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Le collectif Niet !éditions a le plaisir de vous annoncer la sortie de « Te plains pas, c’est pas l’usine », de Lily Zalzett et Stella Fihn.
Le secteur associatif emploie en France 1,8 million de personnes, et il a bonne presse. Quand on travaille dans une association, on est censé y trouver du sens, on est censé être en adéquation avec des valeurs et non avec une logique de profit. Faire corps avec son boulot : une chance inestimable ?
À rebours de cette image, ce livre rend compte de modalités d’exploitation insidieuses, dissimulées derrière l’idéologie du civisme et de l’engagement associatif : rapports hiérarchiques brutaux, chantage à la responsabilité, injonction permanente à ne pas compter ses heures, utilisation sans mesure du bénévolat et des services civiques.
« Mais te plains pas, tu pourrais bosser à l’usine ! »
Extraits :
Ce matin, je suis arrivée en retard. À 9h30. Tout le monde était devant l’asso, à boire des cafés, à fumer des clopes. Personne ne m’a fait de remarques. C’est cool, quand même, je fais un peu comme je veux. Après, j’ai ouvert mes mails. J’ai eu l’impression de subir une avalanche angoissante de choses à faire, de délais à tenir. Je ne peux pas tout faire. Et puis tout est urgent. Si je ne finis pas ce dossier, alors il va manquer à l’association de quoi prolonger un contrat. Et donc ma collègue qui est en CDD devra partir. Et donc j’aurai encore plus de boulot. Mais, ce dossier-là, c’est juste un dossier, celui d’une agence régionale. Et à côté de ça il faut en faire trois autres. Et je ne peux pas hurler ma colère de voir tout ça arriver en même temps sur une seule personne, parce que ce sont quatre interlocuteurs différents, une fondation, deux services territoriaux, une préfecture. Je me sens bloquée. Je peux remplir ces dossiers comme je veux, ou décider que c’est trop, que je ne le ferai pas ; mais l’enjeu de survie de l’association est trop fort. Je fais mes dossiers. Je lutte contre la fatigue. Je regarde l’heure. Il est 21 heures. J’ai mangé devant mon ordinateur. Je suis arrivée en retard ce matin. Je fais ce que je veux. J’ai travaillé onze heures aujourd’hui.
Je ne sais pas pour quelle association je travaille. Le matin, je vais faire des ménages dans une maison de retraite. Je suis salariée par une association de service à la personne. Le midi, je fais une garderie dans une école. Je suis salariée par une association d’éducation populaire. L’après-midi, je fais le ménage pour une société privée. Le soir, après, je fais la garderie pour une autre association d’éducation populaire, mais dans la même école, mais ce n’est pas le même employeur parce que ce n’est pas le même marché public, le soir, alors, je rentre chez moi. Je m’occupe de mes gamins. Je fais le ménage.
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Et de toute façon, à très bientôt dans la rue !
Les éditions
Créée début 2016, notre structure éditoriale est basée sur une organisation collective, avec des objectifs clairs : proposer, dans une perspective de lutte de classes, une diffusion large des idées et des pratiques anti-autoritaires et anti-patriarcales, et développer un outil collectif en lien avec les luttes.
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Nous voulons publier des textes d’analyse de l’actualité ou d’histoire des luttes populaires et autonomes, en privilégiant les écrits issus d’une expérience directe de la réalité sociale : récits, témoignages, entretiens… Nous voulons imaginer une continuité entre l’histoire et le présent, entre la théorie et la pratique, pour aider à penser le monde actuel et la manière dont nous pouvons agir sur lui.
Structure d’édition collective et outil pour la lutte
Niet !éditions repose sur un fonctionnement non hiérarchique et se donne les moyens de proposer des livres pas chers, personne n’étant rémunéré au sein de notre collectif. Nous voulons faire des livres que chacun puisse s’approprier et faire circuler, pour aiguiser colères et nourrir imaginaires.
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