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[Brest] Sur la mort suspecte d’un détenu de la Maison d’Arrêt

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Mise à jour du 4 mars 2017 :

Cet article, publié initialement par un proche dans l’urgence et sous le choc causé par la mort de Manuel comportait quelques lacunes et zones de flou. L’histoire que les proches ont pu reconstituer depuis s’est quelque peu modifiée, cet article tient compte de ces modifications. La police a refusé une première plainte pour homicide involontaire de la famille, mais elle a finalement dû accepter suite à l’ouverture d’une enquête par le procureur, comme la procédure l’oblige. Une plainte a aussi été déposée par l’avocat des Manuel pour protéger les détenus et tenter de les protéger de la pression qui leur est mise par les matons et l’administration pénitentiaire.

Cet aticle fait une synthèse de plusieurs témoignages de proches de Manuel.

Madame, monsieur, à vous amis et famille, à tous ceux qui sont depuis plusieurs jours, plusieurs mois, témoins et/ou victime de bavures policières.
Aujourd’hui nous sortons du silence, puisque notre peine est lourde, l’incompréhension nous bouscule.

Perdus entre colère et tristesse, depuis que le téléphone a sonné pour nous faire part d’une nouvelle plus que désastreuse, Manu, Manou, Manouelle, Donald, un fils, un frère, un père, un petit-fils, un neveu, un cousin, un filleul, un ami : Manuel Bajazet nous a quitté contre sa volonté.

On nous annonce qu’il s’est pendu tandis qu’il était incarcéré à la prison de l’Hermitage de Brest pour des faits commis il y a de ça 6 ans. Il nous l’avait promis et le répétait souvent, ayant déjà été condamné à plusieurs reprises, il faisait cette dernière peine de prison pour se consacrer à son fils et ses projets. Il disait « je ne veux plus rien devoir à la Loi, je fait mes quatre ans et vous ne me revoyez plus ». Il devait être remis en liberté en avril 2017, soit dans à peine 2 mois.

Manuel, pour ceux qui le connaissaient, grande gueule, qui n’avait pas froid aux yeux, jamais la langue dans la poche, avait malgré tout un amour pour la vie, pour sa mère, pour sa sœur, pour son père, et depuis peu pour son fils. Il les a aimés et protégés malgré ses écarts, nul ne pouvait imaginer qu’il se serait suicidé.

Dimanche 5 février, Manu a été pris pour un SDF à son arrivée à l’hôpital vers 15h, selon le témoignage d’une des soignantes. En effet, à son arrivée, aucun nom ou numéro de portable n’a été transmis aux soignants. Pourtant il sortait juste de la prison. Les personnes qui l’ont amené l’ont juste déposé comme une personne sans identité, sans famille, sans amis. Ce n’est qu’entre 18h et 19h que la compagne de Manuel, Marlène, est mise par hasard au courant par un proche, qui lui annonce déjà le décès de Manuel alors qu’il est à ce moment là en réanimation. Imaginez la folie, l’incompréhension, le désarroi de Marlène à l’annonce de cette nouvelle, qui plus est 3 à 4h après le drame. La compagne de Manuel allait pourtant le voir très souvent au parloir, ce que l’administration pénitentiaire ne pouvait ignorer. Quand Marlène a contacté la Maison d’Arrêt pour savoir où il se trouvait, on lui a répondu qu’ils n’en savaient rien. Elle a dû appeler au hasard les hôpitaux et patienter longtemps avant de savoir qu’il se trouvait à l’hôpital de la Cavale Blanche.

Plusieurs questions se posent :

Comment se fait-il que la famille n’ait pas été mise au courant ? Que ce soit au moment où ils constatent les faits ou celui où il est transféré à l’hôpital ?

Comment se fait-il que ce soit un proche qui annonce à sa compagne une telle nouvelle, qui en plus n’est pas exacte ?

Pourquoi aucune information (identité, famille, moyens de contact...) n’a été transmise aux soignants du CHU de la Cavale Blanche à Brest par le personnel ayant ramené Manuel ?

Ceci dit doit-on mettre la faute sur les pompiers l’ayant amené à l’hôpital ou sur le personnel pénitentiaire n’ayant transmis aucune information ?
Nous sommes confrontés à une multitude de questions dont les réponses restent vagues, incomplètes, incomprises, floues ou encore inexpliquées.

Que s’est-il passé dans ce centre pénitentiaire ?

