A vous, habitant-e-s de la zad qui avez participé aux opérations de nettoyage de la D281, un peu parce que vous vouliez être sympas avec les voisin-e-s qui gagnent du temps à passer par cette route si elle n’est pas toute enchicanée et beaucoup parce que vous vouliez commençer les négociations tout propres, en présentant une face acceptable pour la préfecture parce que vous, vous avez « un vrai projet ». Agricole en plus ! Pardon, un « vrai projet agricole » ! Manière peu subtile de dire que vous etiez plus légitimes à rester que, non seulement, celles et ceux qui ont un projet agricole un peu moins « vrai » et surtout que celles et ceux qui n’en ont même pas de projet agricole voire qui n’ont même pas encore compris qu’il fallait en avoir des projets, les con-ne-s ! Faut le faire par les temps qui courent, n’avoir pas encore compris ça !
Les pouilleux/euses de la route, c’est moins grave s’iels sont expulsé-e-s, vous disiez-vous sans doute, iels doivent avoir l’habitude de toute façon, d’être chassé-e-s de partout, ça c’est sûr. Alors ça ne vous a pas dérangé de faire le boulot vous-mêmes quand ça servait votre stratégie de présentabilité et que vous esperiez faire votre beurre (Ah non, vous éleviez des moutons) sur le dos de vos voisin-e-s qui n’avaient pas, elles et eux, l’opportunité de jouer la carte du « nous on est pas des méchant-e-s anarchistes-qui-refusent-toute-discussion ».
Mais non, aujourd’hui, premier jour du remake des expulsions de la ZAD, je ne suis pas content-e. Je ne me réjoui pas de savoir que vos petites trahisons ne vous ont même pas garanti la place au chaud que vous convoitiez. Non, mais je me dis, merde, y’a vraiment un truc à faire à votre place, ce serait de s’excuser, non ? Ah bien sûr ça ne réparera rien. Ce qui est fait est fait. Mais quand on a marché sur la gueule de ces voisin-e-s en espérant en tirer profit puis qu’après ça, on se fait marcher sur la gueule à notre tour et qu’on réalise alors que c’est violent... Alors, y ’a un truc qui s’appelle la décence qui veut qu’on réconnaisse qu’on s’est planté, que si c’est violent pour nous alors c’était violent probablement pour les autres aussi, que ça « ne se fait pas » de marcher sur la gueule de son/sa voisin-e de lutte pour essayer de sauver sa peau (et c’est assez pathétique, surtout quand ça ne marche pas).
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