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[Brest] L’histoire ne repasse pas les plats

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Les Gilets Jaunes devaient reprendre les rond-points le samedi 16 octobre 2021 partout en France. À Brest, à 10h à Pen Ar C’hleuz. Seul un petit appel individuel de quelques lignes figurait ça et là sur Facebook… Peut-être beaucoup plus d’appels en des groupes privés, messageries internes ?… Quoi qu’il en soit : un énième appel à reprendre les rond-points tenant encore une fois de la pensée magique, d’un bref message incantatoire.

Les Gilets Jaunes devaient reprendre les rond-points le samedi 16 octobre 2021 partout en France. À Brest, à 10h à Pen Ar C’hleuz. Seul un petit appel individuel de quelques lignes figurait ça et là sur Facebook… Peut-être beaucoup plus d’appels en des groupes privés, messageries internes ?… Quoi qu’il en soit : un énième appel à reprendre les rond-points tenant encore une fois de la pensée magique, d’un bref message incantatoire. Comme si l’histoire allait se répéter à l’identique, mécaniquement, les mêmes causes produisant les mêmes effets. À savoir, encore une fois, un pouvoir d’achat diminué par la hausse des dépenses contraintes due à l’augmentation du prix d’énergies (carburant, gaz, électricité) et de denrées alimentaires de première nécessité (pâtes etc.).

Et l’on voit alors souvent certains pester sur les réseaux sociaux, avec moult points d’exclamation rageurs, de type : « Bougez vous bordel !! ». Ou autre classique, les accusant d’être de véritables moutons, ceci, parfois illustré d’une image d’un troupeau de moutons, quoi de plus explicite !! Le cocasse de la situation ? Comme à chaque fois, ils font comme si l’histoire repassaient les plats… Jamais ! De plus, ils reprochaient à Macron et aux institutions politiques leur manque de démocratie. Celle-ci devrait être plus participative, nous devrions pouvoir agir à travers le RIC, un RIP (Référendum d’Initiative Populaire) plus accessible, voire avec l’instauration d’une Constituante ! Très bien… Pourquoi alors n’agissez-vous pas pour vous organiser conséquemment ? Ne pas juste croire à l’effet magique d’auto-prophéties auto-réalisatrices, mais véritablement œuvrer pour que les gens se mobilisent ? C’est à dire relancer les réseaux. Voir qui viendra vraiment le jour J. L’amener avant sur les réseaux sociaux, faire circuler l’info de RDV par tous les moyens ! Et là : rien. Comme si la démocratie ce n’était pas d’abord s’autoorganiser, mettre le démos, le « peuple » en mouvement, le faire participer à sa propre mobilisation ? Bien sûr cela demande du temps, du travail ! Cela, c’est sortir du spontanéisme et de l’individualisme, c’est rassembler cette masse atomisée, dont chaque atome vitupère sur internet, Facebook etc. Il ne suffit pas de vouloir, il faut pouvoir : compter ses forces et agir en conséquence. Qui fait quoi ? Comment ? Quelle coordination, quelles alliances ? Etc.

Ceci n’est pas dit pour faire la leçon, la morale. Même s’il y a une certaine exaspération à voir que l’on revit sans arrêt la même chose, l’énième appel à reprendre les rond-points, à rejouer l’acte originel, mythique. Ça fait peut-être plaisir comme message d’espérance, de revivre, au moins en imagination, ce mythe fondateur, la prise des rond-points… Mais encore faudrait-il se doter des moyens d’organisation, des outils pour accompagner le mouvement : AG, réunions d’action/organisation, moyens de communication et mise en réseau, inventaire des ressources/ce que chacun peut faire/avec qui et comment ? Et surtout, comment fédérer avec l’extérieur/s’ouvrir et sortir du noyau des origines également/accueillir de nouvelles personnes.

Car du fait de la précarisation chaque jour plus avancée, la hausse des prix (énergies, denrées alimentaires etc.), nous pourrions accueillir de nouvelles personnes. Encore faudrait-il pourvoir les accueillir, qu’elles sachent où nous joindre et surtout, que nous nous donnions les moyens de les faire rentrer dans le groupe. Sans que nous les perdions au bout de quelques actions/manifs. Que le lien dure, que nos structures mises en place soient pérennes. Qu’elles soient permanentes. Que nous puissions les réactiver sans cesse. Qu’elles soient en lien avec tous les lieux de lutte, d’entraide, afin de mutualiser les forces. Pour cela la ligne doit être claire : une ligne de classes ! Sans ouvriérisme pour autant, car nous pouvons agglomérer au-delà d’un prolétariat (ouvriers et employés non qualifiés) à 30 % des actifs (E. Todd). Ouvriers et employés représentent environ 50 % de la population française [1] Mettons qu’idéalement et abstraitement, sans trop tenir de petits intérêts particuliers de classes intermédiaires, nous pourrions tenter d’unir une majorité de la population contre les 1 % les plus riches et les 19 % qui les servent, notamment idéologiquement : petite bourgeoisie CPIS (Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures), bourgeoisie culturelle qui façonne l’idéologie, notamment dans les grands médias mais aussi dans les administrations, services publics etc.

Ainsi nous ne devons pas exclure bien évidemment et marquer une ligne de démarcation franche et claire avec l’extrême droite et ceux qui la servent : conspis/confus etc ! Sur des bases égalitaires et tolérantes. Amen !

Et surtout, retrouver une analyse et conscience de classe, plutôt que d’hasardeux, nauséabonds ou flous clivages comme ce peuple, qui serait uni, contre les mondialistes – terme de prédilection de l’extrême droite pouvant renvoyer insidieusement dans la bouche de certains aux « cosmopolites », aux juifs ! ; mais également contre les musulmans, les délinquants (pauvres bien sûr, c’est plus facile, pas les évadés fiscaux !…), le migrant, l’étranger etc.
S’affirmer positivement contre les vrais puissants, les capitalistes et leurs complices d’État, politiques et médiatiques.



Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce.

***

Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c’est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu’ils évoquent craintivement les esprits du passé, qu’ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d’ordre, leurs costumes, pour apparaître sur la nouvelle scène de l’histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage emprunté.


Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (1851)

Paru initialemment sur le site des Gilets Jaunes Brestois, dans le Ahou N°11 !

Notes

[1Emmanuel Todd, p. 92 de Qui est Charlie ?, Paris, Seuil, 2015..

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