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Grève dans les bibliothèques : les raisons de la colère

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Le projet d’organisation de la médiathèque des Capucins passait ce mardi matin pour la seconde fois en Comité Technique. Si la première fois comme la seconde, l’ensemble des organisations syndicales ont voté contre à l’unanimité, 2 des 3 élu-e-s qui s’étaient abstenu-e-s la première fois ont reculé aujourd’hui. Leur aurait-on « expliqué » le dossier ?
Le mouvement des bibliothécaires, lui, ne faiblit pas.

"L’Exécutif municipal soumet, pour avis, au Comité Technique de ce jour, le même document que celui qui a été présenté dans cette même instance le 23 juin dernier. Incontestablement c’est faire fi du vote négatif de l’ensemble des représentants du personnel et de l’abstention de trois élus politiques.

Ceci est particulièrement intolérable de la part des élus du Peuple !

Il n’est tenu aucun compte de la forte et régulière mobilisation de l’ensemble des agents du réseau des bibliothèques depuis le 28 avril !
Il n’est tenu aucun compte du vaste soutien populaire à ce mouvement social pour la défense d’un service public essentiel pour l’accès à la culture !
Il n’est tenu aucun compte de la pétition, opération toujours en cours, et qui recueille, à ce jour, plus de 3 000 signatures !
Il n’est tenu aucun compte de la large médiatisation de ce conflit, notamment au vu des nombreux articles publiés dans la presse locale et la presse spécialisée nationale !

Ceci est particulièrement lamentable de la part des élus du Peuple !

PRIMO : Concernant la consultation des agents, il s’agit d’un véritable trompe-l’œil !

Depuis l’automne 2014 les agents font remonter leurs vives inquiétudes quant aux manques de postes pour un équipement de la taille des Capucins ainsi que leur opposition à tous redéploiements de postes. Sans aucune précision budgétaire de la part des élus, la Direction du réseau des Bibliothèques a bien du mal à répondre aux questions des agents sur les moyens humains disponibles. Il est donc aujourd’hui inconséquent d’affirmer que les agents ont été « consultés ». Aussi, du fait de cette concertation tronquée leurs remarques essentielles, non-prises en compte, et les parties du projet avec lesquelles ils sont en désaccord unanime n’ont fait l’objet d’aucune négociation.

SECUNDO : Concernant le nombre trop restreint de postes prévus pour la Médiathèque des Capucins

À titre d’exemple sur un équipement comparable, « La Médiathèque des Champs Libres » de Rennes met à disposition de la structure 81,7 ETP pour 9 700 m². La surface totale de la médiathèque des Capucins est également de 9 700 m² avec 36 ETP prévus (dont 3 cadres A). Les services ressources ou communs également dévolus au réseau (24 ETP B et C) ne suffiront pas. Très concrètement, ces manques de personnel qualifié dans plusieurs espaces des Capucins provoqueront surcharges de travail engendrant du mal-être pour les agents.
En effet,
Comment gérer l’espace Arts/Littératures, aux collections très importantes à médiatiser ?
Comment assumer, dans l’espace jeunesse, les nombreux accueils de groupes, de classes (dont les TAP), d’autant plus que cet espace accueillera et aidera à médiatiser le fonds patrimonial jeunesse de référence, l’espace parents ?
Comment assurer le fonctionnement du Département « Vie et Citoyenneté » qui sera la vitrine de la médiathèque ?

TERTIO : Concernant le budget d’investissement

Monsieur le Maire a déclaré en Conseil Municipal du 11 juin dernier que « la Ville de Brest mettait 30 millions d’€ pour la Médiathèque des Capucins ». Cette enveloppe de 24 millions d’€ hors taxe et 30 millions TTC est assistée à hauteur de 14,1 millions d’€ par l’État, les autres collectivités locales et des fonds européens. En récupérant la TVA, la Ville n’investit pas beaucoup plus de 10 millions d’€ sur ce dossier très bien cofinancé. Mais les agents ne peuvent accepter que les élus en charge du dossier s’appuient sur la section d’investissement pour justifier leur absence de créations de postes en section de fonctionnement. Pour que la médiathèque des Capucins fonctionne à minima et que le réseau des médiathèques continue d’assurer un haut niveau de service public de la lecture dans les quartiers, il faut augmenter le nombre d’agents du réseau des médiathèques. Il n’y pas d’autres solutions. Nous le répétons encore, le projet actuel d’organigramme, tel qu’il est proposé, va tous nous amener à l’échec. C’est ainsi que d’ores et déjà les usagers et les agents trouvent cette situation inadmissible.