Samedi 4 février 2017, suite à la visite de son fils, avec qui il a passé un agréable moment (selon l’ami qui l’a ramené), Manuel avait lui-même affirmé « plus jamais un samedi sans lui ».
Quelqu’un qui demande à être avec son fils tous les samedis, 2 mois avant sa remise en liberté, pouvons-nous dire de lui qu’il est candidat au suicide ?
Par la suite heureux d’avoir vu son fils, il est rentré dans sa cellule pour faire une sieste, et toujours aucune envie suicidaire chez lui selon son codétenu.

C’est au réveil de cette sieste vers 15h qu’une altercation éclate entre lui et une gardienne, et qu’un collègue de cette dernière intervient. Selon les témoignages des détenus, c’est finalement cinq matons qui sont intervenus et qui l’ont pris par les 4 membres (les jambes et les bras), pour pouvoir l’amener au mitard (cachot). Il aurait alors hurlé de douleur dans le couloir, se plaignant de son bras.
Manuel faisait 1m80 pour 110 kg, tout en muscles. Le maton avec qui l’altercation a eu lieu lui menait la vie dure depuis plusieurs mois : coupure d’eau sous la douche, confiscation de la stéréo, ne le disait à sa compagne qu’il ne le "trouvait plus" au moment d’aller au parloir...

Ce samedi soir, toujours selon les détenus, Manuel a crié car son bras lui faisait mal, certains ont même affirmé avoir entendu des coups pleuvoir. Manuel aurait tapé contre la porte pendant plusieurs heures, puis après 19h les détenus affirment n’avoir plus rien entendu jusqu’au lendemain où Manuel a été retrouvé soit-disant pendu. Aujourd’hui aucune vidéo de surveillance n’a été transmise pour causes de travaux (comme par hasard), c’est à dire que les caméras tournent sans enregistrer – Dois-je rappeler que nous sommes dans un centre pénitentiaire et que les moyens de sécurité et de preuves seraient minimes voir inexistants ?
De plus, plusieurs témoignages écrits de détenus nous ont été transmis depuis le drame. Après cela aucun détenu n’a été autorisé à sortir, certainement pour éviter de parler entre eux ou même pour éviter d’éventuelles représailles. Néanmoins ces témoignages racontent tous la même chose : Manuel, vu comme un grand frère, un protecteur, un porte-parole n’aurait jamais pu faire une telle chose. Il avait l’habitude du mitard, et était passé par des prisons où les conditions de détentions sont plus "dures" que celle de Brest (Fresnes, Guadeloupe). Il avait presque fini sa peine de plusieurs années et sortait dans deux mois.

Chers lecteurs et lectrices, nous parents, amis, son avocat, etc. sommes sûrs de la même chose : MANU N’A PAS MIS FIN A SA VIE ! Cet homme aux multiples accusations, qui connaît le milieu carcéral, qui a vécu des choses inimaginables tout au long de sa vie n’aurait jamais pu mettre fin à ses jours pour si peu, surtout pas maintenant qu’il a un fils et des projets.

D’autres questions se posent :

Comment se fait-il que les témoignages des gardiens soient confus, troubles et incohérents alors que celui des détenus, ceux-là même qui ne s’étaient pas vu alors, semblent similaires et cohérents sans que ce soit les mêmes mots ?

Comment se fait-il qu’aucune preuve matérielle ne puisse être transmise à la famille ?

Quels travaux peuvent empêcher la sauvegarde des vidéos de surveillance ?

Comment un homme qui habituellement était très fort pour supporter les douleurs (les cicatrices de chutes à moto et autres sur son corps pouvaient en témoigner) et avait une grande fierté a pu se plaindre de douleur aux bras ? Et si il a si mal aux bras, comment peut-il trouver la force de se pendre lui-même ?

Qu’est devenue la surveillance obligatoire de Manuel au moment où les faits se sont déroulés ?

