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10/02 Occupation policière et propagande préfectorale

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Retour sur le dispositif policier du 10 février à Brest, et tentative d’analyse de la stratégie préfectorale et de ses conséquences sur le mouvement révolutionnaire à Brest.

UNE MOBILISATION POLICIERE MASSIVE

Ce samedi 10 février, Brest devait être le théâtre d’une manifestation anticarcérale, match retour du traditionnel feu d’artifice du 31 décembre pour les taulards, interdit et empêché par les flics.

Avec une communication large à l’échelle régionale la soirée semblait prometteuse. Mais la préfecture ne l’entendait pas de cette oreille. La veille de la manifestation, sont publiés un arrêté d’interdiction de manifester et un arrêté d’interdiction de transport d’engins pyrotechniques.

Au fil de la journée de samedi les brestois·es découvrent l’ampleur du dispositif mis en place et une présence policière oppressante dans les rues du centre. Une compagnie de gendarmerie mobile, une compagnie de CRS, la police nationale en tenue anti-émeute venues de plusieurs villes dans une dizaine de véhicules au moins. A tout cela s’ajoute des voitures banalisées et civils d’on ne sait quel service qui sillonnent les rues du centre.

Dès la fin d’après-midi, le centre-ville, et tout particulièrement le quartier Saint-Martin, subissent une occupation policière massive. Un bastion de gendarmerie mobile est constitué place Guérin, pendant que la CRS et la police nationale sillonnent les rues du centre, contrôlant les passant·es qui ne leur reviennent pas. Les halls d’immeuble, boîtes PTT et les coffres de fibres optiques autour de la place Guérin sont fouillés, ainsi que toutes les personnes qui traversent la place. Des personnes sont contrôlées rue Richelieu, et jusqu’à Recouvrance. Des participant·es au festival Longueur d’ondes subissent des contrôles aux alentours du Quartz. Toutes ces actions sont réalisées par des flics sur les dents et qui semblent avoir oublié les règles élémentaires de politesse. On circule en ville sous des regards suspicieux. Aux halles Saint-Martin, cinq personnes sont arrêtées par une dizaine de flics sous le regard peu rassuré des passant·es. Dans les bars du quartier on évoque d’autres arrestations.
Au total, on dénombrera onze interpellations sur la soirée. Aucune n’aboutira à des gardes à vues, rien n’étant finalement à reprocher à ces personnes conduites au poste pour une vérification d’identité qui semble davantage relever de l’intimidation et de la répression politique.

Ce dispositif sécuritaire ambitieux, cumulé à d’autres contingences, poussera finalement l’organisation de la manifestation anticarcérale à annuler toute action le soir du 10 février. Notamment face à l’impossibilité de garantir la sécurité des personnes qui répondraient à l’appel lancé quelques semaines plus tôt.

Une présence policière intense sera tout de même maintenue en ville jusque tard dans la nuit. Des flics par dizaines surveilleront la fermeture des bars du quartier Saint-Martin et suivront des personnes s’en allant continuer la soirée ailleurs, procédant à des contrôles et à des intimidations.

LE SILENCE DE LA PRESSE, LES MENSONGES DE LA PREF.

Si la presse locale s’était fait le relai de la communication préfectorale préalable à ce samedi, déroulant la propagande alarmiste et les coups de mentons d’Alain d’Espinasse, aucune couverture ne sera faite de l’action policière finalement diligentée par l’état pour interdire cette manifestation.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir croisé un correspondant de Ouest France dans le quartier de Saint-Martin à l’apogée de cette opération de maintien de l’ordre.
Probablement un sujet dur à traiter pour les journaux de préfecture locaux.

De fait, la réalité crue de l’ambiance délétère régnant dans toute la ville par la faute de la police tranche avec le récit des autorités qui prétendent protéger la population du péril que représenterait certaines idées politiques et les personnes qui les portent. Impossible de ne pas noter la disproportion du dispositif policier. On ose à peine imaginer les sommes d’argent public englouties pour empêcher quelques centaines de personnes de porter dans la rue une critique du système carcéral. La déconnexion entre les moyens mis en place et les risques argués par les autorités est criante. La nature de répression politique de cette opération évidente.

En fait, les seules informations concernant cet évènement sont disponibles sur le Facebook de la préfecture du Finistère. On peut y lire que les centaines de flics mobilisés ont bien assuré la sécurité de la population et ont été reçus à bras ouverts par les brestois·es. Ces dernier·es leur auraient signifié leur reconnaissance de mille manières tout au long de la soirée (remerciements, cadeaux…). Les services de la préfecture semblent se trouver quelque part entre l’hallucination et le mensonge.

Cette communication contient deux contrevérités majeures : l’opération de police n’avait aucunement pour but de protéger la population, et le plébiscite populaire de cette opération est en réalité inexistant.
On croirait lire de la propagande digne d’une caricature de régime dictatorial. A moins qu’Alain d’Espinasse ne se rêve en libérateur de Brest à la sauce 1944, boutant hors de la cité les occupant·es extrémistes. Le ridicule ne tue pas askip.

Malheureusement, le ridicule du communiqué de la préfecture ne vise pas au progrès de l’humour, mais espère bien imposer un récit de flic sur la réalité.
Un récit où l’interdiction de s’exprimer imposée par des hommes en armes devient la sécurité publique. Un récit où le harcèlement des flics devient un plaisir.