QUARTO : Concernant les redéploiements des postes des bibliothèques de quartier vers les Capucins

Nonobstant l’opposition des agents aux redéploiements prévus, ils ne peuvent se résoudre à compter les 6 ETP redéployés comme des créations de poste. D’autant plus que l’ensemble des agents participeraient également aux ouvertures dominicales des Capucins. Ces redéploiements pèseront, bien évidemment, sur les activités créatrices de liens sociaux et culturels dans les quartiers, dont certains habités par des populations en grande fragilité sociale.
Les équipes des bibliothèques de quartier perdant 1 ou 0,5 ETP (6 bibliothèques concernées) seront obligées de refuser des sollicitations des structures socioculturelles, des associations, des écoles (dont les TAP). Les projets à l’échelle du réseau seront menacés : présences aux Jeudis du port, Vendredis du sport, bibliothèques de rue dans les endroits particulièrement excentrés, participations à des temps forts culturels dans les quartiers… C’est une grande partie de la vie culturelle et sociale brestoise qui verra moins les bibliothécaires, habituellement prompts à répondre aux sollicitations pour ces événements qui contribuent au bien vivre ensemble qui caractérise la cité du Ponant. Ces redéploiements, s’ils sont actés, doivent être compensés pour que les équipes des quartiers puissent continuer à assurer un minimum de partenariats.
Enfin, la diminution de l’amplitude d‘ouverture de ces établissements sera-t-elle envisagée ?

QUINTO : Concernant les ouvertures partielles des midis en semaine. C’est une idée contre-productive !

Les ouvertures partielles de la Médiathèque les mardis, mercredis, jeudis et vendredis ne permettront pas aux publics, le midi sur leur temps de pause, d’emprunter l’essentiel des collections. Il faudra alors expliquer aux usagers :
« la médiathèque est ouverte, mais vous n’avez pas le droit de jouer, d’accéder à Internet, de lire des BD, de regarder des films, d’emprunter des documents pour vos enfants ou pour vous… ». Pour un accès optimum il convient d’ouvrir pleinement dès 12 H 30 pour atteindre ainsi une ouverture totale de 35 heures hebdomadaires. Cette disposition équivaudrait à 2 ETP supplémentaires.
Est-ce si difficile de les créer pour la qualité du service public culturel à rendre ?

SEXTO : Concernant l’amplitude horaire beaucoup trop basse pour un tel équipement

La proposition d’organigramme indique 25 heures d’ouverture totale hebdomadaire en été et 29 heures d’ouverture totale en hiver par semaine. C’est très en dessous du temps moyen d’ouverture pour les médiathèques de cette taille (41.50 heures hebdomadaires en moyenne) et sera aussi très négative pour l’image de la médiathèque et de la métropole au niveau national.
Ces dispositions créeront dès le départ de lourdes incompréhensions avec les usagers.
Ce projet d’horaires d’ouverture est absolument et indubitablement à revoir !

En conclusion

Permettez-nous de citer Jean VILAR, comédien de théâtre et de cinéma, metteur en scène, créateur du festival d’Avignon et Directeur du Théâtre National Populaire :
« Cette société est sans esprit parce qu’on lui donne à penser que fric » ou encore Jacques DELORS qui précisait ce qui suit : « La culture n’est pas une marchandise comme les autres et l’on ne doit pas la traiter comme telle, c’est-à-dire comme des frigidaires ou des automobiles ».
La culture est-elle aujourd’hui vouée à s’inscrire dans le champ économique plus que dans celui de l’esprit ? La question se pose à Brest car, en effet, la culture n’est pas un service public comme les autres.
Non pas que l’Etat y soit moins présent qu’ailleurs, bien au contraire : la politique culturelle française est traditionnellement caractérisée par une forte présence publique, et repose, pour être plus précis, sur un subtil agencement des relations entre l’Etat et les collectivités locales qui s’organisent pour garantir l’offre culturelle.
Nous avons développé les différentes subventions dont bénéficie le programme des Capucins. Vous constatez aujourd’hui néanmoins, au travers de ce conflit, l’opposition qui existe entre la forme juridique du service public, destinée à définir les activités d’intérêt général que doit assurer la puissance publique, et la revendication légitime des agents des bibliothèques de Brest à savoir la matière première que constituent les moyens humains, la liberté, l’autonomie nécessaires à la créativité. Les acteurs publics en charge d’affaires culturelles connaissent bien cette ambivalence.
Mais vous non ! Car vous refusez de la voir en vous réfugiant derrière le manque de moyens budgétaires d’une Métropole bien pauvre en l’occurrence. Faute de moyens financiers à la hauteur de vos ambitions culturelles lancées sur des câbles de téléphériques, vous allez devoir assumer cet échec annoncé. De la même façon, vous allez devoir compter sur la réaction des agents qui continueront leurs actions jusqu’à la satisfaction de leurs légitimes revendications pour l’accès de tous les citoyens à un service public culturel de qualité."

Déclaration CGTCFDTUNSAFO Brest métropole COMITÉ TECHNIQUE DUJUILLET 2015

Le vote qui a suivi n’a pas découragé les bibliothécaires qui, après s’être réuni-e-s en Assemblée Générale, sont allé-e-s à la rencontre des Brestois-e-s place de la Liberté pour les informer de leur mouvement.

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