Dimanche 5 février, à l’arrivée de F. Bajazet (mère de Manuel) et Marlène, les médecins leur ont affirmé que Manuel s’est pendu à l’aide d’une corde. C’est après réflexion que Marlène s’en va demander où a-t-il pu prendre cette corde, et que le médecin rectifie et dit que c’est peut-être à l’aide d’un drap. En nous rendant au chevet de Manuel (toujours en réanimation) nous avons constaté une marque sur son cou ne faisant pas plus de deux centimètres d’épaisseur et d’une netteté parfaite. Est-ce une marque laissée par un drap ? En questionnant d’autres détenus, ils nous ont affirmé que se pendre au mitard est compliqué et prend du temps, plus que les dix minutes pendant lesquelles il serait resté sans surveillance.
Il est troublant d’apprendre comment l’administration pénitentiaire met en danger la vie des détenus, car dans leur version de l’histoire, le gardien qui l’aurait trouvé pendu aurait dû aller chercher le gradé qui avait la clé de sa cellule à l’autre bout de la prison, ce qui aurait encore retardé d’autant plus leur hypothétique intervention. Autre incohérence, l’administration pénitentiaire nous a dit qu’il serait resté pendu au maximum 10 minutes, alors que des médecins urgentistes nous ont indiqué qu’il fallait rester au minimum 15 minutes pendu pour provoquer un oedème ou un arrêt cardiaque.

A l’hôpital, Manuel portait une attelle sur une main, parce qu’il aurait tapé avec sur les barreaux. La version de la Maison d’Arrêt est qu’il aurait reçu des soins à l’infirmerie de la prison, alors qu’à l’hôpital il avait plein de sang séché sous son attelle. Ce sang séché nous fait penser que l’attelle lui a possiblement été mise au moment de l’emmener à l’hôpital, pour faire "comme si" il avait eu des soins.

Autre chose nous interpelle : en prenant contact avec la directrice du centre pénitentiaire, elle parut étonnée de savoir les parents de Manuel en vie. Dans toutes nos suppositions (puisque nous restons sans réponses exactes), ne devons-nous pas croire à un coup monté ? Elle a prétendu qu’il n’y avait pas de contact dans son dossier, alors qu’il recevait des visites au parloir de son fils et de sa compagne.

Elle a raconté une version du déroulement de la journée de samedi totalement différente de celle que nous ont donnée les détenus. Elle a prétendu que Manuel était en promenade, et que vers 16h30 il aurait voulu remonter. La porte se serait bloquée, ce qui aurait énervé Manuel, qui aurait commencé à insulter une surveillante. Son collègue serait intervenu et Manuel lui aurait mis son poing dans la gueule. Un autre gardien et un gradé seraient alors intervenus pour l’emmener au mitard, apparement dans le calme.

Pourtant, cela faisait plus de six mois que Manuel ne sortait plus en promenade, il trouvait qu’il faisait trop froid pour sortir. Manuel était très nerveux et musclé, il faisait 1m80 pour 110kg, et quand il s’énervait il ne redescendait pas rapidement en pression. Comme l’affirment les détenus, nous ne croyons pas que Manu serait descendu en promenade ce jour-là, ni qu’il aurait calmement choisi de suivre les gardiens au mitard après en avoir cogné un. La directrice affirme aussi que Manuel aurait parlé au gradé pendant une heure, et que celui-ci lui aurait dit regretter son geste. Connaissant Manuel et sa fierté énorme, il n’aurait jamais dit regretter quoi que ce soit à un gardien.

Lundi 6 février, Manuel a rendu l’âme sous l’œil de sa mère, sa sœur, sa compagne, cousins, cousines, amis...

Le procureur a donc engagé une enquête judiciaire suite à la mort plus que suspecte de Manuel. Mercredi 8 février, une autopsie a eu lieu et nous sommes encore aujourd’hui (dimanche 12 février) en attente de résultats qui auraient dû être publiés le lendemain de l’autopsie.
Nous avons l’impression qu’ils veulent étouffer au plus vite l’affaire, qu’ils attendent que nous fassions les obsèques de Manuel pour enfin nous donner ces résultats que nous attendons tant. Nous supposons d’ores et déjà qu’il y a quelque chose à cacher, quelque chose à ne pas ébruiter. Nous refusons de rester dans le silence plus longtemps, sans lumière nous restons dans le noir, comme un refus de faire notre deuil !
Nous sommes prêts à nous battre, à faire jaillir la vérité, nous demandons la publication de l’autopsie, que nous puissions voir plus clair, que notre esprit se repose et que Manuel soit en paix. Cela fait 7 jours, et nous sommes déjà à bout de force, c’est pour cela qu’aujourd’hui nous employons les grands moyens, afin de nous faire entendre et de faire entendre la vérité.
Faites tourner cette histoire autour de vous !

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