Quite à donner dans la propagande éhontée nous nous permettons tout de même de suggérer à la préfecture d’user de plus de panache et de ne pas se contenter de délcarations timides et pudiques :


DERACINER LES RADICAUX

En réalité, le préfet ne croit pas en ce qu’il écrit. Il sait que cette opération de police, loin de protéger une population à laquelle aucun mouvement ne s’attaque, s’inscrit dans une continuité d’actions visant à réprimer spécifiquement certaines idées politiques à Brest. En travaillant à rompre les liens réels ou supposés de « l’ultra-gauche » avec toutes sortes de personnes, associations et autres groupes, il cherche à marginaliser les idées et groupes révolutionnaires.
Le préfet sait donc, que, loin d’être plébiscitée, son action est vue d’un mauvais œil par nombre de brestois·es. Celleux qui ont fréquenté l’Avenir des années durant, qui pratiquent certains espaces culturels ou festifs partout en ville, qui s’impliquent dans les luttes sociales qui ont secoué Brest et la France ces dernières années. Bref, les personnes qui vivent et luttent à Brest, réaffirmant dans leur paysage, leurs pratiques et l’identité de leur ville, une culture contestataire, voire révolutionnaire, bien ancrée.

A ce titre, les faits révélés par l’enquête récente de Splann ! sur la politique punitive de la préfecture envers les associations qui ont soutenu de près ou de loin l’Avenir au moment de son expulsion sont éloquents. L’interdiction du défilé et de la fête du nouvel an sur la place Guérin, puis de la manifestation du 10 février démontrent aussi une volonté d’empêcher certains mouvements de proposer des espaces de contestation rejoignables. En ligne d’horizon, une forme d’isolement et de repli sur des activités peu publiques et réduites à un milieu restreint. On notera aussi l’attention administrative particulièrement suspecte portée sur certains bars de la place Guérin supposés servir de bases arrières à "l’ultra-gauche".

Il s’agit bien de déraciner des habitudes, des liens, des potentiels, perçus par la préfecture comme autant de gages d’implantation, de pérennité et de croissance pour celleux qui combattent l’ordre actuel des choses. Un ordre qui nourrit le préfet, qui fait les carrières de ses semblables, et qui maintient nos vies et celles des nôtres dans l’exploitation quotidienne et la misère existentielle de la dépossession.

INVESTIR LA METROPOLE

Il semble désormais que le mouvement révolutionnaire à Brest doit trouver des manières de contrecarrer la pression policière inédite qui s’abat sur lui pour exister publiquement comme force politique. A ce titre, rendre impossible de vieilles habitudes n’était peut-être pas une bonne idée pour le préfet, puisque c’est une invitation claire pour toutes celles et ceux qui ne veulent pas se laisser faire, à déborder le cadre d’action habituel et à répandre leurs combats et leurs racines aux quatre coins de la métropole. Une invitation aussi à (re)forger des alliances parfois au-delà des révolutionnaires pour ne pas se voir contester le droit de prendre la rue. Une invitation à produire un niveau d’intégration et de coordination plus élevé avec les autres villes de Bretagne. Une invitation à faire face à la répression dans toutes ses dimensions pour la rendre inopérante. Une invitation à imposer et faire grandir notre liberté de vivre et de lutter.

Sur ce thème, le 23 février à 20 heure, le PL Guérin, Canal ty zef, Ekoumène et radio U organisent une réunion publique au PL Guérin à propos de la coupure de certaines de leurs subventions semblerait-il en raison de leur soutien à l’Avenir. Un rendez-vous à ne pas manquer pour comprendre la tentative de mise au pas dont sont aussi victimes ces associations, à travers des outils fournis par la loi séparatisme et imaginer des pistes pour s’en défendre.

Pendant ce temps une pétition a été lancée par des habitant.es du quartier Saint-Martin pour exiger la fin des opérations d’occupation policière du quartier qui deviennent la norme depuis cette année. Arguant d’un "climat d’intimidation et de peur qui nous a tous·tes empêchés de vaquer librement à nos occupations habituelles", dénonçant aussi des mesures excessives et une "criminalisation du mouvement social". Une pétition ouverte aux signatures des riverain.es, usager.es et soutiens du quartiers.

Signe aussi de possibles convergences d’interets, un collectif de sound systems finistériens organisait une manifestation le samedi 17 à Brest et Quimper, pour dénoncer la politique particulierement répressive de la préfecture sur les organisateurices de free party, dans le finistère, depuis la nomination du préfet Alain d’Espinasse. Preuve que cette politique de répression sociale et politique s’étend au-delà de Brest et du spectre de "l’ultra-gauche". Ces enjeux ont tous en commun la question du contrôle du territoire et de la vie par l’État, ainsi que leur asservissement de fait à la logique marchande.

Le préfet d’Espinasse parviendra-t-il à étendre sa domination sur le Finistère et à plonger le département dans les ténèbres de l’ennui et du contrôle métropolitain ? Les breton·nes sauront-illes lui tordre le bras et reprendre les libertés qu’il prétend leur arracher ?

La suite au prochain épisode !

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