6Friedrich Engels (1820-1895) est un révolutionnaire communiste allemand. Influencé par Hegel, il fréquente dans sa jeunesse le groupe des « Affranchis ». En 1844, il rencontre Karl Marx avec qui il partage nombre de vues politiques et réfléxives notamment au sujet du socialisme et de la révolution. Il devient par la suite son grand ami et coécrit avec lui de nombreux ouvrages considérés dorénavant comme des classiques de la pensée marxiste, par exemple l’Idéologie allemande (1845-46) ou le Manifeste du parti communiste (1848). Souhaitant développer un mouvement révolutionnaire sans précédent, il milite au sein du mouvement ouvrier naissant, d’abord à La ligue des communistes puis à l’Association internationale des travailleurs (AIT). Opposé, tout comme Marx, aux « anti-autoritaires » de l’AIT regroupés notamment derrière Bakounine, il participe activement à la scission de cette organisation et à son effondrement. Ayant à cœur de diffuser la pensée de son camarade auquel il survit, il rédige et publie les derniers ouvrages de Marx après sa mort. Son action sur la pensée de son ami est par la suite fortement critiqué par certains courants révolutionnaires communistes (par exemple : Maximilien Rubel, l’école de Francfort etc). En effet, il est parfois accusé d’être à l’origine du marxisme, c’est à dire de la fixation doctrinale de la pensée de Marx en une idéologie. Processus assez contradictoire puisque les développements de Marx et Engels se voulaient à la base critiques et destructeurs des idéologies...

[7Louis-Auguste Blanqui (1805-1881) est un révolutionnaire français, d’abord républicain puis socialiste. Au cours de sa vie il tend à développer une conception de la révolution sociale et des moyens d’y arriver particulière. Il développe notamment l’idée que la révolution doit être conduite par une avant-garde de conspirateurs révolutionnaires dévoués et professionnels qui doivent déclencher et diriger une insurrection « populaire » et s’emparer du pouvoir d’état. Cette avant-garde doit ensuite établir une dictature censé garantir la transition entre l’ordre ancien et l’ordre nouveau. En cela il est un précurseur des courants socialistes et communistes avant-gardistes qui fleuriront au XIXe et au XXe siècle comme le bolchévisme/léninisme par exemple.

[8Nous définissons le scientisme comme une vision du monde qui vise à interpréter, penser et organiser le monde humain et physique dans tous ses aspects (environnement, rapports sociaux, conscience, psyché etc..) via le prisme de la rationalité scientifique. Cela peut notamment prendre la forme d’une croyance en l’idée que la science à elle seule peut permettre de régler définitivement les problèmes de l’humanité : économiques, moraux, politiques.

[10ACTA est une organisation créée en 2019 qui se veut, selon leurs mots, « un media partisan, un media de l’enquête militante, un media autonome et un media internationaliste ». Assez prolifique en articles d’analyse et de critique (certains assez intéressants), leur ligne politique présentée en partie comme « autonome » sent parfois le maoïsme et le tiers-mondisme à l’ancienne et contient nombre d’articles teintés d’identitarisme de gauche. Ce groupe a d’ailleurs publié une tribune de soutien à l’identitaire de gauche Houria Bouteldja. Pour plus d’informations et s’en faire une idée voir leur site : https://acta.zone/

[11L’action antifasciste Paris-banlieue est une organisation politique « autonome » créé en 2008. Il s’agit d’un des groupes se réclamant de l’antifascisme radical le plus important en France. Pour plus d’informations au sujet de ce groupe voir leur page facebook : https://www.facebook.com/AFAPB/

[13Cette déclaration faite sur Twitter, n’est plus retrouvable, ayant été retiré par son auteur suite au bannissement de son compte. http://decryptnewsonline.over-blog.com/2016/02/les-ambiguites-de-baraka-city.html

[14https://twitter.com/idrisssihamedi/status/1239301764911955975?lang=fr Le post semble avoir été supprimé depuis l’écriture de ce texte

[16« Le CCIF est areligieux et apolitique. Il n’a pas vocation à prendre position sur les pratiques religieuses des uns ou des autres, tant que celles-ci s’inscrivent dans le cadre légal en vigueur. Les pratiques présentes au sein des communautés musulmanes de France sont diverses et le fruit du choix et de la liberté de culte de chaque personne. De ce point de vue, notre association n’a pas à porter de jugement sur le sujet. Ainsi, le CCIF assiste toute personne victime de discrimination ou de violence, quelle que soit sa religion, son niveau ou son type de pratique (ou son absence), ses orientations sexuelles ou autres. Pour citer un exemple, les femmes victimes de discriminations peuvent l’être en raison du port du foulard ou non. En outre, il est à noter qu’elles peuvent l’être dans bien des situations différentes. Nous devons toutes les défendre. Il en va de même pour les personnes plus impliquées religieusement ou pour des imams. 
Il faut cependant rappeler un fait : Le CCIF est tel un avocat. Il n’a pas besoin d’adhérer aux convictions de son client pour défendre ses droits. Ainsi, le CCIF n’a pas à approuver ou à rejeter les opinions d’un cadre religieux (tant que celles-ci s’expriment dans le cadre de la loi), pour pouvoir défendre ses libertés fondamentales lorsque celles-ci sont mises en danger. C’est précisément à cela que servent nos lois : établir une égalité de traitement entre des personnes, sans que le respect de leurs droits soit conditionné à une concordance des idées. Pourtant, certains voudraient faire porter au CCIF les opinions de toutes les personnes dont il a défendu les droits. C’est une forme d’essentialisation et de raccourci souvent délibéré, afin de mettre en cause le CCIF par procuration. Il convient donc de rappeler avec force une évidence qui doit tous nous rassembler : il n’est pas nécessaire d’être d’accord avec une personne pour défendre ses droits, de la même manière qu’il n’est pas nécessaire d’adhérer à tout ce qui se dit dans les médias pour défendre la liberté d’expression.
Par ailleurs, un certain nombre d’entre eux sont intervenus uniquement pour soutenir notre action et la collaboration que l’on développe avec eux s’inscrit dans une volonté d’utiliser leurs canaux pour sensibiliser les personnes potentiellement victime d’islamophobie. Elles sont ainsi informées des dispositifs mis à leur disposition pour faire valoir, le cas échéant, leurs droits. »
Plus d’infos sur http://www.islamophobie.net/les-nombreuses-contre-verites-sur-le-ccif/

[17Il y en a pléthore et cela partout dans le monde, issus de diverses cultures et sociétés et qui ont été développées à de nombreux moments de l’histoire. Des textes théologiques issus ou inspirés de diverses religions notamment de l’Islam ou du christianisme contiennent d’ailleurs des écrits qui, une fois recontextualisés, peuvent permettent de développer une sensibilité et un esprit critique favorable à l’émancipation des carcans économiques, politiques et spirituels actuels.

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