Lors de notre tentative de randonnée bon-enfant et de cantine festive et détendue à Pont-de-Buis, mercredi 18 mai, organisée en opposition à l’appel du syndicat policier, nous avons pu constater que l’équipe bleue d’en face, non conviée à notre petite sauterie mais pourtant venue en grand nombre, était pour le moins crispée : « si ça s’énerve, on leur tape sur la gueule et puis c’est réglé » a déclaré aimablement l’un des flics à son coéquipier. Le dispositif policier, un hélicoptère, quelques 200 gendarmes mobiles et des dizaines de véhicules dont un « OEIL », (nouveau véhicule assurant la sécurité des « événement à hauts risques » selon le fabriquant) valait bien une visite au musée de l’armement, ça fait chaud au cœur de voir que Le Drian, pense toujours à la sécurité des pique-niques de sa Bretagne natale.
Des choses que nous vivons, nous préférons en rire, tant les faits sont plus le reflet du grotesque de l’état policier que de sa gravité. Nous rions, en revanche beaucoup moins, quand nous lisons les nouvelles des copain-e-s de lutte des autres villes :
À Rennes, 20 personnes ont été interpellées pour « association de malfaiteurs » pour avoir voulu mettre de la mousse expansive dans les bornes du métro, dans le cadre d’une action non-violente de blocage économique, décidée par l’intersyndicale rennaise, et présentée par les médias comme un acte dramatique de « sabotage ». Quatre autres étudiant-e-s viennent d’être mis en prison (de 3 à 1 mois ferme) pour une altercation sans gravité avec un commerçant.
À Amiens, 5 ans de prison ferme ont été requis contre une militante communiste pour « violences volontaires contre un dépositaire de l’autorité publique » et « dégradation de bien public ». Les violences ? Un jet de micro suite à l’occupation de la Mairie où l’on ne déplore aucun blessé parmi les policiers, en revanche les vidéos de l’évacuation montrent un certain nombre de coups de matraque assénés par les « gardiens de la paix ».
À Nantes, un lycéen de 18 ans a été mis en examen pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Un commandant de police a été pris à partie par un groupe de manifestant-e-s qui lui ont asséné plusieurs coups. Bien qu’il n’y ait pas d’éléments précis attestant de la participation du jeune inculpé aux coups donnés, il a été immédiatement incarcéré après une garde à vue de 48h. La procédure « criminelle » prévoit des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité.
À Paris, quatre personnes ont été interpellées pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » suite à l’incendie d’une voiture de police. Les assaillant-e-s étant totalement masqué-e-s, le nom des personnes incriminées aurait été donné par les services de renseignements d’après une liste de militant-e-s politiques connu-e-s, sans réelles preuves qu’ils aient été présents. Le témoin anonyme des faits – preuve de la rigueur du dossier – est en réalité un gentil et impartial RG. Nous avons maintenant affaire à une police politique qui vise les milieux radicaux.
Etc.
La liste n’est, bien sûr, pas exhaustive, mais le nombre d’interpellations et de poursuites abusives à l’encontre des manifestant-e-s ne cesse de s’alourdir. Partout en France, l’état accumule des notes blanches sur les contestataires de la loi travail et son monde. Tout individu réfléchissant à un autre système de pensée et revendiquant une autre manière de vivre que leur merde capitaliste est dans le viseur de leur flash-ball et sous la menace du marteau d’une justice expéditive et aveugle. Après les « casseurs » et les « insondables black-blocks », catégories de manifestant-e-s complètement fantasmée à la terminologie délicieusement vide de sens et volontairement flippante, les grands médias, s’attaquent aux « bloqueurs », ces très méchants grévistes qui « prennent en otage » la population. Le terme n’est pas nouveau, bien que rarement utilisé par un gouvernement dit « socialiste », mais il prend, à la lumière des récentes actualités, une connotation hautement terrorisante. Qualifié de minorité, décrédibilisé par les campagnes médiatiques et criminalisé par les instances policières pour qui tout-e manifestant-e est un-e violent-e terroriste et doit être traité-e comme tel-le, le mouvement perdure et même prend indubitablement de l’ampleur.
Nous accusons le gouvernement de non respect de la démocratie : par l’utilisation de l’état d’urgence ainsi que du 49.3. Le collectif brestois contre la loi travail se déclare solidaire de tou-te-s les interpellé-e-s et tou-te-s les inculpé-e-s et dénonce toute forme de répression qui tend à bâillonner un peuple en colère. Sept personnes de notre collectif ont été interpellé-e-s depuis le début du mouvement, c’est pourquoi il nous a paru important de concrétiser cette solidarité en mettant en place une caisse anti-répression pour les soutenir. Enfin, bien que nous ne soyons que peu touché-e-s par la violence policière, nous nous déclarons solidaires des nombreu-ses-x blessé-e-s du mouvement.
Les Brestois-e-s en lutte vous envoient des bisous et des brouettes de pavés !
Pour télécharger le communiqué :
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