Lu sur Paris Luttes Info
Le 31 décembre à Cologne, des femmes ont été agressées sexuellement sous l’œil de policiers, représentants de la violence patriarcale d’État. Ce même État a trouvé bon d’utiliser ce prétexte pour stigmatiser les hommes migrants, mais aussi pour rappeler comment doit se comporter une femme dans l’espace public (pour exemple, la mairesse de Cologne, H. Reker, conseille aux femmes de « laisser une distance d’un bras entre elle et des hommes inconnus dans la rue ». Notons qu’en allemand, "fremd" signifie aussi bien « inconnu » qu’ « étranger ».)
Le traitement de cette construction politique et médiatique ne nous surprend pas. Il est symptomatique d’une pensée dominante raciste. De plus, il fait le jeu des États occidentaux pour durcir leur politique répressive (plus d’expulsions, moins de régularisations, fermeture des frontières). Ce processus de création d’ennemis intérieurs, changeants au fil des époques, est ce qui nourrit le racisme institutionnel.
L’idée véhiculée par ce traitement médiatique est que la culture du viol, et la domination masculine, sont étrangères à la culture occidentale. Il s’agit là d’une idée impérialiste et coloniale. Selon une perspective pseudo-féministe raciste, l’« égalité homme-femme » serait désormais acquise dans les pays occidentaux, mais pas ailleurs. Le combat féministe n’aurait plus aucun sens et ne serait donc plus à mener ici. Ainsi, certaines personnes préjugent du sexisme et de la dangerosité d’hommes non-blancs.
Le traitement de cette construction politique et médiatique ne nous surprend pas, il pue la domination patriarcale.
La seconde idée véhiculée serait que les femmes ayant subi des agressions sexuelles, ou non, devraient se questionner sur leur légitimité à être présentes dans l’espace public, créé pour et par les hommes. Nous devrions justifier que nous n’initions pas les violences que nous vivons par des comportements aguicheurs. Nous devrions nous sentir coupables de ce que nous subissons. C’est une parfaite illustration du victimblaming. Par ce terme nous entendons par exemple : demander à une meuf agressée comment elle était habillée, si elle était ivre. En bref, tout ce qui pourrait être considéré comme un « détail pour comprendre le contexte » car cela pousse la meuf à se justifier ou à se culpabiliser.
De la même manière, dans de nombreux cas, porter plainte signifie se confronter à nouveau à la violence sexiste. C’est-à-dire, devoir se justifier, expliciter, être psychiatrisé-es, réduit-e au statut de victime. Nous savons que les statistiques de l’État et de sa police concernant les agressions sexuelles sont sous-estimées. Nous réaffirmons que le viol ne se résume pas à une mauvaise rencontre dans un parking sombre ou une soirée de la saint Sylvestre. Les personnes agressées connaissent le plus souvent leur agresseur. Les institutions donnent une vision tronquée des agressions sexuelles et des pseudo-solutions sont proposées, afin de ne pas remettre en question et de maintenir les relations patriarcales.
Les policiers sont le bras armé de la violence patriarcale. Nous préférons à la porcherie policière, et à la justice classiste, raciste et sexiste, l’organisation collective en non-mixité (temps de réflexion et d’écoute, recueil de témoignages, tables d’écoute lors d’événements militants ou autres, ripostes, autodéfense physique et verbale).
Nous ne demandons rien à l’état et surtout pas de nous considérer comme de petites choses fragiles. Si c’est ainsi que les institutions nous perçoivent, qu’elles s’attendent à des représailles à la dynamite.
Que crève le patriarcat et son monde !
Des féministes
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